Se rendre capable de travailler efficacement au bonheur des hommes et des femmes de ce temps

Publié le par Michel Durand

Vendredi 10 décembre, je me suis rendu à l’eucharistie présidée par le cardinal Philippe Barbarin en concélébration avec de nombreux prêtres, dont des pradosiens. Cette rencontre était en hommage à Antoine Chevrier pour le 150ème anniversaire de l’achat de la salle de bal du Prado dans le quartier de la Guillotière. Avec cette acquisition, le Père Chevrier prenait des risques et un chemin sans retour pour mettre en œuvre sa grande découverte mystique de Noël 1856. En effet, avec les hommes et les femmes qui l’accompagnaient, des frères et des sœurs, il osait, craintivement, prendre les moyens pour se mettre au service des pauvres des banlieues de Lyon. Il disait : « Alors, je me suis décidé à suivre Notre Seigneur Jésus-Christ de plus près pour me rendre plus capable de travailler efficacement au salut des âmes, et mon désir est que vous aussi vous suiviez Notre Seigneur de près ».

 

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À l’issue de cette eucharistie, Philippe m’a fait remettre sa lettre sa deuxième lettre pastorale : « L’Église est une servante ».

Je l’ai lu hier, lundi.

De suite, j’ai eu la même impression que pour sa première lettre, « suivre Jésus de près » où Ph. Barbarin témoigne se placer dans la ligne du Père Chevrier. En fait, il s’arrête à Jésus-Christ, «suivre Notre Seigneur Jésus-Christ de plus près » ; il omet de citer la suite de la phrase : « pour me rendre plus capable de travailler efficacement au salut des âmes ».

Que peut-on connaître du monde quand on demeure dans la sphère liturgique ecclésiale ?

C’est la question que je me suis posée tout au long de cette lecture. Certes, il est bon de regarder du côté de Dieu. Il importe de réviser son catéchisme catholique, mais pour le donner à qui ? À des gens qui sont rassemblés dans l’interne ecclésiale ? Et l’annonce aux non-croyants, aux gens qui sont loin de l’Église parce que celle-ci, à cause de « son mode de vie trop marquée par la bourgeoisie », disant A. Chevrier, vit très éloignée du peuple ?

« L’Église est une servante » donne une panoplie d’actions qui sont menées par l’évêque de l’Église et ses proches. Beaucoup d’actions pastorales sont oubliées. On dira, assurément,  que l’on ne peut pas tout citer. Je demande sur quels critères sont déterminées les attributions de remerciements. En fait, il est toujours dangereux de dresser la liste des gens à remercier. On en oublie toujours.

Pour faire bref, je reviendrais sûrement ultérieurement sur cette question des critères, je me contente de dire aujourd’hui, que je trouve regrettable que l’on oublie d’une façon si insistante la deuxième partie de la citation de la phrase d’A. Chevrier : « pour me rendre plus capable de travailler efficacement au salut des âmes, et mon désir est que vous aussi vous suiviez Notre Seigneur de près ».

Quelle connaissance du monde ? Celui que l’on reçoit dans son bureau, dans son sanctuaire ou celui que l’on rencontre dans l’espace public d’une rue, d’une association avec qui l’on discute d’égal à égal. Il ne suffit pas dire : « j’ai rencontré beaucoup de gens », encore faut-il témoigner de l’échange qu’il y a eu. Il ne suffit de dire « j’aime discuter avec des danseurs professionnels… je suis soulevé d’enthousiasme en regardant leurs spectacles et leurs exploits », encore faudrait-il que soit partagé, connu ce qui s’est dit. 

A mon sens, dire la Parole qui vient de Dieu ne peut se réaliser fructueusement que quand on est à fond dans ce que vivent les gens. Il convient de percevoir ce que l’Esprit dit par ce qui se vit dans le travail quotidien.

Autrement dit, une fois de plus je pense que l’on se trompe de sens en parlant d’Évangélisation. On confond la première annonce, le premier contact au nom de l’Évangile avec le catéchisme. Si celui-ci se dit à l’intérieur du sanctuaire, l’Évangile se montre dans le banal de l’existence.

Cela dit, prenez beaucoup de plaisir à lire, à méditer et à prier avec « L’Église est une servante ». On y voit non seulement le chemin pastoral déjà parcouru, mais aussi tout ce qu’il y aurait à faire. On y affine, sans penser à telle ou telle personne, les actuelles grandes orientations pastorales rassemblées sous le vocable de "Nouvelle évangélisation

Publié dans Eglise

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