Chrétiens, jeunes professionnels, ils vivent leur attachement au Christ, dans l’Eglise et dans le monde avec une foi qui s’ancre dans la vie
Une quarantaine de jeunes professionnels étaient présents à l’assemblée générale de la communauté Mission de France qui s’est tenue du 14 au 16 juillet près d’Angers
Pour une pastorale de proximité.
L'évangélisation est et sera toujours nouvelle. Il ne s'agit pas de restaurer les P. O., Mais de trouver de nouvelles formes de présence missionnaire, prophétique et pastorale qui puise sa force dans une vie proche des personnes rencontrées. C’est ce que j’appelle pastorale de proximité.
Ecrivant cela, je précise, me semble-t-il, la proposition d'un colloque sur l'engagement pastoral et missionnaire orienté par l'annonce du Royaume.
Dans cette rencontre, il conviendrait qu’interviennent des sœurs, des prêtres au travail.
La Mission de France fait de la place aux « jeunes pros »
- Plus de 400 prêtres, diacres et laïcs ont participé du 14 au 16 juillet, près d’Angers, à l’assemblée générale de la communauté Mission de France, qui se tient tous les cinq ans.
- Pour la première fois, une quarantaine de jeunes professionnels étaient présents. Leur intégration est l’un des enjeux actuels de cette communauté, dont la vocation est de constituer une présence chrétienne « dans des territoires étrangers à la foi ».
- Une quarantaine de jeunes professionnels étaient présents à l’assemblée générale….
Les jeunes catholiques de sensibilité sociale existent-ils encore ? La question mérite d’être posée, alors que l’attention s’est largement portée ces dernières années, en France, sur une nouvelle génération de chrétiens souvent qualifiés de décomplexés et d’identitaires – opposés au mariage homosexuel, sensibles aux problématiques familiales et bioéthiques.
Une « foi qui s’ancre dans la vie »
Les jeunes professionnels qui frappent à la porte de la Mission de France (MDF) ne cachent pas leurs réserves face à cette sensibilité jugée « moralisatrice » et se sentent davantage concernés par des questions comme la précarité, l’écologie ou l’accueil des migrants. Ils ne se reconnaissent pas non plus dans une expression trop directe de leur foi et froncent le sourcil quand on leur parle, par exemple, d’évangélisation de rue.
« Ma foi, je veux la vivre dans le monde, en rayonnant plus qu’en l’annonçant de manière explicite », explique Julie Lefort, chercheuse en neurosciences à Paris. À 31 ans, Julie fait partie depuis trois ans d’une « équipe jeunes pros » de la MDF. Venue à un premier dîner grâce à une amie, elle est, comme plusieurs de ses coéquipiers, une ancienne Scoute de France. C’est dans ce mouvement qu’elle a pris le goût de l’engagement et d’une « foi qui s’ancre dans la vie ».
Ancrée dans la vie… et donc dans le travail. Car le voilà, le cœur de la proposition « jeunes pros » de la Mission de France : au cours de soirées mensuelles, chaque participant (six ou sept par équipe) est invité à entreprendre devant les autres une « relecture » de son mois écoulé dans le cadre professionnel. Difficultés avec un collègue ou un chef, hésitations quant à une réorientation : on échange dans un esprit d’écoute bienveillante et à la lumière de la doctrine sociale de l’Église.
« Il y a cinquante ans, nos AG n’accueillaient que des prêtres »
En 2012, lors de la dernière assemblée générale de la MDF, une seule « équipe jeunes pros » existait. Elles sont neuf aujourd’hui (six à Paris et trois à Lyon) et rassemblent une petite centaine de jeunes. Il y a cinq ans, des résolutions avaient été votées pour développer cette proposition, à mi-parcours entre le « service jeune » des 18-25 ans et les équipes d’adultes.
Ce week-end, une quarantaine de ces jeunes actifs de 25 à 35 ans ont participé à la nouvelle assemblée générale qui s’est tenue à La Pommeraye, près d’Angers, parfois en couple et même avec des enfants. « Il y a cinquante ans, nos AG n’accueillaient que des prêtres », souligne le Père Patrick Salaün, jeune prêtre de la Mission de France. « Les femmes et les laïcs sont arrivés progressivement, et les jeunes occupent désormais une place assez centrale. Ils ont participé à l’écriture des résolutions que nous votons ce week-end et nous ont aidés, accessoirement, à passer au vote électronique. » Certains de ces jeunes déplorent leur arrivée tardive au premier plan : la Mission de France a en effet été créée dès 1941 par le cardinal Suhard.
« Ces jeunes vont nous permettre d’être plus attentifs aux préoccupations portées par leur génération »
Les religieux plus âgés de la communauté remarquent, quant à eux, que leurs cadets sont « plutôt bac + 5 que bac – 5 » : un net contraste avec la vocation initiale de la MDF, née de l’expérience des prêtres-ouvriers. « Ces jeunes vont néanmoins nous permettre d’être plus attentifs aux préoccupations portées par leur génération », estime le Père Arnaud Favart, vicaire général de la MDF. Il cite par exemple le numérique, l’écologie ou encore la « démocratie autrement », en constatant que plusieurs de ces nouvelles recrues ont pris part au mouvement Nuit debout.
« Les témoignages que j’entends à la MDF me donnent envie de m’engager à mon tour », affirme Swann Bommier. Issu d’un milieu bourgeois, ce trentenaire se sent plus à l’aise dans ce « lieu de l’Église où l’engagement citoyen est soutenu et valorisé ». Le jeune ingénieur Matthieu Fouquet apprécie, quant à lui, le dynamisme et l’esprit critique de ses aînés. « En bref, sourit-il, leur jeunesse d’esprit. »
Paroles
Mgr Hervé Giraud, évêque de Sens-Auxerre et prélat de la Mission de France : « Ces jeunes se sentent plus sel que lumière »
« Bien plus de jeunes qu’on ne le pense ont besoin de cohérence au quotidien. À la Mission de France, on veut leur apprendre que le vrai ressourcement ne se vit pas que le temps d’un week-end à Taizé, Chartres ou Paray-le-Monial, mais aussi dans l’écoute de ceux avec qui ils travaillent tous les jours.
Les jeunes qui viennent vers nous se sentent plus sel que lumière, ils préfèrent la parole partagée à la parole proclamée. Au sein de leurs équipes « jeunes pros », ils apprennent à relire leur quotidien et à comprendre comment Dieu leur parle à travers tel événement ordinaire.
En ce qui concerne leur place future parmi nous, on marche sans trop savoir. On leur fait une place, on va être dérangés, déplacés. Cette assemblée générale est celle du déplacement, à l’opposé d’un certain immobilisme ecclésial. »