Pour une Église à l’écoute des besoins et des attentes des hommes et des femmes d’aujourd’hui, une Église solidaire des pauvres et des exclus.
Je reçois ce document, envoyé par un ami prêtre qui l’a reçu de Jean Rigal, théologien à Rodez. Il y a cette mention : « peut sans doute paraître dans ton blog en manque d’Eglise… Çà peut donner des idées aux catholiques du diocèse de Lyon !
Lettre ouverte à Mgr Descubes
Nous, laïcs chrétiens du diocèse de Rouen,
nous prenons à notre compte et nous venons porter vers vous les questions et l’interpellation lancées à notre Eglise par les prêtres du diocèse qui, dans la suite des prêtres autrichiens, ont
écrit un “Appel à la désobéissance...pour une plus grande obéissance à l’évangile”. Ils ajoutent aussi “qu’ils veulent une Église qui soit à l’écoute des
besoins et des attentes des hommes d’aujourd’hui, une Église solidaire des pauvres et des exclus”.
Si nous prenons au sérieux l’enseignement du Concile sur la vocation universelle des baptisés, la situation de nos petites communautés dispersées, le fait qu’il y a davantage de laïcs engagés et formés, capables de responsabilités, il nous paraît urgent de nous engager nous aussi dans cette démarche, en tant que laïcs, pour faire évoluer l'Église catholique à laquelle nous sommes attachés. Celle-ci nous semble trop frileuse et manquer d’audace pour trouver les moyens de répondre aux besoins du peuple chrétien et du monde d’aujourd’hui.
Le Synode a souhaité « la reconnaissance de ministères confiés à des fidèles laïcs pour répondre à la situation actuelle de l’Église diocésaine » (IV.15). Mais il convient d'aller beaucoup plus loin et plus vite par rapport à ce qui est proposé, afin que laïcs et prêtres soient collectivement responsables de l’animation des communautés chrétiennes. Celles-ci doivent en effet pouvoir partager partout et toujours la Parole, le Pain et le Vin.
On imagine par exemple une communauté urbaine ou rurale, privée d’eucharistie et de partage d’évangile, qui pourrait se réunir, proposer le nom d’une ou deux personnes, hommes ou femmes d’expérience, mariés ou célibataires, pour un ministère au service de la communauté et ce serait à l’évêque de valider cette proposition. Sans nier la valeur du célibat consacré choisi librement par ceux qui envisagent de devenir prêtres, nous souhaitons que l’Église latine réfléchisse dès aujourd'hui à l'ordination de ministres de l'Eucharistie et de la Parole sur des bases plus larges, comme cela se fait dans les Églises orientales et les autres Églises chrétiennes.
Nous souhaitons aussi que l’on dynamise fortement l’appel de diacres permanents, trop peu nombreux aujourd’hui, en particulier dans notre diocèse. C’est un acquis de Vatican II insuffisamment exploité actuellement.
Nous souhaitons que l’on reconnaisse à des laïcs baptisés, hommes et femmes compétents, le droit de faire des homélies, pratique qui s’est répandue avec bonheur après Vatican II et qui est aujourd’hui remise en cause. Beaucoup y sont préparés par les formations reçues au diocèse.
Nous souhaitons également que l’Église cesse de refuser l’eucharistie aux fidèles divorcés-remariés au nom d’une discipline qui fait souffrir inutilement. Chacun sait d’ailleurs qu’heureusement de nombreux prêtres, en conscience, s’écartent des directives canoniques.
Enfin, il est vital d’établir un vrai dialogue entre prêtres et laïcs, entre chrétiens de tendances différentes, voire opposées, car il est urgent de faire entendre à nos contemporains une parole plus soucieuse de promouvoir une Bonne Nouvelle que d’édicter des règles de morale, dont beaucoup sont incompréhensibles et le plus souvent inappliquées.
Nous partageons l’inquiétude de Gérard Bessière, prêtre, qui écrit le 18 octobre 2011 :
« Des milliers de chrétiens “s’en vont sur la pointe des pieds” sans être écoutés pendant qu’on recherche longuement un accord avec les intégristes(…). N’assistons-nous pas à l’enterrement discret du concile Vatican II ? »
Oui, nous sommes de ceux qui souhaitent une Église à l’écoute des besoins et des attentes des hommes et des femmes d’aujourd’hui, une Église solidaire des pauvres et des exclus.