Cette lente dégradation des rapports entre les personnes qui pourtant devaient et devraient être bons, fondateurs et aimables…
Je reçois ce courriel :
bonjour Michel, voici ci-dessous un texte écrit cette nuit - à publier ! Merci.
Jean-Marie.
Je venais de pénétrer dans cet édifice de tout premier ordre, au sein de la Cathédrale de Sens, dans le département de l'Yonne.
Je n'avais pas fait plus de dix pas lorsque j’aperçois un homme, filant la tête basse, sur le bas-côté gauche de l'édifice ; comme j'aime les contacts humains, je m'approche de lui, le salue, et lui demande en guise d'introduction l'horaire de la Messe de ce dimanche matin.
Nous entamons la conversation : l'homme que j'ai en face de moi est d'assez petite taille, pas très costaud, il est d'à peu près mon âge, visiblement… il est pauvre, marqué… son odeur est forte – et j'ai tout de suite aimé son regard : doux. Ouvert. Bienveillant.
C'est lui qui parle, qui me parle, principalement… je l'écoute ; il est au RSA, tout comme moi ; il exerce des petits boulots de dépannage et de survie… il fait partie des Gens du Voyage.
Et je ne sais pas comment vont les passerelles en nos pensées – comment vont les associations d'idées en nos âmes et esprits – mais je pense à présent bien naturellement à ces très nombreuses personnes, ici en France – pour ne parler que de la France, bien entendu – qui souffrent, qui désespèrent !… qui souffrent de la pauvreté, de la précarité, de la mise à l'écart… à la poubelle, de la mise au rebut !… De toutes ces personnes qui finissent par ne plus avoir d'avenir et d'existence digne de ce nom – c'est à dire véritablement ouvert et porté vers le bonheur partagé.
Comment en est-on arrivé là ?… Voilà bien plus de 20 ans… peut-être 30, que je me pose cette question, toujours cette question, inlassablement cette question… Cette lente dégradation des rapports entre les personnes qui pourtant devaient et devraient être bons, fondateurs et aimables…
Et me reviennent ces images – ces vidéos – visionnées sur Internet il n'y a que quelques jours, et en rapport avec les manifestations récentes des Gilets jaunes : à plusieurs reprises, j'ai vu des hommes ou bien des femmes portant le gilet jaune, jeunes pour la plupart, semblant totalement inoffensifs, non armés, le visage découvert, isolées et non en groupe… se faire littéralement massacrer !… C'est à peu près toujours le même scénario… les Forces de l'ordre observent le cortège, il choisissent un manifestant ne présentant aucun danger pour aux… lui foncent soudainement dessus à 5… 7 ou bien 10 contre un – et finissent par littéralement le massacrer alors que la pauvre victime est déjà tombée au sol, absolument inoffensive et tétanisée par la peur et l'effroi.
Comment a-t-on bien pu en arriver là ?!
Je vous pose aussi la question, naturellement...
La personne est ensuite rapidement immobilisée… le sang coule sur le sol – et puis elle est emmenée.
Voilà ce que je voulais dire.
Et ce que je peux dire, encore, et au sujet de Sens, c'est que j'ai trouvé une ville fortement touchée par la pauvreté… Ce dimanche 5 mai, il y a avait un Vide-greniers Rue du Général de Gaulle… des babioles à vendre, le plus souvent, objets de peu de valeur… des badauds sans le sou… des gens qui errent aussi et par ailleurs au creux des rues... la pauvreté, et la précarité, oui.
Sens – comme pas mal de villes de province – a perdu bon nombre des ses industries au cours de ces années passées.
Le travail se fait rare.
Alors que Michel s'était posté en Portait Sud de la Cathédrale Saint-Étienne pour faire la manche, nous échangeons encore un peu touts les deux… je lui demande s'il ne souhaite pas que je le photographie… il me répond que non, avec un sourire, gentiment… je monte alors l'objectif au-dessus de lui… la pierre... la rosace de pierres et de verre mélangés : vous avez la photo !
La Beauté et la Bonté l'emporteront toujours – toujours...
Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 7 mai 2019