Pour que l’Europe et la France accueillent dignement toutes les personnes qui migrent hors de leur pays, non par plaisir, mais par détresse

Publié le par Michel Durand

source de la photo : Le Progrès. Partis de la place de la Comédie à Lyon en métro, les manifestants se sont affranchis du lourd dispositif policier pour s'en aller réquisitionner un bâtiment désaffecté à Villeurbanne, dans le quartier de Cusset. Photo Maxime JEGAT

source de la photo : Le Progrès. Partis de la place de la Comédie à Lyon en métro, les manifestants se sont affranchis du lourd dispositif policier pour s'en aller réquisitionner un bâtiment désaffecté à Villeurbanne, dans le quartier de Cusset. Photo Maxime JEGAT

Dans les années 1970, quand, après les études, je suis entrée dans la vie active, les migrants étaient essentiellement portugais. Il y eut au paravent des habitants d’Afrique du Nord, et avant eux des Espagnoles, des Italiens, des Polonais. 

Aujourd’hui, les migrants sont issus de pays très divers ; ils viennent en France, en Europe, de toutes les régions du monde, même si l’on note une forte proportion issue d’Afrique et du Proche et Moyen-Orient. 

Je note en France, deux clans. Les pro-migrants et anti-migrants.

Les anti-migrants, selon le schéma traditionnel des partis politiques, sont de droite et d’extrême droite. Les pro-migrants seraient plutôt de gauche et d’extrême-gauche. Cette « classification », droite-gauche, me semble encore valable malgré toutes les critiques que l’on peut lui adresser. 

Parmi les pro-migrants, je note trois catégories. 

1 - Celle des partisans d’une obéissance légale vue comme loyale aux décisions de l’État. Dans ce groupe on pense que l’obéissance est nécessairement due au gouvernement sous peine d’anarchie dans le non-respect du Droit.
Je vois deux raisons à cet attachement étatique :
Il n’est pas possible de ne pas tenir compte des lois qui ont été votées par des membres légitimement élus. 
L’État donnant des subventions à des organismes reconnus pour leurs tâches d’accueil des personnes migrantes, il n’est pas possible de questionner les gouvernants, car les ressources financières risquent d’être coupées. 

 2 - Celle des partisans de réformes toujours possibles dans un état démocratique. Il s’agit d’agir avec les lois et de les faire évoluer. On croit (avec certitude) pouvoir faire bouger les lignes légales dans le sens d’un accueil humain des migrants. On reconnaît que cela prend beaucoup de temps, mais on juge l’évolution possible.
C’est le chemin que prennent de nombreuses associations qui ne désespèrent pas l’obtention de lois plus favorable aux causes qu’elles défendent. On est en démocratie. Tout en dialoguant avec les gouvernements certaines de ces associations ne se privent pas d’interroger les gouvernements en disant ce qui, selon leur sensibilité humaine, leur philosophie et connaissance de la Loi, ne respecte pas les droits fondamentaux de l’homme.

3 - Celle des déçus de l’inertie des Gouvernements. Constatant que les rendez-vous pris par les associations avec les représentants de l’État ne mènent à rien, les militants de cette tendance mènent des actions directes en faveur des migrants. Ils sont souvent jeunes, très jeunes même. Ils rêvent, comme l’a dit un membre de la tendance au dialogue avec l’État, d’un grand soir et ne comprennent pas, n’acceptent pas les nécessaires lenteurs du dialogue avec les pouvoirs publics. L’article de Dominique Menvielle, paru dans Le Progrès du 17 décembre 2017, illustre bien mon propos : « Et tandis que le collectif « Ensemble ! 69 » était présent à une manifestation "pour rappeler l'urgence que la République française respecte les droits fondamentaux des migrants, qu'ils soient en situation régulière ou non", une partie des forces vives - parmi les plus jeunes - s'est brusquement éclipsée dans le métro pour rejoindre le quartier Cusset à Villeurbanne. Là, au 12 rue Baudin, face à la caserne des sapeurs-pompiers, un immeuble portait déjà la banderole "Réquisition". "Cela fait 48 heures qu'il est occupé. Nous allons produire les preuves à la police et attendre encore 48 heures pour sécuriser le lieu”, expliquait Élise, étudiante. "Des centaines de personnes, enfants compris, dorment dehors chaque nuit à Lyon […] Face à l'inertie de l'État, nous avons décidé d'occuper les lieux pour en faire un logement pérenne", a souligné le groupe à la manœuvre. Le tènement vacant, propriété de la Métropole, a déjà servi de lieu d'hébergement dans le cadre du plan Froid, les hivers précédents. C'est ici que sera aménagé le futur collège Cusset. »

 

Mon point de vue

Il m’arrive de m’accorder avec cette troisième tendance. Je me dis que, quand la confiance n’est plus possible avec des élus, la désobéissance civile est requise. Encore faut-il avoir bien réfléchi avec d’autres sur les raisons qui poussent à la désobéissance. Celle-ci ne peut se faire ni individuellement ni secrètement. Concertée avec un grand nombre, elle demande d’assurer ses propres bases après avoir observé et analysé les causes qui la rendent nécessaire. 

 

L’intégralité de l’article de Dominique Menvielle

La manifestation pro-migrants se termine par une réquisition
Organisé par les "occupants de l'Am-phi C", un rassemblement de soutien aux migrants a réuni 200 personnes à Lyon samedi, pendant que s'organisait la réquisition de logements vacants.
Interdite par la préfecture, la manifestation a mobilisé plus de policiers -près de 400 hommes- que de militants et sympathisants. La crainte de débordements était forte, en effet, dans un contexte tendu. Jeudi, l'université Lumière Lyon 2 qui avait demandé l'évacuation de son amphithéâtre occupé par des migrants, a obtenu gain de cause devant la justice. Organisé en réaction à cette décision, le rassemblement de la place de la Comédie, devait, de surcroît, voir converger des antifascistes et anticapitalistes. privés, eux-aussi, d'un rassemblement qui se tiendra quand même ce dimanche (*). Enfin, pour ajouter à la confusion, des groupes d'extrême droite avaient laissé entendre, quelque temps avant l'heure, qu'ils pourraient s'inviter. Contre toute attente, le cocktail qui s'annonçait détonnant a, donné lieu à un rassemblement « plan-plan » même si quelques tensions avec les forces de l'ordre ont été enregistrées dans des rues adjacentes.

« Face à l'inertie de l'État »

« Comment vont tes réfugiés Agnès ? », questionnait une participante. Car Agnès, membre du Parti communiste depuis ses 20 ans, s'occupe chaque jour de familles qui dorment sur l'esplanade Mandela à Lyon. « Mes réfugiés, ils grelottent. C'est de la survie puisqu'on ne les accepte même plus dans le dispositif Grand froid », s'insurgeait l'ancienne infirmière,
Et tandis que le Collectif « Ensemble ! 69 » était présent pour « rappeler l'urgence que la République française respecte les droits fondamentaux des migrants, qu'ils soient en situation régulière ou non ». une partie des forces vives - parmi les plus jeunes - s'est brusquement éclipsée dans le métro pour rejoindre le quartier Cusset à Villeurbanne. Là, au 12 rue Baudin. face à la caserne des sapeurs-pompiers, un immeuble portait déjà la banderole « Réquisition ». « Cela fait 48 heures qu'il est occupé. Nous allons produire les preuves à la police et attendre encore 48 heures pour sécuriser le lieu », expliquait Élise, étudiante. « Des centaines de personnes, enfants compris, dorment dehors chaque nuit à Lyon […] Face à l'inertie de l'État, nous avons décidé d'occuper les lieux pour en faire un logement pérenne », a souligné le groupe à la manœuvre. Le ténement vacant, propriété de la Métropole, a déjà servi de lieu d'hébergement dans le cadre du plan Froid, les hivers précédents. C'est ici que sera aménagé le futur collège Cusset.

Dominique Menvielle, 17/12/2017 à 06:51

1) Place Raspail à 12 heures ce dimanche 17 décembre.

 

 

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