Unité ecclésiale dans des théologies et pastorales opposées

Publié le par Michel Durand

Le jeudi saint (sauf si l’office est anticipé quelques jours avant), au cours de la messe chrismale, « prêtres, diacres et fidèles sont invités largement à cette célébration » afin de manifester « l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque ».

Quand arrive cette date, la question de l’obéissance à l’évêque se pose radicalement à ma conscience qui se veut sincère. Objet récurant de ma méditation. 


Messes
Les prêtres renouvellent de leur engagement 

© Diocèse de Rennes

 

Nous savons que « l’ordination proprement dite » résulte « d’un dialogue entre l'évêque et chaque ordinand » et que vient ensuite « la promesse d'obéissance à l'évêque ».

Quand la théologie exprimée par l’évêque et par le prêtre présente de fortes similitudes, il n’y a pas de problème. On ne sent aucune hypocrisie à renouveler, pendant la messe chrismale, les engagements que nous avons pris : 

« Voulez-vous vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus et chercher à lui ressembler, en renonçant à vous-mêmes, en étant fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle que vous avez reçue, par amour du Christ et pour le service de son Église, au jour de votre ordination sacerdotale ? »

Mais quand il y a de profondes divergences dans la façon de voir le service de l’Église, comment demeurer vrai ?

Certes, je sais que l’obéissance dont il est ici question n’est pas identique à l’écrasement de toutes réflexions et volontés. Il n’est en aucun cas question d’abandonner tout esprit critique. Je sais aussi que, dans l’Église, il n’y a jamais eu l’imposition d’une seule théologie, mais, sans cesse, l’expression des débats entre des conceptions théologiques différentes. Il n’en demeure pas moins vrai que, quand les écoles divergent trop, il n’est pas aisé d’œuvrer pastoralement sur le terrain. En effet, les fidèles qui entendent des conceptions divergentes et voient des pratiques opposées ne savent quoi penser. Or aujourd’hui, les spiritualités et les lieux de formations au ministère presbytéral étant très nombreux et variés, l’unité de pensée s’éloigne.

Très souvent, on constate que si toutes les sensibilités pastorales sont possibles, toutes ne sont pas équivalemment soutenues. C’est ce constat qui conduisait Antoine Chevrier, me semble-t-il, à solliciter le soutien de l’évêque et du pape auprès duquel il se rendit pour demander une bénédiction : « j'ai eu le bonheur de voir Notre St Père le Pape samedi passé et j'ai obtenu une bénédiction pour nos bienfaiteurs et spécialement pour vous » (Lettre 519).

Pour être plus précis dans ma méditation, il faudrait que j’apporte un exemple de divergences pastorales. Je le ferais demain en essayent de pointer les différences entre la pastorale qui vise à réunir autour du prêtre des fidèles et celle qui place le baptisé, y compris le prêtre, au milieu des gens.


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