Divorcés remariés - en Église, en pleine communion ?

Publié le par Michel Durand

Image2.jpgLes «jeudis de Toi d’écoute » à St Polycarpe le 25/11/2010.

Il y a 5 ou 6 ans, j’avais déjà organisé une rencontre sur le sujet des divorcés-remariés. Je viens de recommencer.

Il y eut moins de monde, une vingtaine au lieu d’une cinquantaine pour la première rencontre. Est-ce que la question est de moindre actualité, ou elle ne préoccupe plus de la même façon ? En effet, au cours de ces dernières années, plusieurs rencontres furent organisées dans des paroisses, par le groupe « Reliance », par le service diocésain de la pastorale familiale…

Je pense (j’espère) que cette soirée fera tache d’huile, l’article dans le quotidien « Le Progrès » (samedi 27 novembre 2010 – version papier et internet) y contribuant.

 

Voici quelques notes et commentaires pris lors de la Table Ronde « Divorcés-Remariés » par un membre » de Reliance, François.

 

Table ronde : Géraldine et Pascal Lanier, Mathieu Bernard et Laurence Bataille avec le Père M. Durand comme modérateur.

 

Assistance d’une vingtaine de personnes, dont 2 couples Reliance.

Au début de la réunion, chaque intervenant s’est présenté.

Je retrace ici quelques points forts qui m’ont frappé :

« Le divorce, c’est douloureux et il faut ensuite se reconstruire ; il s’est accompagné avec un bas du côté de la spiritualité… »

« C’est encore plus douloureux quand c’est l’autre qui part » dit quelqu’un qui s’est, au contraire, rapproché de l’Église à cette occasion et a repris pied en se mettant au service des autres.

Pour un autre encore, le divorce a été la cause d’un grand vide au niveau de la spiritualité et a été la raison de l’arrêt de toutes les activités religieuses et charismatiques que l’intéressé avait au préalable.

Besoin de se reconstruire. Se marier civilement (puisque c’est la seule solution) mais pourtant vouloir que Dieu soit présent lors de ce moment. D’où l’importance de l’instant de prière fait à l’église – ou plutôt dans une chapelle puisqu’il ne faut pas qu’il y ait trop de monde…  Dur d’entendre que ce n’est pas une bénédiction, mais seulement un moment de prière. Pourquoi le prêtre ne peut-il pas bénir un couple qui s’aime alors qu’il le fait pour des voitures ou des bateaux… ?

Par contre d’une façon générale, ce moment est très fort non seulement pour le nouveau couple, mais également pour ceux qui sont présents. Durant cet instant de prière, un couple avait préparé une lettre à l’autre  (au conjoint) qu’il a lu devant tout le monde. Il parait – et je veux bien le croire – que l’assistance était très émue. Cette idée mérite d’être creusée.

On notera le livre de Guy de Lachaux : « accueillir les divorcés – l’Évangile nous presse ».

Il a été noté la présence de prêtres bienveillants qui savent accompagner les divorcés dont ceux qui ont décidé de former un nouveau couple. À noter la présence de nombreux mouvements – tels que « Vivre et Aimer » ou « Communauté Vie Chrétienne » qui s’occupent des divorcés. Ceux qui accueillent les divorcés-remariés sont en fait relativement peu nombreux.

Le problème des sacrements a bien sûr été abordé. Certains dans l’assistance ont été choqués d’entendre que le sacrement des malades pouvait ne pas être donné à un divorcé-remarié… Certains divorcés-remariés vont quand même communier. D’autres ne le font pas et, au sein du mouvement Reliance, on trouve toutes les tendances.  Mais, quel est le sens d’être invité à partager un repas chez quelqu’un et de ne pas manger…

Pourtant dans la phrase prononcée à l’Eucharistie « Prenez en tous… pour la multitude, en rémission des péchés », il n’y a pas de restrictions…

« Je ne suis pas digne de te recevoir, mais… » ou ce que dit Jésus à tous ceux qui croient en Lui : « ta foi t’a sauvé ». Dur de penser que cela ne s’applique pas aux divorcés-remariés.

L’Église ne devrait-elle pas regarder ce que font nos frères Orthodoxes. Il y a un temps de pénitence et, ensuite, réintégration possible dans la Communauté de celui qui a divorcé. Voir aussi propositions de Xavier Lacroix et Guy de Lachaux… (voir ici)

Bien sûr, il y a la possibilité de demander la « reconnaissance de non-mariage ». D’une façon générale, il n’y a pas eu de mariage sacramentel si le manque de sincérité des contractants est prouvé. Le Père M. Durand signale que le sacrement du mariage date du Concile de Latran IV en 1215, moment où il est intégré au bouquet des 7 sacrements (cf « Le chevalier , la femme et le prêtre » de Georges Duby).


Le P. M. Durand indique qu’il y a d’autres cas spécifiques reconnus par l’Église :

-      Privilège Paulin : St Paul conseille aux femmes de rester avec un mari non chrétien, car le mariage « naturel » a eu lieu et on ne peut pas le dissoudre et elle peut gagner son époux au Christ… On parle de privilège Paulin à propos du mariage - valide aux yeux de l'Église - entre deux non-baptisés dont l'un a reçu le baptême après le mariage. Ce dernier pourra contracter un nouveau mariage avec un baptisé si son conjoint refuse le baptême ou, en l'absence de baptême, refuse une cohabitation pacifique. On parle alors (canoniquement) de dispense et non de déclaration en nullité.

-      Privilège Pétrinien : l’évêque ou le pape peuvent déclarer la dissolution d’un mariage (le pouvoir du prince…) – c’est la dispense ou la dissolution d'un mariage entre une partie baptisée et une partie non-baptisée d'un mariage conclu entre une partie baptisée et une partie non-baptisée. (en fait on parle de dispense et non déclaration de nullité).

À noter qu’en cas de reconnaissance de non-mariage, le problème des enfants qui, nés de cette union peuvent être très perturbés…


Le P. M. Durand souligne que quelquefois les couples ne désirent qu’une simple bénédiction. Ceci revient, en fait, aux fiançailles qui disparaissent de plus en plus. On pourrait imaginer une cérémonie avec :

-      Une bénédiction, en un premier temps

-      Une mission (ou envoi), le sacrement du mariage, donnée au couple, acte qui serait à rapprocher du sacrement de l’ordre presbytéral ou diaconal.

Cette voie mérite réflexion…

La réunion s’est terminée sur une question qui n’a pas forcément encore de réponse : « alors que met-on en route pour faire avancer le « schmilblick » ?

Faire connaître (rencontre dans les paroisses avec les curés) et grossir Reliance pourrait être une approche…

Voici le texte du Progrès rédigé par une personne présente à toute la soirée.

Image1.jpg Jeudi à 20 h 30, dans le cadre des Jeudis de toi d'écoute, le père Michel Durand, prêtre de la paroisse Saint-Polycarpe (située 25 rue Leynaud) proposait une discussion sur la place des divorcés au sein de l'Eglise.

La soirée a été animée par l'équipe Reliance conçue pour accueillir des couples vivant une nouvelle union après un divorce et souhaitant approfondir leur vie spirituelle ensemble. Par ce biais, les ménages se réunissent une fois par mois pour échanger leurs préoccupations et partager un temps de prière.

Depuis plusieurs années, une réflexion s'est engagée au sein de l'Eglise catholique sur la pastorale des personnes divorcées et divorcées remariées. Les intervenants ont tout d'abord présenté leurs propres parcours depuis l'épreuve du divorce, de la souffrance puis de la reconstruction personnelle nécessaire ainsi que de leurs expériences de couples remariés au sein de l'Eglise catholique toujours réticente à les accueillir.

En effet, la discipline officielle de l'Eglise leur refuse communion, pardon et sacrement. Heureusement, de nombreux exemples d'hommes d'Eglise ont accompagné les époux lors d'un instant de prière et d'union. La route est encore longue, mais le dialogue est amorcé et la voie ouverte

 

> Contact : equipe-reliance.fr   ;    Photos Céline Girardot


Publié dans Eglise

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