Pietro de Paoli
Je suis toujours dans la lecture des fictions de Pietro de Paoli. L’humanité qui se dégage des responsables de l’Église à venir est très émouvante. Le Père, évêque de Rome (donc pape), étant (aussi) père biologique, toute la tendresse humaine transite naturellement et concrètement dans ses gestes, ses regards, ses paroles. C’est la vie d’une famille, de la petite cellule domestique à la grande communauté ecclésiale, qui est en jeu dans ce roman.
Autrement dit, découvrir un visage d’Église que l’on aimerait vivre fait monter les larmes aux yeux ; c’est tellement c’est beau !
Il n’y a pas de Prince, mais des frères qui œuvrent ensemble : concertations collégiales, synodales. Esprit communautaire où les protagonistes n’ont pas peur de dire leur sympathie, leur affection, leur amitié et amour.
Je vois, dans cette utopique gestion de l’Église, une admirable place offerte à la compassion, à l’écoute. Personne n’agit avec l’indifférence des fonctionnaires du culte. Le plongeon de toutes et de tous dans la saveur évangélique donne envie d’agir de même.
Pourtant, dans ce roman, quelque chose m’indispose. Les équipes qui se forment pour le gouvernement de l’Église sont des équipes exclusivement d’amis. On ne fait appel aux compétences qu’à l’intérieur des personnes connues dignes de confiance. Telle est la loi des réseaux. Cela a toujours existé, dit-on. Tout le monde fonctionne ainsi. En effet, la cooptation est confortable, efficace. Qui se ressemble s’assemble.
J’ignore pourquoi ; mais, il me semble que ce système « entre nous » m’a toujours gêné. Je le ressens comme peu fidèle à l’Évangile. Ne devrions-nous pas être capables de travailler, au nom du Christ avec toutes et tous ? Avec n’importe qui ? L’amour des ennemis. En fait, je dois bien avouer que depuis plus d’une dizaine d’années, à entendre certaines options théologiques proches du « camp des Mexicains » de de Paoli, je me déclare incapable d’actions pastorales communes.
Dans ce contexte de suspicion, ceux et celles qui n’ont pas la chance de croiser le groupe d’amis demeurent ignorés, des compétences inutilisées. Augustin et les donatiens devaient ressentir les mêmes sentiments. Une Eglise sans schisme peut-elle exister ?
* Vatican 2035 Roman
Monsignore Pietro de Paoli Plon 21€
Sous le pseudonyme de Monsignore Pietro de Paoli, l'auteur nous propose un captivant roman d'anticipation très sérieusement documenté et y dessine, à travers le destin du Pape Thomas 1er, les réformes de l'Eglise de demain. Un récit formidable, plein d'émotion et de rebondissements; une belle invitation à la réflexion et à l'espérance.
Lire sur le blog de Julien Dupont.