Il importe qu’aux migrants soit accordée la liberté de mouvement dans le pays d’accueil, la possibilité de travailler, l’accès à internet
Je me suis rendu hier à la manifestation organisée par Agir Migrants, collectif d'habitants pour des actions citoyennes en soutien aux Migrants de Lyon 3e.
Nous étions deux cents, trois cent. Peut-être plus ? À mon avis, ce n’est pas assez. Pour que les élus entendent ce que pensent des citoyens, seuls des milliers de milliers me semblent aptes à faire entendre leur voix. La cause des migrants, hélas, est toujours hors de l’air du temps. Pour qu’il en soit autrement, seule la multiplicité des voix aura de l’effet.
A cette manifestation, toutes les prises de paroles, à mon oreille, sonnaient juste. Nous n’entendions que ce que nous savions déjà. Le désir de tous les présents à la manifestation est bien établi : que les élus écoutent et reconnaissent qu’ils n’accomplissent pas ce qu’il serait logique d’accomplir : un accueil humain, juste et loyal. Le devoir de l’accueil ! Devoir universel.
Agir migrants écrit : « Au nom de la Convention de Genève, nous demandons une politique d'accueil digne de ce nom ».
Une participante à cette manifestation, membre comme je le suis du groupe « Coordination Urgence Migrants -CUM », me signala qu’il serait bien que l’Église en tant que telle, dise une parole en reprenant la déclaration du pape François. Pourquoi l’Église ne se fait pas attendre ? Je lui ai répondu que je ne me voyais habiliter pour cette prise de parole publique. Suis-je mandaté par mes supérieurs ?
J’hésite.
La personne qui tenait le micro pour le passer à qui voulait prendre la parole afin que l’on échange sur le pourquoi de notre présence en ce lieu, agissait très librement. Cela m’incita à parler. Ce que je fis à la suite d’un élu communiste.
Je dis clairement que je parle au nom de l’Église catholique à laquelle j’appartiens en tant que prêtre.
Je développe la pensée de l’Église face à l’accueil de l’étranger. C’est un accueil universel ; c’est un devoir comme la récemment rappelé l’évêque de Rome, le pape François dans une déclaration à ce propos. Je ne parle donc pas en mon nom propre, mais dans la ligne de la pensée de l’Église qui, hélas, n’est pas assez écoutée et pratiquée même par de nombreux catholiques. Ce texte de François a été approuvé par de nombreuses tendances. Je peux même dire qu’il fut mieux accueilli par celles et ceux qui ne se sentent pas d’Église que par des chrétiens bon teint.
Accueillir les migrants ! Nous devons en parler autour de nous. Nous devons convaincre nos voisins que c’est un devoir ; une obligation de solidarité humaine et universelle. Nous savons que le droit est de ce côté et nous souhaitons que les élus agissent comme ils le devraient, en toute et banale humanité. Seulement, pour qu’ils sentent l’urgence d’agir dans le bon sens, il convient que l’opinion publique, le grand nombre, les contraigne à plus d’humanité. Un petit millier de manifestants ne peut troubler leurs convictions erronées. Pour que le changement se réalise, les milliers de milliers (expression biblique) sont nécessaires.
Je précise qu’avec les cercles de silence tenu sur la place des Terreaux chaque second mercredi du mois à 18 h 30, c’est ce que nous soutenons : interroger la conscience de toutes et de tous pour que devienne digne l’accueil de l’étranger : « Nous en appelons à la conscience de tous et invitons à rejoindre le cercle de silence ».
Bref soyons nombreux et parlons à nos voisins, voisines pour que l’opinion publique devienne pression sur les élus.
Enfin, pour terminer et souligner nettement que je ne parle pas en mon nom, mais en celui de l’Église, je signale le texte de François sur les migrants que les politiques devraient connaître et mettre en pratique, non parce ce que c’est le pape qui s’exprime, mais parce que ce qu’il dit est tout banalement une vérité universelle que de nombreux militants quelques soient leur orientation politique, philosophique et religieuse approuvent.
Voici un bref résumé de cette déclaration de François. Il s’agit de l’encart du tract que nous avons distribué au dernier cercle de silence.
Offrir aux migrants et aux réfugiés de plus grandes possibilités d’entrée sûre et légale dans les pays de destination
Un engagement concret est souhaitable afin que soit étendu et simplifié l’octroi de visas humanitaires et pour le regroupement familial. En même temps… un plus grand nombre de pays (devrait adopter) des programmes de patronage privé et communautaire et ouvrir des corridors humanitaires pour les réfugiés les plus vulnérables. En outre, il serait opportun de prévoir des visas temporaires spéciaux pour les personnes qui fuient les conflits dans les pays voisins. Les expulsions collectives et arbitraires de migrants et de réfugiés ne constituent pas une solution adéquate, surtout lorsqu’elles sont exécutées vers des pays qui ne peuvent pas garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux…
Il importe qu’aux migrants « soient accordés la liberté de mouvement dans le pays d’accueil, la possibilité de travailler et l’accès aux moyens de télécommunication…
La Convention internationale sur les droits de l’enfant offre une base juridique universelle pour la protection des mineurs migrants. Il faut leur éviter toute forme de détention en raison de leur statut migratoire, tandis qu’on doit leur assurer l’accès régulier à l’instruction primaire et secondaire. De même, quand ils atteignent l’âge de la majorité il est nécessaire de leur garantir une permanence régulière et la possibilité de continuer des études. Pour les mineurs non accompagnés ou séparés de leur famille, il est important de prévoir des programmes de garde temporaire ou de placement…
L’intégration n’est pas une assimilation, qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle. Le contact avec l'autre amène plutôt à en découvrir le ‘‘secret’’, à s'ouvrir à lui pour en accueillir les aspects valables et contribuer ainsi à une plus grande connaissance de chacun. Il s'agit d'un processus de longue haleine qui vise à former des sociétés et des cultures… D’après le texte de François, évêque de Rome, pour la journée mondiale des migrants et du réfugié, le 14/01/18