L’unique but est de rassurer les petits, et de réveiller celles et ceux qui pensent ne rien avoir à se reprocher et qui se pensent justes
Lorsqu’on pense au baptême, on pense à Jean Baptiste ou au sacrement d’initiation chrétienne, mais dans la Bible, le verbe « baptiser » n’a pas qu’une signification religieuse.
Au contraire, il veut dire plonger ou tremper quelque chose dans un liquide… Lire la suite.
Lecture du prophète Isaïe : 11. 1 à 10 : Il jugera les petits avec justice
Psaume 71 : En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des temp
Lettre de Saint Paul aux Romains : 15. 4 à 9 : Le Christ sauve tous les hommes
Évangile selon saint Matthieu : 3. 1 à 12 : Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche
Nous allons essayer d’entrer pleinement dans ce texte d’Évangile, de l’adopter pour le faire vraiment nôtre. Que veut-il nous dire ?
Surtout, il ne faut pas le prendre uniquement comme une parole ancienne qui nous raconterait une histoire originale du passé. Nous devons nous sentir directement concernés. C’est à chacun de nous que Jean le Baptiste s’adresse : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est proche ». Et, il importe de formuler intérieurement cette demande : en quoi ai-je besoin de me convertir ?
Alors que plein de monde se trouve en manifestation parce que le Monde va mal, cette situation pourrait être l’objet d’une réunion, type « révision de vie » où serait observé ce que nous vivons pour en découvrir « les signes des temps ». Je cite Vatican II (L’Église dans le monde ce temps) :
« Mû par la foi…, le peuple de Dieu s’efforce de discerner dans les évènements, les exigences et les désirs auxquels il participe avec les autres hommes de notre temps, les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu. La foi, en effet, éclaire toutes choses d’une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l’homme, orientant ainsi l’esprit vers des solutions pleinement humaines » (GS 11).
« Une voix crie »
Quand, protégé par les institutions, le mensonge s’installe, quand le dialogue n’est plus possible parce que l’autre « dit et ne fait pas », la parole devient impossible. Mais, le cri demeure. Ainsi Jean le Baptiste.
Alors qu’il commence sa prédication, l'occupation romaine dure depuis environ 90 ans. Le roi Hérode, juif mis en place par les Romains, est unanimement détesté. Les partis religieux, pharisiens, sadducéens sont divisés et avancent des théories savantes qui ne cachent pas leur hypocrisie. En politique, mais tout est politique, il y a les collaborateurs et les résistants aux Romains. On ne sait plus où est la vérité.
Dans ce contexte le prophète Jean-Baptiste, à la demande de Dieu, proclame son message de conversion. Il le signe par le geste du baptême à la façon des ablutions de Qumrân.
Jean le baptiseur vit dans la région désertique de Judée qui se trouve entre le Jourdain et Jérusalem et revit ce que firent les prophètes invitant à se mettre à l’école du peuple Israël vivant au désert pendant l’Exode, se laissant façonner selon le modèle de l’Alliance avec Dieu. Grâce aux fiançailles de l’humanité avec Dieu, une nouvelle terre jaillira où tout est paix, même entre les êtres naturellement les plus hostiles : « le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ».
Semblable aux prophètes de l'Ancien Testament par son vêtement, sa nourriture, sa prédication (ne serait-il pas Élie revenu ?) il a, comme eux un langage, doux et encourageant pour les humbles, dur et menaçant pour les orgueilleux. On ne fait pas dans la nuance ; il faut se faire comprendre. L’unique but, en effet, est de rassurer les petits, et de réveiller ceux qui pensent ne rien avoir à se reprocher ; ceux qui se pensent justes. Il faut attirer l’attention sur les comportements incohérents.
« Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion ».
Dire « engeance de vipères » revient à dire « vous êtes de la même race que le tentateur, le “diviseur” du Paradis terrestre ». Hypocrite ! Satan !
Je pense à ce que l’évêque de Rome, François, a dit ce 2 décembre à un groupe de 200 entrepreneurs français venu à Rome dans le cadre du Voyage du Bien commun organisé pour responsabiliser ces chefs d’entreprise et cadres à la responsabilité local. Il les a exhortés à des “changements concrets d’habitudes et de style” pour “éduquer le monde du travail à un style nouveau”. Il faut “une conversion écologique ” qui ne peut être séparée de la conversion spirituelle, qui en est la condition indispensable”.
Les auditeurs de Jean Baptiste sont habitués au langage des prophètes. Ils savent qu’il ne s’en prend pas à des personnes ou à des catégories de personnes, mais à des manières d'être. Jean-Baptiste annonce donc le jugement comme un tri qui se fera non pas entre des personnes, mais à l'intérieur de chacun de nous. Pour cela il emploie l'image du feu : tout ce qui est mort, desséché, dans nos manières d'être, sera coupé, brûlé... À la suite de ce tri, les bonnes branches pourront mieux se développer dirait un jardinier.
Et nous revoilà dans la pédagogie de l’écoute des signes des temps pour fonder notre désir de conversion sur une perception précise de la culture actuelle de notre monde.
Depuis le 5 décembre, dans l’oubli généralisé d’un 8 décembre marial, une foule déambule dans les rues centrales de Lyon. Que viennent chercher tous ces gens ? L’illusion des illuminations techniquement sophistiquées ? Le prestige d’une ville qui se vend aux plus offrants ? Le luxe actuel et futur de ses palaces pour en mettre plein la vue aux visiteurs – songeons à l’Hôtel Dieu (destinés à l’origine à accueillir et soigner les très pauvres), devenu commerces de luxe.
En un mot :
Jean le Baptiste nous invite à revivre notre baptême, dans la réflexion, afin que nous produisions un fruit qui exprime notre conversion. Tel est l’engagement du disciple du Christ en ce temps d’Avent.