Eglise cherche salut
Enquête du Nouvel Observateur
La vraie réforme de l'Eglise, si elle devait un jour avoir lieu, consisterait à prendre en compte l'évolution des mentalités sur des questions comme la place de la
femme - comme d'autres organisations religieuses, la hiérarchie catholique demeure assez misogyne - ou la morale sexuelle : la sexualité est encore considérée comme un acte visant uniquement à la
procréation. Il faudrait aussi désacraliser l'institution. L'Eglise comme organisation est nécessaire pour transmettre la foi, mais si elle veut retrouver son élan initial, elle doit être pauvre
et au service du message qu'elle délivre. Or depuis le IVe siècle et la conversion de Constantin, elle s'est constituée sur le modèle de l'administration romaine antique. Comme je
l'explique dans mon dernier livre, le pouvoir religieux était réparti au cours des quatre premiers siècles entre cinq patriarcats : Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Rome et Constantinople. Mais
les derniers empereurs romains, Constantin et surtout Théodose, ont fait de l'évêque de Rome le pape tel que nous le connaissons, c'est-à-dire le chef unique de toute la chrétienté, et le
christianisme romain est devenu une gigantesque administration avec ses ministères, son droit canon...
Il faudrait que le pape renonce à la concentration du pouvoir dont il jouit pour revenir au christianisme plus pluraliste des origines, dans lequel Rome avait simplement une primauté d'honneur en
tant que siège de l'apôtre Pierre. Les Eglises chrétiennes - catholique, orthodoxe et protestante - seraient ainsi réunifiées. Enfin la rénovation doit s'appliquer au droit canon. Ce règlement de
l'Eglise est aux antipodes du message de Jésus, qui a lutté avec force contre le légalisme religieux : qu'on se souvienne de l'épisode de la femme adultère dans les Evangiles.
Ce qu'ils disent de leur sexualité...
Où trouver la force ? « Dans l'échange avec son accompagnateur spirituel. » Tout prêtre est invité à en avoir un. C'est le confident, celui à qui on peut tout dire. Et pas seulement les tourments de la chair. La solitude, les difficultés avec les collègues ou avec la hiérarchie, le sentiment d'être parfois des « extraterrestres dans une société qui ne valorise pas l'engagement», le stress lorsqu'il faut courir d'une église à l'autre pour compenser le sous-effectif... Tout ce qui fragilise la condition pastorale.