Soutenir les migrants, c’est interdit! Aujourd’hui, mais déjà en 1981
- Le premier adjoint à la maire Emmanuel Agius a présenté jeudi l’arrêté municipal « anti-bivouac et anti-regroupement ». Selon l’élu, il ne vise pas principalement les migrants…
Plusieurs associations ont appelé à une manifestation « en soutien avec les exilés et contre les violences policières », ce samedi après-midi sur la place d’Armes. « Cette manifestation est interdite », tranche Emmanuel Agius. « Nous ne souhaitons pas qu’elle ait lieu, car il est possible qu’il y ait des No Border. »
A priori, aucune demande d’autorisation n’a été envoyée en sous-préfecture, et donc aucune interdiction n’a été prononcée. Si regroupement il y a, il pourrait constituer la première occasion d’application de l’arrêté du 9 juillet...
- Eglise catholique, Mission Famille et Société :
Ce vendredi matin 11 juillet, les forces de police ont évacué le campement de Surville. Les femmes et les jeunes enfants ont été conduits (par la police) dans deux hôtels du centre-ville (hébergement d’urgence). En fin de matinée, une vingtaine de personnes restaient sur place (dont trois jeunes femmes avec leurs bébés de 7, 14 et 15 mois). Nous sommes à la recherche d’un hébergement pour eux mais, à l’heure où nous sommes, nous n’avons pas trouvé (toute idée d’hébergement est évidemment bien venue, école, gymnase, salle des fêtes)
(…)
Comme d’habitude, les engins sont venus détruire les baraques, et les caravanes (même en état de rouler) ont été mises en fourrière.
Soyons présents demain samedi 12 juillet à 14 h ! . A lyon, place de l'Opéra. A Calais, place d'Armes
Un membre des cercles de silence de Lyon me communique cet article retrouvé dans ses archives. = J. P. Hauttecœur, La Croix, jeudi 9 avril 1981
47 associations dénoncent les mesures gouvernementales
La réputation de la France comme terre d'asile risque d'être sérieusement ternie par certaines décisions du gouvernement. C'est la crainte qu'ont exprimée une cinquantaine d'organisations -parmi lesquelles le CCFD, la Commission de vigilance de l'Acat, la Commission Justice et Paix, la Commission épiscopale des migrations, la Mission de France et le Service interdiocésain des travailleurs immigrés.
C'est André Jacques, responsable de la Cimade, qui a lancé un cri d'alarme au nom du Comité de ·défense. Des circulaires mises au point lors des réunions officielles les 2 et 27 janvier devaient entrer en vigueur le 1er mars. Elles ne sont pas encore publiés mais visent à apporter de sérieuses restrictions au droit au séjour des réfugiés politiques.
A la lettre adressée au Quai d'Orsay parles associations de défense, le ministre des Affaires étrangères, Jean François-Poncet, par une lettre du 23 mars, répond qu'il est apparu « souhaitable d'apporter certains aménagements à la politique actuellement suivie en raison de l'importance grandissante prise par une nouvelle catégorie de demandeurs d'asile. Il s'agit d'immigrés qui, cherchant à échapper aux conditions de vie de leur pays, utilisent la demande d'asile pour tourner le refus d'autorisation de séjour. Ces modifications, ajoute le ministre, ont pour objet essentiel la distinction entre authentiques réfugiés et de simples demandeurs d'emploi ».
Voilà qui porte un sérieux coup à la Constitution comme aux accords de Genève que cette politique discriminatoire qui s'exerce - il faut le souligner - non par l'intermédiaire compétent, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, mais au niveau des préfectures, voire même à celui de la police de l'air et des frontières qui pratique allègrement les refoulements abusifs.
En sont victimes notamment les Haïtiens, les Zaïrois, les Ghanéens,les Turcs, les ressortissants du Sri Lanka. On assiste également à une diminution du nombre d'admissions de réfugiés en provenance du Sud-Est asiatique.
Si ces barrières s'élèvent à l'entrée de la France, elles jouent aussi au niveau des démarches administratives que l'on fait traîner en longueur laissant les candidats à l'asile dans l’insécurité matérielle et psychologique la plus totale. Cette remise en cause du droit d'asile constitue une menace pour la démocratie en France
J.-P. Hauttecœur