Hors couple hétérosexuel stérile, je ne vois pas en quoi la PMA puisse devenir un droit universel

Publié le par Michel Durand

Hors couple hétérosexuel stérile, je ne vois pas en quoi la PMA puisse devenir un droit universel

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Dans le début des années 90, j’ai très concrètement entendu parler de la PMA. Ce devait être pour la première fois avec autant de vérité existentielle.

Je me trouvais au service de la pastorale du tourisme dans la Vieux-Lyon où nous avions ouvert l’Espace Confluences-Saint-Jean, galerie d’art pour offrir à voir de belles créations contemporaines aux visiteurs. Dans la démarche touristique, il n’y a pas que les vieilles pierres à admirer ; il y a aussi les créations contemporaines. J’étais également en service à la cathédrale Saint-Jean Baptiste, notamment pour le catéchisme des enfants.

À Confluences, un couple est venu me voir pour le baptême de leur enfant nouveau-né. Il craignait que l’Église n’accepte pas cette demande. Nous parlons. Je ne pose pas de questions ; ne réponds pas immédiatement. Nous prenons rendez-vous. Et, quelques jours plus tard, dans leur salon, nous reprenons la conversation.

L’enfant est né grâce à une procréation médicalement assistée. Cela a mis plusieurs années à pouvoir se réaliser. J’ai senti que ce n’était pas facile. Que les relations dans le couple en étaient affectées. Et je me demandais : « qu’est-ce qui fait dire à ces gens que l’Église ne permettait pas l’intervention médicale, technique et scientifique pour faciliter une naissance à l’intérieur du couple ? » Le monde médical intervient bien pour qu’une naissance réussisse. Certes, s’il y a acharnement, cela peut poser problème, car la naissance d’un bébé plus ou bien formé risque divers handicaps. Ne vaut-il pas mieux laisser faire la nature ? Forcer à vivre n’est pas mieux que forcer à mourir.

Nous avons parlé longuement de l’enfant nouveau-né, de leur famille enfin constituée. Alors, sans avoir le moyen de consulter les ouvrages adéquats sur la question, au cours de cette première soirée, j’ai affirmé que dans le cas précis qu’il me présentait, l’Église ne s’opposait pas au baptême. Je leur ai exprimé que je ne voyais pas en quoi l’Église du Christ pouvait interdire le baptême.

Nous avons échangé au sujet du sens du baptême chrétien et préparé la liturgie. Il y eut d’autres rencontres.

Les années passent, l’enfant grandit. Je l’ai vu passer dans la rue Saint-Jean, jouer sur la place du Change. Un jour, j’ai même eu cette stupide pensée, il devait avoir 8 ou 9 ans, c’est un enfant vraiment comme tous les autres. Qui peut penser qu’une PMA mettrait à part ? Et je ne sais toujours pas pourquoi ce couple s’imaginait « hors de l‘Église », ne pouvant pas demander le baptême pour leur fils.

En conclusion, je suis pour la PMA à l’intérieur d’un couple naturellement constitué en tant que couple.

 

À peu près à la même époque, sinon à la fin des années 80, un étudiant connu alors que j’étais à l’aumônerie du Centre chrétien universitaire me demanda de venir baptiser « un » enfant. Il vivait dans la région parisienne. Cet homme, actuellement hors de notre mode (terribles années du SIDA), vivait ostensiblement son homosexualité. De quel bébé me parle-t-il ?

Dans l’échange que nous avons eu, j’ai deviné au travers de mots non prononcés qu’il avait rendu service à un couple de femmes homosexuelles. Il était le donneur sans être le père. Et pour que « les choses » puissent se réaliser, il s’est livré aux mains de la science médicale. Ce n’est pas naturellement, mais par les moyens de la PMA, qu’une des deux femmes est devenue enceinte.

J’ai donc accepté de le rencontrer, de parler avec lui du baptême. La préparation à ce sacrement fut plutôt brève et je n’ai pas rencontré la mère avant le jour de la cérémonie. Le père qui n’était pas officiellement le père, à l’église, joua bien son rôle de père. Et tout fut vécu comme un baptême tel qu'il s’en célèbre chaque dimanche, en présence des grands-parents.

Même si j’eus un moment d’hésitation, ou de questionnement, jamais je n’aurai refusé de répondre positivement à cette demande de venir à Paris pour baptiser « un » bébé. Celui de deux femmes amies. Que je sache, l’enfant, selon la tradition de l’Église, n’est pas responsable de l’agissement des adultes. Il ne peut être interdit d’Église. Et qui permettrait de dire que la mère biologique ne sera pas fidèle à son engagement d’éveiller et d’élever dans la foi chrétienne son enfant, suite à son engagement dans le sacrement de baptême des bébés ?

 

Mais venons au but.

SI je parle en ce lieu de cet événement, c’est parce que je m’interroge sur la PMA. Dans ce cas, je ne vois pas en quoi je puisse être favorable à la PMA. Le père voulait-il éloigner son sentiment de paternité en utilisant une médiation technique ? Il aura lors échoué. Malgré son vocabulaire : « un bébé », il montrait son attachement. N’est-ce pas lui, dans une démarche profondément chrétienne, qui est venu me trouver pour que l’enfant soit accueilli dans l’Église, sans que toutes les explications soient données ? Bref, il aurait pu se passer de PMA. Mais ce n’était pas choix à cause de son homosexualité. Le détour technique ne put gommer en sa psychologie la réalité de sa paternité. Il ne lui servit à rien de parler d’ « un » enfant plutôt que de « son enfant ».

 

J’utilise cette tranche de vie pour affirmer que la PMA ne peut être un droit pour tous. J’interroge également à leur racine la réalité des banques de sperme.

Publié dans Politique, Eglise, Témoignage

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