Une fois désintubé j'ai retrouvé la parole. J'ai alors été surpris du nombre de gens qui m'ont appelé sur mon mobile.
Le Covid et moi
Parler du covid de façon générale, de l'attention aux autres malades ou exposés c'est une chose, mais être soi-même atteint, et gravement, c'en est une autre. C'est ce qui m'est tombé dessus sans crier gare.
Sans avoir ressenti les premiers symptômes classiques, je me suis retrouvé à bout de souffle, obligé d'appeler SOS Médecins. Une ambulance m'a embarqué dans un premier hôpital saturé, puis dans un second à 21 heures le 12 novembre (2 020). Au moment du pic de la pandémie. Mon état a été jugé grave. On m'a laissé le choix : un simple traitement médicamenteux ou une intubation. J'ai choisi le tout pour le tout : l'intubation. Ce qui semblait risqué à mon âge. Ce choix passait par la case coma.
Je n'ai pas réussi à savoir exactement combien de temps on m'a maintenu dans le coma. J'ai continué à être intubé plusieurs jours au sortir du coma. Par contre, il m'est resté étrangement un souvenir à la suite de ma période d'inconscience, c'est d'avoir prié le père Chevrier et Notre-Dame de Fourvière (nous étions dans la mouvance du 8 et du 10 décembre). C'est le souvenir qui me reste d'une période qui, semble-t-il, ne devrait nous laisser aucun souvenir. D'après le rapport de l'hôpital sur mon parcours de soins, j'aurais été intubé du 16 au 21 novembre. Il me semblait que cela avait duré plus longtemps. Seuls les soignants qui étaient à mon chevet à ce moment pourraient en témoigner d'un point de vue extérieur. Les amis qui m'ont soutenu et suivi pendant ce temps m'ont dit qu'on m'a administré un premier traitement qui n'a rien donné. On l'a remplacé par un autre qui aurait été efficace.
J'ai indiqué à l'un de mes correspondants que l'hôpital me demandait 6 € par jour pour avoir la télévision, ce qui me paraissait au-dessus de mes moyens. Les paroissiens de Saint-Fons, informés, ont fait aussitôt une collecte. Je dis cela à Robert, du groupe avec lequel je jouais à la pétanque. Les copains de la pétanque ont fait eux aussi une collecte. Cette réaction collective des chrétiens et des copains a été instructive. Ils m'ont démontré par leur réaction qu'un monde solidaire et fraternel est possible.
Plusieurs amis chrétiens de la paroisse et de l'ACO m'ont dit que j'étais un miraculé du père Chevrier. J'y ai pensé aussi. Et si c'était vrai ! Ne me reste-t-il pas encore quelque témoignage à donner malgré ou à cause de mon âge avancé ?
Pierre Boisnard, mai 2021