Le Ressuscité assure sa présence au cœur de chaque personne. Il se rend présent à qui s’ouvre à la réalité de Dieu. Orientation d’électeurs
Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu (2 R 4, 8-11.14-16a)
Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante ! (Ps 88 (89), 2-3, 16-17, 18-19)
Unis, par le baptême, à la mort et à la résurrection du Christ (Rm 6, 3-4.8-11)
Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille (Mt 10, 37-42)
Je ne peux aborder cette page d’évangile en oubliant qu’aujourd’hui est jour d’élection.
Et je me sentirais mal d’oublier que nous sommes peu nombreux à cette assemblée eucharistique divisée en plusieurs sections, distants les uns des uns des autres par des « gestes barrières ». Un collègue pour l’homélie de ce jour a écrit : « Le traitement de la pandémie, à bien des égards, a été des plus anti-évangéliques. Sauver des vies. Foutaise ! Garder sa vie, oui, quitte à massacrer nombre d'autres. Sauver sa vie, c’est la perdre. On se réjouira de ce que le virus ne soit pas entré dans tel Ehpad ou prison, mais dans quel enfermement avons-nous abandonné les personnes âgées dépendantes, les prisonniers et tant d’autres ? Les jeunes n'ont-ils pas été sacrifiés aux plus âgés ? »
Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi.
« Les versets de ce jour sont tellement extrêmes que nous ne les écoutons pas, que nous ne les mettons pas en pratique, nous qui nous disons pratiquants. Jésus demande que l’on aime l’inconnu et le petit, l’étranger, plus que sa sœur », son fils, sa fille, son père, sa mère…
Et il y a un autre verset que l’on ne souhaite pas mettre en pratique :
celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.
Luc à ce sujet sera plus directif :
« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (9,23).
De quelle croix s’agit-il ? Voir ici.
En cette période de la vie de Jésus et de ses disciples, cela ne peut pas être la croix du supplice. En effet, même si le fils de Marie sentait venir sa condamnation à mort, il ne savait pas que cela serait avec le système des Romains d’une pendaison à une poutre de bois suspendus à un arbre. Je précise. Si Jésus a bien pressenti (et annoncé) sa mise à mort ce n'est que tardivement qu'il a pris conscience qu'elle aurait lieu par crucifixion… Donc on le voit mal, dans ce contexte, demander à ses disciples, comme une condition impérative, de prendre la croix.
Cette invitation, ce langage ne peut-être (à mon avis) que post-pascale… Elle relève d’un regard des évangélistes actualisant l’enseignement du Christ à l’aide de l’événement cruel et définitif de la mise en croix. Une façon forte de souligner que le disciple doit être prêt à suivre son maître en sachant que sa prédication et son action susciteront la contradiction et la dérision et qu'il lui faut donc impérativement renoncer à lui-même. La croix de la « Passion » devient l'image du renoncement absolu à soi-même pour se livrer entièrement à la volonté du Père, à la suite de Jésus. Comme il l’a dit :
« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mat 26, 92).
Alors, demandons-nous ce que Dieu veut. Il veut l’accueil.
« Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche à l’un de ces petits en sa qualité de disciple… »
« Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé ».
« Le Seigneur ressuscité assure sa présence au cœur de chaque personne. Il se rend présent à celui ou celle qui s’ouvre à la réalité de Dieu. Lorsque quelqu’un donne sa vie dans le quotidien des jours, comme la maman qui se lève la nuit pour nourrir son petit ou le papa qui accepte deux emplois pour apporter le pain à la famille, il rend présent le Christ en lui-même et devient témoin de l’Amour ». (Voir André Sansfaçon - 2020 06 28)
Il faudrait relire la première lecture ; une femme de Sunam, environ 850 ans avant Jésus Christ, accueille le prophète Élisée.
« Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse… »
J’ai entendu parler de Mgr Krajewski. L’aumônier du pape François accueille chez lui des réfugiés. Dans son appartement du Vatican, Mgr Krajewski donne l’hospitalité aux réfugiés aussi longtemps que nécessaire pour qu’ils trouvent un logement définitif. Sur Radio Vatican, le 13 juin 2017, il a raconté : « d’autres familles sont arrivées et – une belle chose – pour la première fois dans ma maison une belle petite fille est née. Et je l’avoue, je me sens un peu comme un grand-père, un oncle. C’est la vie qui continue, un don de Dieu. »
Concluons. En votant, tout en respectant les « gestes barrières », nous songeons à cet enseignement évangélique. Tout accepter, même la croix, pour vivre l’accueil de l’autre et de Dieu. Le contexte pandémique indique que rien ne devrait être comme avant. Qu’il en soit donc ainsi.