Soit il restait, et il risquait de sombrer et de mourir, soit il lui était donné de se refaire une vie, de redémarrer quelque chose de beau

Publié le par Michel Durand

Soit il restait, et il risquait de sombrer et de mourir, soit il lui était donné de se refaire une vie, de redémarrer quelque chose de beau

De Jean-Marie :

Hello, Michel, pour les lecteurs d’En manque d’Église, un autre texte, aujourd'hui...

Bien amicalement. Jean-Marie.

 

Les routes des Solex

source de l'image

Comme les routes des Solex sont bonnes, et chouettes… à emprunter un petit moteur en avant et tout pétaradant, mais encore à sillonner pour aller en acheter…

Je m'explique : c'était il y a un peu moins de deux semaines.

J'avais trouvé sur le site Leboncoin un engin de la marque, un '2200', dans la Nièvre… et je compris, sur les indications de mon vendeur, que c'était aux fins fonds de ce département, au large de la petite ville de Clamecy, dans le secteur de Villiers-sur-Yonne, qu'il me fallait me rendre.

Bon, le décor est planté.

Je prends la route, suivez-moi… et quelle belle route !

Saint-Amand-en-Puisaye… Bouhy… Corvol-l'Orgueuilleux… , une route si souvent de campagne, traversant bois et champs, montant et descendant à l'approche du Morvan… une route, également, proposant des vues de pauvreté et d'abandon : tant et tant de maisons à vendre, de toits parfois éventrés par faute de descendants solvables, ou de personnes qui puissent correctement les entretenir... bref, parvenant à destination, l'homme était justement en train de sortir devant chez lui la mécanique noire à deux roues rayonnées.

J'ai tout de suite aimé cet homme – éprouvé une réelle sympathie pour lui, une véritable compréhension intérieure qui est vite devenue réciproque, je crois.

Alors que nous faisions le tour du véhicule, il me parlait – je lui avais en effet demandé pourquoi, pour quelle(s) raison(s) il s'était retrouvé là, dans un bled aussi paumé, retiré de bien des choses… et il m'avait alors parlé un peu de sa vie, comme ça, tout naturellement, comme on le fait à un ami : il avait quitté la Région parisienne, la banlieue, les grandes cités comme on dit… il ajoutait que cela avait été pour lui presque une affaire de vie ou bien de mort : soit il restait, et il risquait de sombrer comme certains de ses copains, de sombrer dans les trafiques en tout genre, dans la violence, dans la drogue également… et de mourir, encore, comme certains de ses copains – ou bien il lui était aussi donné la possibilité de se refaire une vie, de redémarrer quelque chose de beau, de neuf, de nouveau, loin de tout ce qui peut saccager la personne humaine : et c'est cette option, ce choix qu'il a courageusement entrepris. Je dis bien : courageusement, car il en faut, du courage – beaucoup de courage ! – pour entreprendre ce genre de revirement, de conversion pourrait-on dire avec plus de précision, encore.

J'étais dans l'admiration de cet homme que j'avais en face de moi… il était pourtant si simple, sobre, réservé dans ses dires… modeste.

Nous étions bien ensemble.

Il m'a aidé à charger l'objet pour lequel j'avais fait tout de même le déplacement – et j'avais presque du regret à le quitter aussi promptement, aussi rapidement.

Je lui ai promis de lui donner des nouvelles de la bête au fur et à mesure de sa réfection, de sa restauration.

Telles sont les rencontres en nos vies, qui nous rendent parfois un peu plus intelligents, un peu moins cons – je parle ici et bien naturellement de l'intelligence du cœur…

 

Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 8 mai 2019

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