Dieu prépare une terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme

Publié le par Michel Durand

Une fois n’est pas coutume ; je poste entièrement l’homélie de ce jour prononcée dans la petite chapelle de la grande église Saint-Polycarpe.

Je vous invite à associer cette méditation avec l’appel et prière que firent des membres de la communauté en faveur de Mohamed, accueilli dans la maison paroissiale depuis un an, et arrêté en début de semaine par la police des frontières. Il est au Centre administratif de rétention de Nice.

 

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Arcabas, Assomption, maison provinciale des Assomptionnistes

 

Lyon, le 15 août,

 

Chers paroissiens,

 

C’est avec stupeur et tristesse que nous avons appris l’arrestation et le placement en rétention à Nice de Mohammed en ce début de semaine. Depuis plus d’une année que nous connaissons Mohammed Bangoura, nous avons tissé des liens chaleureux avec ce jeune homme souriant et serviable, que nous côtoyons à la maison paroissiale, le dimanche comme en semaine. Nous souhaitons tous qu’il revienne le plus vite possible et reprenne sa place parmi nous, mais aussi dans le quartier où les riverains se sont habitués à sa présence, et plusieurs associations à sa serviabilité.

En ce jour de l’Assomption de la Vierge Marie, nous avons prié pour lui. Corinne nous a lu la très émouvante petite prière de sa fille Lisa, 13 ans, qui est son amie :

« Ensemble prions pour Momo, qui est actuellement en centre de rétention et espérons ensemble le meilleur pour lui afin qu’il s’en sorte bien. Aussi prions pour tous les innocents comme Momo, qui sont dans la même situation et nous souhaitons tout le courage et la joie pour eux. Ensemble prions. »

Nous vous demandons de vous associer à cette prière.

 

Corinne Gérard, Christiane Patey, Jean-Yves Huet, Sophie Divry, Nicolle Tribondeau-Naton

Davy Alejandre, Suzanne Marcoux, Daniel, et tous les frères et sœurs de Saint-Polycarpe.

 

Homélie

La vie chrétienne est située entre deux événements qui nous dépassent totalement.

Le premier événement : l’enfant de Marie. Béni est le fruit de son sein. Il est Dieu qui se fait humain pour parler aux hommes. C’est l’Incarnation.

Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.

L’incarnation est l’acte par lequel la parole personnelle de Dieu se fait humaine. C’est l’autocommunication exclusive de Dieu à l’homme. En conséquence, c’est la réalisation unique, suprême du plan de Dieu.

Dès la salutation d’Elizabeth et la louange adressée à Marie, dès la venue parmi nous de la parole de Dieu, le Royaume est présent. Notre salut est déjà là. À nous de le voir, de le recevoir et de  nous retourner, nous transformer, nous convertir pour mieux communier avec la merveille de sa présence parmi nous.

Le deuxième événement : la résurrection de Marie. Elle manifeste que le temps du salut est définitivement arrivé :

Effectivement, voici le temps du salut, de la puissance et du règne de notre Dieu ; le temps de l’autorité de son Christ. C’est la résurrection, la phase finale, ultime, suprême. L’eschatologie. Dieu s’est fait homme pour que l’homme revête la gloire de Dieu.

Nous le savons, l’homme obtient toute sa grandeur d’homme quand, se mettant à la suite du Christ, il assume en lui l’esprit du Christ.

En effet, l’homme n’est pas un être achevé dès sa naissance. Il doit progressivement s’accomplir dans les décisions de sa liberté. En toutes circonstances, y compris devant la mort, il doit agir en responsable. Il est appelé à construire sa propre histoire. Or, la mort appartient à cette histoire. C’est elle qui met une limite aux multiples possibilités qui se présentent à lui dans son édification.

Le temps limité par la mort implique l’appel constant à la décision de l’espérance en un avenir par-delà la mort. Rappelons l’enseignement de Vatican II avec la constitution sur l’Église dans le monde de ce temps. N° 39.

« Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée par le péché ; mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme. Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité. La charité et ses œuvres demeureront et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité ».

Oui, Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme. Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu jouiront de ce bonheur offert.

Mais, soyons attentifs, pour chacun de nous un jour viendra où la décision prise de suivre ou non le Christ, sera irrévocable. L’homme ne peut pas toujours remettre au lendemain le choix de se mettre à la suite du Christ, le choix de pratiquer les enseignements évangéliques.

La fête de l’Assomption nous rappelle la nature de notre avenir. En Dieu !

 

C’est l’incarnation de la Parole de Dieu qui, divinisant l’humanité rencontrée, ouvre à tous cette plénitude de l’Être.

Tel est le deuxième événement ; il est étroitement lié au premier : dés la venue du Fils de Dieu dans notre monde et notre histoire, événement qui provoque l’admiration d’Elizabeth.

 

Comment opérer ce travail en nous ?

 

En imitant Jésus dans son intime relation à Dieu son Père. Tous les évangiles nous présentent la relation filiale de Jésus à son Père. Avec une confiance absolue, il s’en remet entièrement à son Père. Il vit dans son option fondamentale en faveur du Royaume. Pour que le règne vienne, il accepte la mort qui se présente malgré les souffrances de sa propre mort.

Pour lui, il ne s’agit pas du simple fait de mourir, mais de l’acte de mourir d’une mort criminelle, d’accepter librement cette mort atroce en remettant sa vie au Père pour les hommes. Jésus, agissant ainsi, librement, nous ouvre le Royaume. Marie en est le premier témoin.

Posons-nous la question :

Comment vivons-nous cette sortie de nous-mêmes ?

 

ou encore :

Quelle est notre attente de la communion de vie avec Dieu, le Royaume ?

Quelles sont les initiatives de mon quotidien qui signifient cette option fondamentale vers le Transcendant, l’Au-delà, le Tou-Puissant ?

Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !

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