La présence pleine dans l'Eglise des remariés.

Publié le par Michel Durand

 

La Loi, comme l’Argent, est dangereuse. Remarquons les « A » et « L » majuscules qui en font des personnes divinisées, des dieux. Alors qu’ils devraient servir l’Homme, ils risquent de l’écraser.

L’Argent, simple outil d’échange, permet la communication, crée des liens sociaux. Instrument passionnel de puissance, il vise à dominer autrui. Il est alors idolâtré.9782708239623FS.jpg

Guy de Lachaux, accueillir les divorcés, les éditions de l'Atelier, 2007

N.B. mon article n'est pas un commentaire sur ce livre. Voir ici.

 

La Loi, enseigne Jésus à propos du sabbat, est absolutisée par les docteurs. Pour se soumettre à ses interdits, il faudrait ne pas secourir le prochain en  difficulté. Aux pharisiens, Jésus demande : « qui d’entre vous, s’il n’a qu’une brebis, et qu’elle tombe dans un trou le jour du sabbat, n’ira pas la prendre et l’en retirer (Mt 12,11) ? » Laisser, au nom de la Loi, périr un bien dont on a la charge, c’est idolâtrer la Loi.

Soumis au dieu Mamon ! Soumis à la Loi ! Idolâtrie. Legalâtrie*. L’homme s’enferme dans des obéissances qui ne peuvent qu’écarter de la Bonne Nouvelle du salut qui est tout Amour de miséricorde.

Le regard de compassion n’est pas la porte ouverte au laxisme qui excuserait toute situation sans discernement. Il est amour dans la vérité. On ne va pas au nom de l’écoute de l’autre tout accepter, mais comprendre, accueillir, accompagner.

Le catéchisme catholique (Nº 1650) écrit : « Si les divorcés sont remariés civilement, ils se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la loi de Dieu. Dès lors, ils ne peuvent pas accéder à la communion eucharistique, aussi longtemps que persiste cette situation. Pour la même raison, ils ne peuvent pas exercer certaines responsabilités ecclésiales ».

Leur appliquer cet « objectivement » comme une chape de plomb sans considérer leur vécu selon l’Évangile au quotidien, n’est-ce pas de la legalâtrie ? Le Principe l’emporte ici sur l’existence. Le Principe ne considère plus le cheminement du Christ avec celles et ceux qui souffrent.

Rejoint-on dans l’application de ce légalisme la volonté du Père qui « veut qu’aucun de ces petits ne se perde » (Mt 18,14) ? On peut me présenter tous les discours possible, l’adoration de la Loi écarte de la Bonne Nouvelle qui sauve. Et expliquer à des « remariés » qui vivent selon l’Évangile depuis de nombreuses années qu’ils ne peuvent pas communier tout en n’étant pas excommuniés , ça ne tient pas la route.

Il s’agit avant tout de considérer les personnes alors que nous ne voyons que le « problème ».

Quel problème ?

Un exemple : peu de jours avant son baptême, une catéchumène d’origine algérienne doit apprendre que, parce que civilement divorcée et remariée, elle ne pourra pas pleinement intégrer la communauté chrétienne de son quartier, elle ne pourra pas communier à la messe du dimanche qu’elle fréquente assidûment ; « communion » qu’elle espère de tout son cœur. Cette personne, orpheline à sa naissance, élevée par des religieuses en Algérie, convertie au christianisme par son premier époux (hélas alcoolique et à l’époque en prison), n’avait pas la force de subir cet interdit.

L’accompagnatrice du catéchuménat a agi selon l’Évangile en ne disant rien du « problème ».

 

* legalâtrie = adoration de la Loi


Publié dans Eglise

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