L’eucharistie est ordonnée à la charité. Notre piété eucharistique ne sera authentique que si elle accompagne la charité et la diaconie
J’ai lu ce matin une page de Patrice de Plunkett et une page de René Poujol. Ces textes sont dans la ligne de ma méditation d’hier. Je tiens à vous les partager.
Rene Poujol : « Bref, plus qu’au déconfinement de nos églises, c’est au déconfinement de l’Église elle-même que nous sommes invités. Là est l’urgence. C’est sur ce chantier que nous attendons une parole prophétique de nos évêques. L’Église d’Allemagne a su s’engager dans un processus synodal plein de risques et de promesses. La conscience amère de leurs désaccords dissuadera-t-elle les évêques de France d’oser un tel dialogue, libre, généreux et ouvert avec l’ensemble des baptisés ? Alors même que « l’après » – c’est-à-dire l’avenir – de notre humanité commune est à construire ? «
Patrice de Plunkett donne à lire la lettre aux baptisés de la Somme sur l'absence de messes de Mgr Olivier Le Borgne, évêque d’Amiens : « Le Corps eucharistique, celui du Seigneur Jésus ressuscité réellement présent dans les saintes espèces comme celui qu’il constitue en faisant de nous ses membres, est un Corps livré. L’eucharistie est toujours ordonnée à la charité. Le développement de notre piété eucharistique ne sera authentique que si se développent en même temps la charité et la diaconie. En ces temps difficiles, cela prend une force toute particulière. Et nous convoque. Que l’Esprit saint nous y prépare ».
Pour Patrice de Plunkett - Mgr Olivier Le Borgne, suivre ce lien
J’ai déjà cité René Poujol
Son texte est en PDF, fichier joint en fin de page. Il est important d’y revenir, car depuis, il a apporté un complément (sous le titre « Bonus ») et les commentaires ont leur importance.
Je cite encore (et finalement) Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne. Dans un entretien publié dans le quotidien La Croix, il dit à Claire Lesegretain, suite à la question : « En métropole, de nombreux évêques, prêtres et fidèles s’impatientent de pouvoir reprendre les messes avant le 2 juin : qu’aimeriez-vous leur dire ? »
« Cette fixation ne me paraît pas saine ; je la trouve même un peu immature. Dès le début du confinement, j’ai dit à mes frères « nous partons au désert », en leur citant le prophète Osée (Os 2,16). Dieu est en train de nous parler dans ce désert qui se prolonge. Rappelez-vous l’exil à Babylone, quand le peuple hébreu avait perdu le Temple, les sacrifices et le travail des prêtres. Le peuple n’avait plus que la Parole et les prophètes (tels Ézéchiel, Jérémie et le second Isaïe, avec les chapitres 40 à 55) et ce sont eux qui les ont aidés à vivre spirituellement ce temps d’exil comme un temps de conversion. Ce temps de confinement est le moment d’entrer davantage dans la Bible (1) : c’est donc une chance. Et puis, qu’est-ce que deux semaines de plus ou de moins ?
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J’ai rappelé à mes diocésains que nous vivons très temporairement ce que 150 millions de chrétiens – toutes confessions confondues – vivent habituellement parce qu’ils sont persécutés. Ce confinement est donc aussi une occasion de vivre en solidarité avec ces chrétiens qui sont dans l’impossibilité chronique de célébrer, ce qui ne les empêche pas de vivre leur foi. Comme disait Thérèse de Lisieux : « Quand on peut avoir les sacrements, c’est bien ; quand on ne peut pas les avoir, c’est bien aussi ! »
Enfin, je dirais que nous pouvons vivre ce mois de mai au Cénacle, en restant en prière avec Marie, comme le pape François nous y invite, dans l’attente patiente que l’Esprit saint vienne nous saisir. Nous savons que le déconfinement se prépare, alors que les risques d’une seconde vague de contagion sont très possibles et que nous allons devoir vivre avec ce virus pendant encore de nombreux mois. L’épisode des disciples d’Emmaüs nous rappelle que sans le pain de la Parole, le pain eucharistique devient incompréhensible ».