L'OFFICE DIVIN ET LE SAINT- ESPRIT - 6
Il n'est pas
exceptionnel que, durant l'Office divin, un verset du psaume, une phrase d'un Père, un mot d'une hymne, etc... devienne lumineux, un conseil pour affronter une difficulté tenace, habituelle. En
dehors de l'Office, dans la vie spirituelle et pastorale, le conseil peut également surgir.
En effet, la pratique fidèle de l'office divin génère dans la mémoire de l'homme qui le prie une mentalité, voire une culture chrétienne : biblique et traditionnelle, un patrimoine, un humus
fertile d'où peut germer, en son temps, un conseil opportun, suggestif d'une posture, d'un silence, d'une parole à prendre, à tenir, à dire.
Ce fut l'expérience du psalmiste : « je trouve mon plaisir en tes exigences, ce sont elles qui me conseillent ». Ps 118,24.
LE DON DE CONSEIL
1. Les exigences de la prière. Qui demande le Don de Conseil
Dans les psaumes, en particulier, cf. 118,24 ; etc... l'homme demande à Dieu un conseil : les soucis que porte le champ de conscience deviennent prière. Bien ! mais
il n'est pas suffisant pour le recevoir réellement de le demander pieusement.
Certes, la prière est nécessaire à tout... mais elle ne suffit à rien, cf. Mt 7,21s, si le sujet n'est pas prêt à recevoir la grâce demandée.
Si le but de tout conseil est d'arriver à concilier le conciliable, par exemple : ramener le cœur des pères vers les fils » cf. Si 48,10, le cœur des seniors vers
les juniors. Le demandeur sérieux doit tendre à être, dans la vie courante, un conciliateur entre lui et le réel , l'évènement, le frère, la communauté, la famille humaine, l'œuvre de Dieu à
accomplir. La cohérence entre la vie éthique et la demande du Don de conseil peut donner à l'homme la parole, le geste, la posture qui réconcilie l'inconciliable.
2. Le conseil à plusieurs membres
Des lectures de l'Office peuvent permettre de laisser émerger, dans la conscience du lecteur, des questions difficiles auxquelles il est aux prises en dehors de
l'office.
Elles dépassent les limites de l'engagement pastoral ; elles exigent un engagement collectif, politique au sens grec du terme (au service de la Cité des hommes), un
conseil, multiple par ses membres, et, pour finir, une décision.
Un texte, parmi d'autres, du prophète Isaïe, 16,1-5. Un conseil collectif doit pourvoir à la survie des rescapés de la dévastation du pays de Moab, par le roi
d'Assyrie : expulsés, fugitifs, réfugiés. La première décision du Conseil, c'est de les cacher : « en plein midi rend ton ombre pareille à la nuit » ibid.3 ; et, la seconde, de négocier leur
passage nécessairement clandestin, même si les frontières entre pays d'alors n'avaient pas la rigidité de celles d'aujourd'hui, en territoire de Juda, ibid.4a : « que les réfugiés de Moab
puissent séjourner chez toi. Sois pour eux un abri contre le dévastateur », ibid.4b.
Le conseil et la décision en appellent à la Providence divine protectrice des rescapés et entrevoient aussi l'affermissement de la royauté davidique à cause
de l'amour manifesté par l'accueil des moabites privés de leur terre, cf. ibid. v 5 et 2 Sa 7,13.
L'ampleur du don de Conseil sollicité de l'Esprit-Saint atteint les dimensions de la gestion de la société humaine, selon la tradition prophétique.
CONCLUSION
Dans l'Office divin sont présents les trésors de la culture chrétienne. Leur assimilation personnelle, sous la conduite de l'Esprit-Saint, consiste en un gisement
de conseils dans le cœur même de l'homme.