Les cercles de silence tiennent et il est vrai que « cela bouge » jusque dans les petits villages. De manière non ostentatoire, mais ouvertement
Cercle de silence du 12 mai 2021 (6 photos)
Le cercle de silence de ce mercredi 12 mai a connu plus de contacts que les précédents. Plus de participants. Certains pour quelques minutes.
Bien sûr, comme d’habitude; des gens très pressés, oreille collée au téléphone passent sans rien voir. Une personne est venue me demander si la municipalité était avec nous. Comme je répondais que la nouvelle municipalité se montrait plus attentive aux problèmes des migrants et des personnes sans logement, un homme m’a rendu le tract m’expliquant qu’actuellement plus rien n’allait dans le bon sens à Lyon.
Un rassemblement en soutien au peuple palestinien devant se tenir après le cercle a occasionné plus de participant et de personnes sensibles à l’accueil de tous exilés. Nous étions nombreux à nous connaître et/ou reconnaître. Des membres de la police sont venus nous informer qu’ils étaient là pour prévenir d’une éventuelle présence de personnes opposées à nos actions. J’ai indiqué que, selon nous, il n’y aura pas de problème, car nous sommes fortement établis dans l’action non violente.
Comme à l’habitude, 200 « papiers » ont été distribués, voir ci-dessus le document joint.
Je profite de ce billet pour donner à lire le texte de Jacques Walter et deux commentaires qu’il a suscités.
LE CERCLE DE SILENCE DE LYON RECRUTE …
Les Églises protestantes et catholiques ont reçu comme un appel de l’Évangile de Jésus, le Christ, l’injonction à accueillir les étrangers dans la détresse qui viennent chercher dans nos pays un abri et une possibilité de vivre qu’ils ne trouvent plus sur leur terre d’origine tant l’injustice, la violence et la misère la rendent inhabitable. Cet accueil des étrangers ne se résume pas à des déclarations des autorités d’Églises : elles existent et sont régulièrement rappelées. Du côté catholique le pape François leur a donné une expression particulièrement claire, solennelle et pressante avec son encyclique « Tutti fratelli », tous frères, dont les accents puissamment évangéliques parlent à tous les chrétiens. En effet, nous pouvons constater que beaucoup de paroisses, catholiques et protestantes accueillent dans leurs locaux ou accompagnent dans des logements dont elles assurent la location, des étrangers, individuels ou en famille, des mineurs non accompagnés, avec ou sans papiers, qu’ils accompagnent dans leur recherche de se construire une vie digne et indépendante parmi nous. Beaucoup de membres de nos paroisses s’impliquent aussi dans des associations d’accueil aux étrangers en détresse. C’est un engagement discret, respectueux, qui ne fait pas de bruit sur la place publique, mais impressionnant par son ampleur et qui s’exerce jusque dans les campagnes les plus reculées. Cet engagement discret n’est pas clandestin, même s’il manifeste une opposition non violente à la politique officielle de restriction de l’accueil des étrangers sur notre sol. Quand on éprouve que la loi, son application et la politique qui la génère n’est pas respectueuses de la souffrance humaine, c’est un devoir que de manifester que le respect et le soin des humains en souffrance passe avant tout. Et les autorités ne s’y trompent pas qui se gardent de sanctionner ces actes de solidarité.
La solidarité individuelle et collective doit comporter un autre volet : manifester publiquement que la loi, les dispositions administratives, la politique officielle, lorsqu’elles contredisent l’amour du prochain, doivent être modifiées. C’est la raison d’être des CERCLES DE SILENCE initiés à Toulouse en 2007 à l’initiative d’un groupe de franciscains et à Lyon en 2008 à l’initiative d’un prêtre et de la Cimade : manifester publiquement, de manière non violente, silencieusement, mais avec obstination l’obligation de conscience de l’accueil des étrangers en détresse, même si leur arrivée – qui n’a d’ailleurs rien d’un déferlement de masse – bouscule nos habitudes et fait naître la crainte d’une mise en danger de nos intérêts individuels et collectifs. Le cercle, mensuel, est une veille immobile et silencieuse ; des banderoles manifestent sa raison d’être, et un tract, comportant un encart actualisé chaque mois est distribué, suscitant des questions et des dialogues.
Or, ce Cercle de Silence, réunissant au départ 50 à 60 participants (avec quelques pics à plus de 100, une fois au moins 500 - ou plus - voir ici), a subi l’épreuve du temps, la lassitude, le vieillissement de ses participants, et ces derniers mois, la COVID. Actuellement, il ne réunit qu’une vingtaine de participants. C’est donc un cercle famélique, indigne de l’importance de l’agglomération lyonnaise, et non représentatif de ce que pensent et vivent effectivement un grand nombre de Lyonnais, qu’ils soient regroupés dans diverses associations ou, ce qui est notre propos, dans nos paroisses. Une telle initiative n’attire pas les jeunes qui ont besoin de mouvement et d’extériorisation. Par contre, elle convient parfaitement aux retraités et nous savons tous qu’ils sont nombreux dans nos paroisses.
Ceux qui constituent actuellement le cercle de Lyon, même en nombre dérisoire, sont bien décidés à continuer de manifester obstinément le cri de conscience que leur présence manifeste. Mais ils seraient plus crédibles si une présence plus nombreuse les rendait plus visibles et plus convaincants. Un cercle plus nombreux ferait aussi mieux écho à la démarche évangélique de solidarité qui se vit dans nombre de paroisses.
Cet appel sera-t-il entendu ?
Jacques Walter
Si des chrétiens sont à l’origine des Cercles de Silence, ils ne se présentent pas comme une manifestation religieuse, mais comme le « cri » de citoyens soucieux du respect des droits humains fondamentaux. Le cercle est donc laïc, ouvert à toute conviction et de fait des « non-croyants » y participent depuis toujours.
Le cercle de Lyon est mensuel et se réunit Place de la Comédie, le deuxième mercredi de chaque mois, toute l’année sauf au mois d’août. Actuellement, du fait du couvre-feu, de 17 à 18 heure. Il retrouvera dès l’épidémie passée, son horaire habituel, de 18 h30 à 19 h 30.
Commentaires
- Beau texte de Jacques Walter ... que je peux mettre dans Ma Revue de Presse… mais est-ce que cela permettra de "recruter" beaucoup de monde ? On ressent une grande usure un peu partout j'ai l'impression. Pour la Coordination Urgence Migrants,
Jean-Paul
- Merci de ce message.
Je trouve ce texte de Jacques Walter à la fois fort et mesuré. Merci à lui ! Et finalement réconfortant, car il est vrai que « cela bouge »… jusque dans les petits villages. Et de manière non ostentatoire, mais ouvertement !
On aimerait que ce message soit connu le plus possible.
Il y a des Revues de Presse interreligieuses sur KTO… Ne vaudrait-il pas le coup de le faire connaître par ce biais ? Par RCF ? Par la Croix, qui avait envoyé une journaliste pour nous interroger après un an de fonctionnement à Lyon ?
Par l’Aclaam, dans ses infos mensuelles ? S’ils veulent bien ? Sûrement que vous l’avez déjà envoyé à la CUM ?
Au Diocèse, directement ?
Dans nos paroisses (au moins celles qui font plus que « tolérer » une équipe d’Accueil Migrants ) ?
C’est vrai, c’est désolant de voir s’amoindrir le nombre des participants.
Mais que faire, quand on n’a plus la force pour cause de santé ?
Comme J. Walter : communiquer, sans nous lasser.
Marie-Hélène
Cercle de silence de mai à Lyon