Jésus accomplit sa mission d’annonce d’Amour de Dieu-Père, mais il ne se dérobe pas devant les demandes humaines de guérison même des non Juifs
Cette page s’inscrit dans la suite des études d’Évangile. Voir la précédente : Jésus, abandonnant la conversation avec des pharisiens, s’adresse à une foule qui se montre apte à comprendre, en lui, la nouveauté de Dieu
Jésus fait le bien autour de lui en guérissant la fille d’une païenne
Marc 7, 24
« Parti de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison et il ne voulait pas qu'on le sache, mais il ne put rester ignoré ».
J’imagine que Jésus, fatigué de ce dialogue impossible en vérité avec ses compatriotes, répond à son désir d’aller loin, de vivre caché pour ne pas avoir à rencontrer ces suiveurs de traditions humaines, ignorant ce que Dieu demande. « Vous laissez de côté le commandement de Dieu et vous vous attachez à la tradition des hommes… Vous repoussez bel et bien le commandement de Dieu pour garder votre tradition » dit-il à ces quelques scribes et pharisiens.
Ce que Jésus souhaite en ce moment, c’est de se retirer dans un lieu désert, autre, tranquille pour entrer en dialogue avec Dieu, avec lui-même. Alors, dans le territoire de Tir, « Il entra dans une maison et il ne voulait pas qu'on le sache ».
« Cette région (note de la TOB), qui borde la Galilée au nord, avait une population mêlée , de religion surtout païenne ». On peut dire « grecque », c’est-à-dire non juive. Même en ce lieu lointain de Jérusalem, de Nazareth, Jésus est connu. Il ne peut rester ignoré. Sa réputation de guérisseur est faite.
7,25-28
« Tout de suite, une femme dont la fille avait un esprit impur entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance. Elle demandait à Jésus de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui disait : “Laisse d'abord les enfants se rassasier, car ce n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens”. Elle lui répondit : “C’est vrai, Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent des miettes des enfants”.
J’image que Jésus, toujours dans son désir de rester à l’écart pour trouver le temps de la prière après ce non-dialogue avec des notables juifs, souhaite avant tout que l’on ne parle pas de lui. En ce sens, il pose des distances avec les « étrangers », les non juifs, grecs ou romains de naissance. Mais cette syro-phénicienne se montre pleine d’intelligence sans se vexer de pouvoir être comparée à des chiens, est cela émerveille Jésus. Devant ce que cette mère dit, il n’y a pas d’arguments qui puissent tenir. En effet, quand les petits chiens mangent ce que les maitres ont laissé tomber au sol, personne n’est lésé.
7,29-30
« Il lui dit : “À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille”. Elle retourna chez elle et trouva l'enfant étendue sur le lit : le démon l'avait quittée ».
Jésus thaumaturge fait le bien autour de lui. Il écoute, réfléchit et agir selon les demandes des personnes rencontrées pour leur bien, leur bonheur, leur santé et humanité. Il ne le fait pas n’importe comment. Un dialogue s’est instauré dans le but de discerner les intentions. Devant la vérité, la sincérité, la confiance dont témoigne cet échange, Jésus peut agir pour que le mal, le démon sorte de la fille de cette mère.
La suite du récit de Marc montre que Jésus ne rencontre pas le calme qu’il souhaitait. On ne sait pas ce qui s’est passé dans la maison où il est entré en souhaitant que personne ne le sache. De suite après le dialogue avec une étrangère et la guérison de l’enfant, il prend la direction de Sidon. Il reste donc en terre étrangère, allant encore plus vers le nord comme s’il voulait donner plus de distance entre lui et les pharisiens ou autres compatriotes. De Tyr vers Sidon, il prend la route pour se rendre à la mer de Galilée. La Décapoole est également une terre hellénisée qui s’étend au sud et à l’est de la mer de Galilée encore appelée lac de Génézaeth. Voir page 10. Et ceci : « Elle devait son origine à une ligue défensive formée vers l'époque de Pompée (environ 63 av. J. -C.) par dix villes grecques pour maintenir leur constitution et leur culture contre les influences sémitiques des peuples autochtones qui les environnaient.
La ligue primitive s'élargit par l'admission d'autres villes, parfois assez éloignées. Citons entre autres : Gadara, Hippos, Abila, Capitolias, Scythopolis (l'ancienne Beth-Séan, à l'ouest du Jourdain), Dion, Pella, Gérasa, Philadelphie (l'ancienne Rarnoth-Ammon, sur le haut Jabbok) et Damas.
Les gens de la Décapole venus de bonne heure à Jésus (Mt 4,25) devaient être des Juifs, et peut-être aussi le démoniaque guéri (Mc 5,20), quoique la présence de grands troupeaux de porcs (verset et suivants) révèle le caractère païen de la population. Quand Jésus revient du pays de Tyr et de Sidon vers la mer de Galilée en traversant la Décapole (Mc 7:31), il franchit le haut Jourdain et aborde le lac par l'Est.
Encore aujourd'hui les ruines de temples, de bains, de théâtres à Gérasa, Gadara, Philadelphie, témoignent de la prospérité de la civilisation hellénique dans ces cités au temps de Jésus et pendant plusieurs siècles.
Jésus se veut loin de siens et là, il va faire le bien autour de lui. Marc en parle en voulant montrer dans ce voyage hors de la Galilée un signe annonciateur de l’annonce de l’Évangile à tous. Les païens ont droit à la Parole de Dieu prononcée en Christ.
3,7-8
Jésus se retira avec ses disciples au bord de la mer. Une grande multitude venue de la Galilée le suivit. Et de la Judée, de Jérusalem, de l'Idumée, d'au-delà du Jourdain, du pays de Tyr et Sidon, une grande multitude vint à lui, à la nouvelle de tout ce qu'il faisait.
Lire aussi 5,1-20 - voir pages 7-12.
Jésus répond encore à une demande de guérison en terre païenne
Guérison d’un sourd-muet
7,31-35
« Jésus quitta le territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée en traversant le territoire de la Décapole. On lui amène un sourd qui, de plus, parlait difficilement et on le supplie de lui imposer la main. Le prenant loin de la foule, à l'écart, Jésus lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue.Puis, levant son regard vers le ciel, il soupira. Et il lui dit: «Ephphata», c'est-à-dire: «Ouvre-toi». Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia, et il parlait correctement. »