En l'état, il n'y a pas de solidarité européenne. C'est pourquoi il faut revoir le dossier de l'asile en Europe,
La police procède à l’expulsion d’un camp abritant des migrants en situation irrégulière à Calais, le 2 juillet.
La Croix, 3 juillet 2014
320 migrants, dont une soixantaine de mineurs, ont été évacués hier matin d'un camp qu'ils occupaient dans la zone portuaire de Calais. Cette expulsion avait été autorisée par le tribunal administratif de Lille le 27 juin, quelques semaines après le démantèlement de deux autres camps au même endroit.
« Cela fait douze ans qu'on constate les mêmes urgences, les mêmes impasses institutionnelles pour les migrants sur la zone du Calaisis. On résout le problème pour quelques semaines mais on ne s'y attaque pas en profondeur. Les réfugiés expulsés hier matin sont les mêmes que ceux évacués fin mai. Aujourd'hui, ils vont sûrement être placés dans des centres de rétention mais ils finiront par revenir. Certains errent pour le moment dans les rues à la recherche d'un endroit où se poser. Seuls les mineurs seront placés dans des foyers d'accueil.
Il faut donc trouver des solutions concrètes. Le 18 juin dernier, le préfet du Pas-de-Calais avait encouragé les migrants à demander l'asile en France. La proposition était intéressante, à condition qu'elle soit accompagnée de mesures adéquates. Or, beaucoup d'exilés se sont trouvés pris au piège à cause du “règlement Dublin”, un texte européen selon lequel le premier État franchi par un migrant est responsable de sa demande d'asile. La plupart des réfugiés que nous rencontrons à Calais ont été obligés de donner leurs empreintes dans d'autres pays par lesquels ils sont entrés en Europe. En formulant une demande d'asile en France, ils craignaient d'être renvoyés dans ces États-là.
Il faut aussi prendre en compte la qualité de l'accueil et de l'accompagnement des migrants. S'ils sont dispatchés dans des structures inadaptées, dans des endroits qu'ils ne connaissent pas, livrés à eux-mêmes pendant la journée et sans traducteur, le dispositif avancé par le préfet sera voué à l'échec. Prendre le temps de leur expliquer est nécessaire pour qu'ils puissent faire un choix avec discernement.
Reste la problématique des réfugiés absolument déterminés à traverser la Manche. Pour ce cas-là, il est urgent de renégocier les traités européens qui permettent à la Grande-Bretagne d'exercer un contrôle à sa frontière sans avoir à examiner les demandes d'asile. En l'état, il n'y a pas de solidarité européenne. C'est pourquoi il faut revoir le dossier de l'asile en Europe, soit en travaillant à la création d'un titre de séjour ou d'un statut de réfugié européen, soit en permettant aux migrants de demander l'asile dans le pays de leur choix. »