À la suite du Christ, notre Maître, liés au Créateur, nous annonçons et pratiquons l’Évangile - modes de vie - pour le bien de toute l’humanité

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Homélie du dimanche 11 mai 2025 - voir ici

« Nous nous tournons vers les nations païennes » (Ac 13, 14.43-52)

Nous sommes son peuple, son troupeau (Ps 99)

« L’Agneau sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie » (Ap 7, 9.14b-17)

« À mes brebis, je donne la vie éternelle » (Jn 10, 27-30)

En entrant dans la méditation de cet évangile un souvenir s’est réveillé. Je me suis retrouvé dans les années 1960, dans la région italienne des Pouilles, sud de l’Italie, au milieu d’un village (un paese). Un homme poussait des cris. Des chèvres sortaient des maisons ; elles se mirent à la suite de cet homme qui avançait. Plus il avançait, plus de nouvelles chèvres sortaient, disons de chez elles, leur enclos situé au rez-de-chaussée des maisons de deux ou trois étages. Le troupeau, berger en tête, quitta la petite ville pour se rendre quelque part dans la campagne montagneuse.

Le soir, avant le coucher du soleil, j’ai vu le berger pénétrer dans le village ; il s’arrêta à la porte de la première maison. Que disait-il ? Je ne sais pas. Mais j’ai vu les animaux se diriger vers « leur maison » et attendre devant la porte qu’une personne ne tarda pas à ouvrir. Les enclos (écuries), semblaient être au rez-de-chaussée des maisons.

« Au temps de Jésus, écrit André Sansfaçon, prêtre canadien (voir son site), les troupeaux de boucs, de chèvres et de moutons étaient nombreux. Les bergers vivaient avec leurs bêtes et, le soir venu, tous les troupeaux étaient reconduits à l’enclos commun afin de les protéger des prédateurs et des voleurs. C’est là que les bêtes passaient la nuit sous la surveillance des gardiens tandis que les bergers dormaient sous les tentes ». La situation est différente de mon souvenir ; mais. Il y a des points semblables. Je continue avec André Sansfaçon : « Le matin, chaque berger entrait à l’enclos et appelait ses animaux par un cri spécial que seules ses bêtes connaissaient. Elles le reconnaissaient à sa voix et à ce cri. Chaque berger faisait de même et l’enclos se vidait pour le jour. Le berger avait la responsabilité de conduire son troupeau vers de bons pâturages afin que ses bêtes soient en bonne santé et bien grasses ».

L’image du bon pasteur est appliqué aux rois, aux chefs d'État. Et, dans la Bible, nous voyons des prophètes accuser les chefs du peuple d’avoir négligé leur devoir de berger. Jérémie parle de rois corrompus.

Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur ! C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur. (Jérémie 23, 1-2)

Alors Dieu, le fils de Dieu, le Christ devient le Pasteur.

Les pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes. J’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus pour eux une proie... j’aurai soin moi-même de mon troupeau… ainsi parle le Seigneur. (Ezéchiel 35,10)

Le Seigneur est mon Pasteur … Il me mène vers les eaux du repos, il y refait mon âme. Il me guide par le juste chemin… Ma demeure est la maison de Yahvé en la longueur des jours. (Psaume 23)

Je suis le Bon Pasteur. Je leur donne la vie éternelle. (Jean 10)

Alors, c’est sur cette affirmation que je creuse mon interrogation, ma méditation. Je constate qu’aujourd’hui le monde va bien mal. Le peuple est en plein désarroi. On parle de changement d’époque pour indiquer les modifications profondes, radicales qui bouleversent chaque quotidien. Un simple toilettage ne peut suffire.

Je cite : « Sur fond de collapse écologique, les signes d'une fin de partie occidentale se multiplient : retard économique, désindustrialisation, dédollarisation, surendettement, vieillissement de la population, intensification des flux migratoires, crise des systèmes scolaire et universitaire. Au bout de ce processus inéluctable, le risque d'un anéantissement se précise. » — (Christophe Guilluy, Les dépossédés, Éditions Flammarion, 2022, p. 182)

Cette affirmation nous place devant la seconde lecture, le livre de La Révélation, l’Apocalypse. Et je me permets de rappeler la rencontre à Saint-Maurice, L’apocalypse une prophétie écologique ? Le 21 mai à 20 h., avec Jacques Descreux, Université catholique de Lyon. Il n’est pas question de se laisser impressionner par les cataclysmes. Il est question de se détourner de la capitaliste illibérale* Babylone pour se mettre à l’écoute de

l’Agneau qui se tient au milieu du Trône

Et qui

sera leur pasteur.

Leur ? De qui s’agit-il ?

De toute l’humanité. Et je me réjouis de pouvoir citer le nouvel évêque de Rome, Léon XIV. Il annonce (8 mai) à la foule place Saint-Pierre : « La paix soit avec vous tous. Moi aussi je voudrais que cette salutation de paix entre dans votre cœur, qu’elle atteigne vos familles, arrive à toutes les personnes, à tous les peuples d’où qu’ils soient, à toute la terre. Que la paix soit avec vous. Aidez vous, vous aussi les uns les autres à construire des ponts avec le dialogue, avec la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple, toujours dans la paix ». 

Dieu, bon pasteur, est le Père de tous et de toutes quelle que soit la terre de naissance. Père de toute l’humanité. En ce sens il est question de mettre en place une authentique fraternité. Tous frères ! Le Fratelli tutti de François. Telle est notre mission de disciples du Christ. Nous sommes à la suite de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu. Et nous sommes missionnaires. Écoutant la voix du Maître, nous adoptons des modes de vie conformes à sa volonté et nous appelons largement à entrer dans la grande famille des enfants de Dieu, le Père de tous.

Dieu essuiera toute larme de leurs yeux

proclame l’Apocalypse.

*Le capitalisme illibéral désigne un système économique où le marché et la croissance sont privilégiés, même si les libertés démocratiques et l’État de droit sont limités ou remis en question, comme le montre l'exemple de certains États qui combinent un régime autoritaire avec une économie de marché. Plus d'info.