Carême. Conversion de l’Église. Notre (ma) conversion pour dans la paix et le calme serein passer de l’ignominie à la Lumière de la Vérité
Nous entrons en Carême. L’Église dans son humanité terreuse ne peut voiler ses déshérences. Comment espérer ? Comment ne pas désespérer ?
Je pense que ce sera là tout le travail à accomplir pour obtenir la pleine résurrection de la nuit pascale. Nuit du passage de la glaise à la lumière.
Dans l’église Saint-Merri à Paris, j’ai photographié « le Christ aux outrages », sculpture de Pierre De Grauw. En voyant la force de cette œuvre, j’ai été choqué par l’abandon qui marquait sa présentation. Signe d’une « Humanité » à l’abandon ?
Je repense aux nombreux articles que nous lisons sur les migrants. Ils crient. Qui les entend ? Nous ? Mais, alors qu’arrivons-nous à faire pour répondre à leur juste et digne demande d’accueil respectueux ? Le texte que j’ai lu accroché au côté de la sculpture alimente ma méditation.
Pierre de Grauw a écrit :
« Dans les années 75 à 80, deux sculptures, monumentales, occupaient mon atelier.
L’une représentait « le Christ aux outrages ». Je l’avais d’abord créée en plâtre, puis réalisée à l’identique en cuivre soudé et martelé.
L’autre, plus récente, exécutée suivant la même technique, représentait un homme qui crie de toutes ses forces son indignation et sa révolte. Je l’avais intitulé « le Cri ».
Un jour où je découvris que l’une des deux sculptures n’était pas moins religieuse que l’autre : l’homme qui crie de toutes ses forces en face de la bassesse abimant la dignité humaine, cet homme ne crie-t-il pas comme Jésus de Nazareth ? Jésus ne craignait pas d’élever la voix contre les autorités religieuses qui mettaient des charges intolérables sur les épaules des pauvres gens. Il reprenait sévèrement les pharisiens qui voulaient lapider une femme adultère : que celui qui est sans péché jette la première pierre !
Il proteste, il crie sa révolte contre tous ceux qui font souffrir l’autre d’une façon injustifiable.
Mais quand il souffre lui-même, il se tait, il se retire dans le silence : C’est le Christ aux outrages, majestueux, digne, paisible et grandi par une force intérieure insoupçonnable.
Les deux personnages sont habités de la même force. Ce sont les deux temps d’une même protestation : l’une dans la voix, l’autre dans le silence. »
Texte lu dans l’église Saint-Merri, Paris
Carême s’ouvre dans ce cri de Job.
L’artiste hollandais Pierre de Grauw a légué son oeuvre à la ville de Pont-Scorff (Morbihan) en échange de sa mise en valeur, depuis 2012 au musée "Espace Pierre de Grauw". C’est là que nous découvrons la démarche artistique et spirituelle du sculpteur Pierre de Grauw autour du bois de traverse de chemin de fer – arbre de vie – et de la Bible, sa source d’inspiration.
Une production : CFRT/ France télévisions