À Capharnaüm, une ville qui n’a pas bonne réputation, Jésus est au milieu de toute sorte de gens. Il est à l’aise dans ce mélange désordonné
Ensemble, ces documents ne peuvent que se parler. manif retraite au 15/01/2020, © G. Oiry et Saint Jean Baptiste, de Rogier Van der Weyden (1450), volet gauche du Triptyque de la famille Braque.
source la peinture avec l'article de La Croix à lire, me semble-t-il.
« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 3.5-6)
Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. (Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
« À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (1 Co 1, 1-3)
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29-34)
Voici l’agneau de Dieu qui vient enlever le péché du monde.
Je souhaite tracer, suite à cet évangile, un profil de Jésus. Qui est Jésus ? où va-t-il ? Que fait-il ?
Jean et Jésus sont cousins. Nous savons que Marie a rendus visite à Élisabeth, sa parente, enceinte de Jean dans sa vieillesse (Lc 1,36). Il semble évident que les deux enfants aient joué ensemble. Adolescents ils devaient échanger sur le monde tel qu’il est. Que vont-ils faire quand ils seront adultes ? Jean, suivant les traces d’Isaac, de Samson, de Samuel, et des prophètes invitera dans le désert à la conversion. Jésus s’immergera dans les villages et les villes pour annoncer que la liberté et le bonheur -le Royaume- est offert à tous et à toutes. Ont-ils conscience dans leur jeunesse de la différence de leur vocation ? Il me semble qu’ils ne peuvent qu’en parler entre eux, car leurs parents ne pouvaient cacher leur naissance respective hors norme.
Nous savons qu’ils ne vivaient pas dans la même région. La famille de Jean résidait dans une partie de la Judée, l’un des onze cantons proches de Jérusalem. La famille de Jésus avait opté pour une ville au nord du pays, en Galilée, par crainte du fils d’Hérode, Archélaüs, qui régnait alors sur la Judée. Ayant le souvenir du massacre de nombreux enfants par Hérode, en quittant l’Égypte où ils avaient migré, ils vinrent habiter dans une ville appelée Nazareth, loin d’Archélaus. Donc Jean et Jésus ne se voyaient pas tous les jours, mais peut-être au moment des fêtes, des rassemblements familiaux. Ils savaient avoir quelque chose en commun sans posséder la connaissance de tout. Ainsi Jean, accomplira sa mission de baptiseur à l’est du Jourdain, sud-est de Jérusalem près de la ville de Béthanie, à 9 km au nord de la mer morte. On le pense proche de la spiritualité de Qumran : fuir la ville, les impuretés du monde et des affaires. Il ne savait pas que Jésus allait s’immerger au milieu des hommes pour leur apporter toutes libérations. C’est au moment où il accepte de plonger Jésus dans l’eau du Jourdain qu’il découvre que son cousin Jésus, maintenant adulte, est l’envoyé de Dieu, le Messie, le Fils de Dieu venu enlever le péché du monde.
« Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
« Jean réalise que Jésus est le Messie et qu’il a une mission libératrice. Il est l’agneau de Dieu qui enlève les péchés des hommes. Le sang de l’agneau avait libéré le peuple en Égypte. (Exode. Moïse ). Par comparaison, Jésus est l’agneau libérateur qui délivre les hommes de leur incapacité à connaître Dieu (André Sansfaçon).
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».
Notons bien :
Dans la langue araméenne, le mot agneau est le même que le mot serviteur. Jésus est tout aussi bien l’agneau que le serviteur de Dieu. Contrairement à l’agneau du sacrifice de l’Ancien Testament qui avait libéré les personnes d’un peuple en particulier, Jésus est l’agneau libérateur de tous les êtres humains et de tous les peuples. Sa mission de serviteur est universelle et elle s’adresse à tous » (André Sansfaçon).
Et il peut le faire, car il est Fils de Dieu. Jean a vu. Il rend témoignage.
Notons également que les quatre évangélistes rapportent ce fait : si Jean ne baptise que dans l’eau, Jésus lui, plonge dans l’Esprit Saint.
« Cela se passa à Béthanie où Jean Baptisait ». (Jn 1,28)
Regardons maintenant ce que Jésus, adulte, envoyé par le Père en Mission sous le regard du Baptiste, va faire.
Quand Jésus apprit que Jean a été emprisonné, il se retira en Galilée. D’abord à Nazareth. Puis à Capharnaüm au bord de la mer dans les territoires de Zabulon, et de Nephtali.
« À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « convertissez-vous : le Règne des cieux s’est approché ». (Mt 4,17)
Jésus n’est pas un prêtre. Il ne renforce pas l’équipe des fonctionnaires cultuels du temple de Jérusalem. Il n’est pas serviteur d’une synagogue. Quand il prend la parole un sabbat dans ce bâtiment, c’est qu’on l’a invité à lire un passage, par exemple celui du Prophète Esaïe.
« L’esprit du Seigneur est sur moi… pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres… proclamer aux captifs la libération » (Lc 4,18ss)
À Capharnaüm, une ville qui n’a pas bonne réputation, Jésus est au milieu de toute sorte de gens. De fait, c’est une de ville frontière où toutes les diversités s’expriment, où les exclus de la société peuvent quand même vivre le moins mal possible. En ce lieu, Jésus ne se contente pas d’observer la maladie, la misère. Il soigne, guérit, réintroduit dans la société. Par exemple, au lépreux guéri il dit : « va te montrer aux prêtres ». Ce sont eux qui peuvent reconnaitre sa guérison et le relever de l’excommunication. (Mt 8,1ss)
Jésus, habitant alors dans la maison de Simon-Pierre, est à l’aise dans cette ville Capharnaüm qui donne à penser à bazar, désordre, mélange. François dirait aujourd’hui que Jésus a pris la route de la périphérie. Il chemine avec les gens qui sont en recherche de vérité, de libération, de bonheur, de justice… En conséquence : ne pas avoir peur de ses salir sur les chemins.
Les vais chrétiens «n’ont pas peur de se salir les mains et les vêtements lorsqu’ils se font proches» des autres. (François lors de son homélie à la résidence Sainte-Marthe le 8 octobre 2018)
Regardons maintenant, même rapidement, comment traduire notre lecture de l’Évangile dans le quotidien. Je n’ai pas le temps de développer cet indispensable partie de l’homélie, mais, ne sommes-nous pas invités à trouver par nous-mêmes les lieux de concrétisation ? Je dirigerai ainsi le regard vers ce qui se dit à propos des abus de pouvoir dans l’Église. Notre semaine lyonnaise est bien chargée. * Et comment ignorer, le jeu de prélats, de chrétiens œuvrant contre l’évêque de Rome.° Et comment ne pas se réunir entre chrétiens actifs pour y voir plus clair sur toutes les questions de la réforme des retraites ?
Et comment ne pas s’interroger quand un samaritain du XXIe siècle est convoqué au tribunal pour délit de solidarité ? ** Sur tous ces points, je trouve que notre Église est bien trop silencieuse. Nous l’évoquions mardi dernier à la rencontre que nous avons eu au Prado avec Dominique Greiner à propos de l’invitation : Réparons l’Église. ***
À la suite du Baptiste, fortifié par l’eucharistie, désignons Celui qui est venu enlever le péché du monde et œuvrons avec Lui, le Sauveur, le Fils de Dieu.
des faits pour une invitation à méditer, réfléchir et agir 15/01/2020
Voir également : Peut-on obéir à des décideurs qui ne connaissent pas le réel de la vie des citoyens, les conduisant dans une vie humainement appauvrie ?