Lettre au pape
de la part de Anne Soupa et de Christine Pedotti
Paris, le 23 juin 2010
Très Saint Père,
Il y a quelques jours s’est achevée l’« année sacerdotale » que vous aviez proposée à toute l’Eglise. En la plaçant sous le patronage du saint Curé d’Ars, vous nous avez enjoints principalement de méditer sur la dignité et l’importance du sacerdoce presbytéral. Ce sujet a nourri notre réflexion personnelle et, conscients que tous les membres de l’Église sont responsables de l’appel des prêtres dont nos communautés ont tant besoin, nous espérons aujourd’hui que de nouvelles vocations sacerdotales seront le fruit du cheminement spirituel et de la prière que l’Eglise a soutenus au cours de ces derniers mois.
En nous incitant à cette réflexion, dans la prière et la communion, vous avez aussi permis à l’ensemble des fidèles laïcs de redécouvrir qu’ils étaient appelés à participer à l’unique sacerdoce du Christ, « étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au Peuple de Dieu, et participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ », et à « exerce[r] pour leur part, dans l’Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien. » (LG 31).
La Conférence Catholique des Baptisés de France y a entendu un appel particulier à susciter la conscience de chaque baptisé afin de le rendre acteur, acteur de la vie de l'Église, de sa mission et de son avenir. Tout baptisé a le devoir de comprendre que, plus que jamais, ce monde, notre monde, a besoin qu’on lui dise une espérance, qu’on lui annonce qu’il y a un Dieu qui a souci de l’humanité, et que chaque créature est précieuse à ses yeux.
C’est pourquoi, Très Saint Père, nous tenions tout d’abord à vous remercier de nous avoir permis d’entendre avec plus de clarté cet appel pressant du Christ à prendre notre part de la noble tâche d’évangélisation de nos frères et de nos soeurs, afin qu’ils vivent de l’amour du cœur de Jésus pour reprendre l’admirable définition du sacerdoce que nous a livrée saint Jean-Marie Vianney.
Cet appel que vous avez su faire retentir en nos cœurs a ouvert en nous un chemin de conversion mais aussi de responsabilité. En nous permettant, en communion avec nos pasteurs, de réfléchir au sens du sacerdoce commun des baptisés, vous avez éveillé notre conscience à la beauté de la responsabilité missionnaire. Nous souhaitons aujourd’hui vous demander de nous soutenir dans cette voie en appelant chaque chrétien à entrer plus profondément dans le mystère de son baptême et à en vivre.
Rappelez leur, rappelez nous, que la marque du baptême n’est pas seulement la porte d’entrée dans la famille des enfants de Dieu, mais qu’elle est également un appel à connaître et à faire connaître le Christ. Que, grâce à vous, résonne en nos coeurs l’appel du Christ : « Suis-moi ! » et que, grâce à vous, nous sachions le relayer. Pour contribuer à cette annonce, quoi de plus beau que le concours de tous ?
Très Saint Père, nous nous tournons vers vous avec confiance, ce monde a besoin de nos bras, de notre cœur, de nos paroles, pour entrevoir le visage de Dieu. Nous sommes là, nous, les baptisés, nombreux, ardents, soucieux de transmettre après nous le trésor de la foi. Appelez-nous à la mission, rappelez-nous notre vocation baptismale et envoyez-nous. Mettez nous en chemin !
Puisque notre époque a besoin de signes forts, nous nous permettons de vous suggérer de proclamer une « Année des baptisés », entre juin 2011 et juin 2012. Un temps de méditation de l’Église toute entière sur la vocation propre du baptême donnerait l’occasion à la foule innombrable des baptisés de reconnaître la grandeur de sa dignité et de découvrir en elle la grâce d’annoncer les bienfaits de Dieu. Cette année pourrait s’ouvrir par une « Journée des baptisés », le dimanche suivant la Saint Jean-Baptiste, journée que vous pourriez avoir l’audace de rendre pérenne. Une telle fête, année après année, ancrerait le souci de la mission et ouvrirait les coeurs sur les moyens d’y parvenir.
Telle est Très Saint Père la requête que nous confions à votre bienveillance et à votre sagesse.
Nous le croyons avec la plus ferme assurance, c’est par la voix de cette immense foule aux talents et aux charismes innombrables que l’Évangile du Christ peut résonner dans notre monde. « L’apostolat des laïcs, en effet, ne peut jamais manquer à l’Église, car il est une conséquence de leur vocation chrétienne. L’Écriture elle-même montre parfaitement (cf. Ac 11, 19-21 ; 18, 26 ; Rm 16, 1-16 ; Ph 4, 3) combien cette activité se manifesta spontanément aux premiers jours de l’Église et combien elle fut féconde. » (AA 1).
Confiants dans la justesse de notre requête, nous espérons qu’elle deviendra vôtre. L’appel à toutes les forces vives de notre Eglise est un geste et d’audace et d’espérance pour notre temps. Il dira la confiance et la disponibilité à l’Esprit. Il sera reçu comme le gage d’un avenir ouvert et heureux pour cette Eglise que nous aimons tous, et par chaque baptisé, il sera comme l’appel du Christ lui-même.
À Cana, la très sainte Vierge Marie mit les serviteurs de la noce au service de son fils pour le bien et la joie de tous. A son image, osez nous mettre au service du Christ afin que l’annonce du Salut résonne pour toute l’humanité.
Très Saint Père, soyez celui qui nous appelle, soyez notre pasteur, celui qui nous fait confiance au nom de Christ.
Croyez, Très Saint Père, à notre respectueux dévouement dans le Christ.
Anne Soupa et Christine Pedotti,
cofondatrices de la Conférence catholique des Baptisés de France
christine.pedotti@baptises.fr
anne.soupa@baptises.fr
55 avenue Duquesne, 75007 Paris