La conférence catholique des baptisés n'est pas ce que vous croyez
Hier, j’ai lu dans le quotidien « La Croix » du dimanche 21 mars 2010, un article de Monique Hébrard plein
d’optimisme raisonné.
Je suis heureux de vous le donner à lire alors que je me prépare, spirituellement, à vivre, en Eglise, l’eucharistie du Jeudi Saint,
symbole de la communion presbytérale autour de l'évêque.
Ces soupçons ne sont pas fondés, je peux en témoigner !
Monique Hébrard
Certains, notamment parmi les évêques et les prêtres, expriment une réticence vis-à-vis de la Conférence catholique des baptisés née lors de la marche du 11 octobre 2009 à Paris et dans quelques grandes villes. Double motif de soupçon : la CCBF est née du « comité de la jupe », né lui-même en réaction à une phrase maladroite et offensante du cardinal André Vingt Trois ; elle se nomme « conférence » comme une provocation envers la Conférence des évêques.
Ces soupçons ne sont pas fondés, je peux en témoigner ! J'étais allée moi-même à la marche du comité de la jupe du 11 octobre en me forçant un peu. Pourtant j'avais été la première à réagir (Lire La Croix du 22 novembre 2008) à la malheureuse petite phrase du cardinal, mais j'avoue qu'après 30 années de militance pour les femmes et les ministères de laïcs dans l'Église j'étais un peu lasse. Or la marche-réflexion du 11 octobre fut pour moi une divine surprise : la priorité des marcheurs n'était pas de « taper » sur l'Église et sur la hiérarchie : le temps de la revendication pure et dure était vraiment fini ! S'exprimait au contraire une réelle souffrance que le message du Christ soit déformé, mal annoncé alors qu'il pourrait être si vital pour nos contemporains, et un désir ardent de vivre à fond, jusqu'au bout de la logique ouverte par Vatican II, notre baptême. En participant au dépouillement des comptes-rendus des groupes (soit 400 personnes), j'ai retrouvé la même tonalité. Partie avec des pieds de plomb, je suis revenue dans l'allégresse. Depuis des années, je ne me retrouvais plus dans aucun lieu : ni avec les contestataires dont j'avais fait partie, ni avec les béni-oui-oui. Le soir du 11 octobre j'avais retrouvé un groupe où vivre tout à la fois la liberté d'un esprit critique, l'amour profond de l'Église et la créativité dans le souffle de l'Esprit Saint. Depuis je participe, en attendant avec patience la tenue d'assises. Lors de la dernière réunion nous n'étions pas loin d'une centaine, venus de toute la France, des jeunes et beaucoup d'hommes. Et les adhérents se manifestent quotidiennement.
Le 2 février 2010 était signée par les deux fondatrices, et soumise aux adhérents, une Charte sous titrée « Ni partir ni se taire ». Son but déclaré est de prendre ensemble conscience de notre dignité et de nos engagements de baptisés en étant acteurs de la vie, de la mission et de l'avenir de l'Église. Non pas dans la revendication, mais dans la double et positive réception de la réalité de la vie de nos contemporains et des exigences de l'Évangile.
La CCBF veut apporter pour sa part sa contribution à la « réception » de Vatican II et de l'avenir qu'il peut ouvrir. Oh nous ne sommes pas les seuls ! De nombreux diocèses ont pris conscience que par les temps qui courent cela était urgent, et l'on voit partout se développer des conférences, des groupes de travail (à commencer par les évêques eux-mêmes à Albi en février) qui vont puiser aux sources des grandes Constitutions du Concile.
La CCBF n'a donc aucune intention de faire la nique à qui que ce soit ! Elle souhaite simplement apporter sa pierre pour que - évêques, prêtres, diacres, consacrés et laïcs ensemble - nous vivions mieux les exigences de notre baptême.