Pauvreté, sainteté, vérité égalité, fraternité. Le partage des revenus passe par le don volontaire en plus des impôts -hors paradis fiscal.
Tous les chrétiens sont appelés à la sainteté. Est-ce que cela ne signifie pas que, baptisés, nous sommes tous invités à vivre radicalement le message de l’Évangile ?
Nous sommes tous appelés à accomplir au mieux ce que demande Jésus Christ :
Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas.Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. 1 Jean 4, 19-21)
L’Assemblée des chrétiens est une famille où chacun a le souci de prendre soin de l’autre.
Est-ce un idéal ecclésial inatteignable ? Les premiers pas de la communauté des disciples du Christ pourraient nous le faire penser.
La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés. (Actes 2, 43-47)
Je me pose alors la question : quelle égalité, quelle forme de distribution, de redistribution des revenus devrions-nous mettre en place dans l’espoir de rejoindre l’idéal de fraternité ecclésiale ?
Il me semble que, pour répondre à cette question, il faut déjà que dans chaque famille, dans chaque communauté religieuse existe une claire connaissance de ses dépenses et ressources. Il est question de ne pas sombrer dans la misère, dans la dépendance des biens d’autrui. Il est question de répondre à tous les besoins quotidiens et pour cela regarder avec lucidité l’état de ses revenus. Celui qui hérite de grands biens, terres, immeubles, actions… ne peut gérer ses revenus de la même façon que celui qui n’a aucun héritage. Ne doit-on pas du reste interroger la légitimité de l’héritage ?
Parlons également des revenus mensuels par personne. Nous entendons dire que les uns gagnent 1 000 € par mois, alors que d’autres gagnent 15 000 €. Le chrétien dont les revenus mensuels, même éloignés de ces 15 000, s’en approchent ne doit-il pas envisager une redistribution. Autrement dit, et sous une forme moins parabolique, chaque disciple du Christ rencontre l’invitation à faire la clarté sur ses revenus. Avouons que ce n’est pas facile. Et pourtant, faire le point sur son argent afin de le redistribuer à bon escient relève absolument de l’obligation chrétienne du partage.
Levant les yeux, Jésus vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve misérable y mettre deux petites pièces de monnaie. Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Luc 21,1-4)
De l’équilibre entre l’amour de l’argent et la désinvolture
Situé dans son contexte du XIXe siècle, l’enseignement du Père Antoine Chevrier me semble bien convenir pour aujourd’hui. Dans le Véritable disciple, page 239-240, Une page idéale pour conduire en groupe de chrétiens une révision de vie propice à obtenir des changements de modes de vie.
- L'amour de l'argent.
Sous ce mot, on comprend l'amour des biens de la terre.
Notre Seigneur condamne cet amour de l'argent et des biens de la terre, quand il dit que personne ne peut servir deux maîtres ; ou on aimera l'un et haïra l'autre ; on s'attachera à l'un et méprisera l'autre ; on ne peut servir Dieu et l'argent". (Mt. 6,24, Lc. 16,13)
Ce qui peut s'appliquer aussi à l'amour des créatures, et à l'amour de soi-même.
Parce que, là où est votre trésor, là aussi est votre cœur.
À quoi on reconnaît que l'on a l'amour de l'argent.
On le reconnaît quand on est désireux et avide d'en acquérir,
Quand on est inquiet dans sa possession et triste, désespéré en le perdant.
Explication.
Avide d'acquérir.
Inquiet en possédant.
Et triste en le perdant.
Mauvais effets que cet amour fait sur nous-mêmes.
Celui qui est avare et qui est possédé par l'amour de l'argent est inquiet, sombre, soucieux ; donc froid, insensible aux malheurs des autres.
Excuse de l'avare.
Économie, prudence.
- Autre défaut opposé à l'amour de l'argent.
Le défaut opposé à l'amour de l'argent est l'insouciance et la prodigalité; sans économie, sans ordre, dissipe les biens de Dieu, abuse des dons de Dieu.
Gens qui n'ont jamais gagné leur vie, qui ne savent pas ce que c'est que de vivre, comme on dit dans le monde ; ils sont dépensiers, larges sans raison; ils ruinent les maisons, ils apportent leur défaut de prodigalité dans les maisons où ils sont et ruinent les maisons où ils sont comme ils ont ruiné la leur si les supérieurs ne mettent ordre ; prodigue dans l'argent, prodigue dans les aliments, dans le linge, dans le chauffage, l'éclairage ; prodigue dans les ouvriers, font faire et défaire sans raison, sans motif, au plus une petite apparence. Ils appellent ça de la largeur, de la charité, il faut appeler ça du désordre et de la prodigalité... Laisse traîner, n'a souci de rien, ne ramasse rien insouciant, le contraire de l'avare.
"In medio stat virtus ». ( La vertu est au milieu. Adage)
La vertu de pauvreté doit diriger notre conduite par rapport aux biens de la terre.
Ms XII 46 - Nous trouverons dans la pauvreté évangélique les règles à suivre qui détruisent l'amour de l'argent.