Distinguer “migrants économiques” et “migrants politiques”. D’instinct, devant une personne en détresse, on sent que ce n’est pas tenable
Des soldats hongrois installent des barbelés et des grillages près du village de Botovo, à la frontière avec la Croatie, dans la nuit du 16 au 17 octobre 2015.
Nous devenons très bien informés sur ce que vivent les migrants. Nous savons qu’ils fuient leur terre natale pour ne pas mourir dans les méfaits de la guerre. Nous savons qu’ils prennent le risque d’un voyage vers l’inconnu pour échapper à leur destruction certaine causée par des armes venant on ne sait d’où. Armes du genre obus téléguidés précisément vers des cibles ennemies ou armes d’anéantissement progressif par l’économie.
Se pose-t-on la question de l’origine première de ces troubles qui chassent hors de chez eux des foules importantes ?
Je ne vois pas dans les journaux d’articles indiquant clairement qui fabriquent ces armes de destruction. Qui les vend ? Qui les achète ? Avec quel argent ? On ne dit pas pourquoi les Palestiniens ont des armes blanches.
Certes, on le devine. Ne serait-il pas essentiel de montrer très clairement que sous les « outils » visant des objectifs à détruire par le biais de « frappes chirurgicales », il y des cibles manquées, des paysans qui meurent ? Des gens qui préfèrent la pauvreté en un pays étranger de paix à la mort certaine et aveugle chez eux.
Voici deux textes, transmis par un membre des cercles de silence de Lyon, qui invitent à rejoindre les problèmes de la migration dans leurs fondements.
- Migrations, article du 22 novembre 2012, par Christian Mellon (Voir ici)
- Immigration : quels fondements pour une parole des chrétiens ? du 25 janvier 2013 par Christian Mellon (Voir ici)
Le premier texte présente une analyse du phénomène migratoire. On y découvre – explicité clairement – ce qui devrait permettre à un chrétien, nourri de la doctrine sociale de l’Église, de ne pas reconnaître comme pertinente la distinction entre “migrants économiques” et “migrants politiques”. D’instinct, devant une personne en détresse, on sent bien que ce n’est pas tenable, mais il est bon de pouvoir exprimer à soi-même (et donc à d’autres) pourquoi c’est intenable.
Le deuxième texte passe en revue l’Ancien et le Nouveau Testament, les paroles des Évêques et du Pape, la doctrine sociale de l’Église et ses axes fondamentaux. La lecture en sera longue, mais vraiment éclairante. Invitant à se rendre à la source des problèmes actuels.
Dans sa bibliographie, Christian Mellon cite l’ouvrage : Les Églises, les Migrants et les Réfugiés : 35 textes pour comprendre, coordonné par Bernard FONTAINE. Édition de l’Atelier, 2006. J’ai pris contact avec Bernard. Le rencontrer pour faire le point avec lui sur les Migrants sera une bonne chose afin de nous situer en vérité face à la situation. Selon l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex (13/10/15), il y a plus de 710 000 migrants qui ont passé les frontières de l’Union européenne entre le 1er janvier et le 30 septembre 2015, contre un total de 282 000 pour toute l’année dernière. Les Syriens fuyant la guerre dans leur pays constituent le groupe principal. Régimes totalitaires et extrême pauvreté sont d’autres raisons de partir, commente Le Monde.
Certains politiques parlent d’invasion. Ce n’est que mensonge. Qu’est-ce qu’un million de personnes pour toute l’Europe ?
L’Église, ayant la connaissance de tout ce qui a été écrit sur ce sujet : les textes de l’évêque de Rome, François, son homélie à Lampédusa, les Messages pour les journées mondiales du Migrant et du Réfugié de 2014, 2015, 2016, sans oublier les interventions précédentes et celles des Églises locales… l’Église ne peut que se convaincre elle-même de l’urgence de dépasser les difficultés éprouvées par de nombreux chrétiens pour entrer dans les perspectives d’un accueil réel.