Comment voyons-nous l'avenir de notre lieu de mission compte tenu notamment de la raréfaction des prêtres ?
Je repense ce jour au poste qui parle de l'avenir de l'Eglise. Il me semble juste de donner également à lire ce texte que j'ai rédigé en réponse à une demande du doyen.
Pour la restructuration des paroisses, Hugues, le doyen nommé par l’évêque, écrit : « en guise de travail à faire, nous avons convenu que chacun rédigerait un petit aperçu de son lieu de mission :
1 - état des lieux (sociologie environnante, nombre de pratiquants réguliers, forces vives, histoire, missions particulières)
2 - projection : comment voyons-nous l'avenir de notre lieu de mission compte tenu notamment de la raréfaction des prêtres, de l'engagement des laïcs, et des priorités missionnaires que nous discernons ?
Les pentes de la Croix-Rousse, de la Saône au Rhône, montrent une population typée dont on dit que ses racines idéologiques baignent dans la pensée des Canuts. Les Pentes ne ressemblent en rien au deuxième arrondissement. Des révolutions du XIXe aux communautés issues de 68 (1968) restent des traces que nous retrouvons chez ceux et celles que certains qualifient de « Bobos». En bref : des personnes éloignées de l’Église, sinon de l’Évangile. Courants écologistes radicaux, libertaires, artistes de tous les arts sont plus nombreux que les industriels de l’économie libérale. Et il y a de nombreux étrangers. Le mouvement en faveur des « sans-papiers» avec RESF est parti du bas de la colline.
Autrement dit : nous ne sommes plus, comme à l’époque de Napoléon III qui pensait que la construction de St Bernard et du Pasteur allait mâter la population, en pays de chrétienté.
Que dire des « pratiquants réguliers » ? Ils sont peu nombreux, mais déterminés. Tout ce que l’actuel évêque de Rome, François, dit résonne fortement en eux : « être une Église qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent. Cette Église est la maison de tous, pas une petite chapelle qui peut contenir seulement un petit groupe de personnes choisies »
Ce n’est pas la vie paroissiale au sens strict : un mariage par an donne une superbe année, qui peut motiver exclusivement la réflexion pastorale, mais l’ouverture missionnaire, l’évangélisation permanente vécue par les baptisés.
Des outils existent pour cela et ne demandent qu’à être maintenu : l’ouverture du bâtiment église (deux étages et très grandes surfaces) aux mondes de la culture ; le dialogue (est-il possible ?) permanent avec les forces politiques pour l’accueil du frère étranger ; le soutien prospectif des courants militants interrogeant l’impasse économique de l’Europe ; l’accueil de l’Évangile dans une grande convivialité -chaque eucharistie est une fête où tout participant peut prendre la parole- ; l’éveil à la foi de tous les membres de la famille ; les débats sur de graves problèmes de société ; beaucoup d’apéritifs et de repas communs ; la reconnaissance de la mission de chaque baptisé… Celui qui a des oreilles qu’il entende ce que l'Esprit dit aux Églises (Ap 2,7).
Projection ?
On entend parler du projet de mettre une communauté à Saint-Polycarpe. Pourquoi pas. Mais, il y en a déjà une. Alors que l’on en parle avec elle ; celle-ci déjà existante est bien réelle.
On parle de concertation. Alors que l’on écoute les fidèles du Christ qui agissent sur le terrain de la Saône au Rhône. Ils habitent durablement le quartier.
On dit que les activités cultuelles sont insuffisantes. C’est vrai, les revenus de celles-ci ne permettent pas l’autonomie financière de la paroisse. Alors que l’on s’ouvre hors frontière avec le souci d’offrir à toute l’agglomération une parole d’Évangile notamment avec la médiation de l’art (arts, cultures et foi). Soyons missionnaires. Ce ne sont pas les éloignés de l’Église qui payeront pour la Libération offerte gratuitement par le Christ. Offrons un accueil aux pauvres, aux éloignés de l’Evangile, aux déçus de l’Eglise.