Baptême. Le P. Chevrier souhaitait que les actes du ministère cessent d'être tarifés et puissent être exercés gratuitement.

Publié le par Michel Durand

Antoine Chevrier

Antoine Chevrier

Je prolonge ma réflexion sur le baptême développée le 4 décembre.

 

Le regard d’Antoine Chevrier

 

Dans ma méditation sur la place du baptême dans ma vie, j’ai souhaité relever quelques phrases émanant du Père Antoine Chevrier. Yves Musset, auteur du livre : « Le Christ du Père Chevrier », Desclée, septembre 2000, m’y aida.

Dans ses premières études sur Jésus-Christ, 1857 puis 1860, des cahiers de plus de 100 pages, on perçoit comment Antoine Chevrier lisait l’Évangile, relevait des phrases. Il intitule son étude : « Connaître et aimer Jésus-Christ: voilà la véritable science et le vrai bonheur. Étude sur Jésus-Christ ». On voit que cette étude qui nourrit sa vie spirituelle et apostolique.

Dans la partie, intitulée « Le tabernacle », il nous invite à regarder Jésus comme celui qui habite parmi nous « pour nous donner la vie ». Il nous la donne, écrit le P. Chevrier, « par le baptême », par le sacrement de la pénitence, « par le saint sacrifice de la messe » et « par la sainte communion » ; il nous la donnera pleinement « dans la résurrection future ».

Nous avons en quelques mots tout ce que le baptême chrétien apporte à celles et ceux qui le reçoivent ou le demandent pour leurs enfants. (Voir page 20).

 

Regardons, prions les mystères joyeux du rosaire. Ils contiennent, selon le P. Chevrier, un enseignement solide sur ce que Dieu demande quand on se décide à vivre « la vie chrétienne ».

Dans la scène de l'Annonciation, Dieu choisit Marie « pour en faire la Mère de Dieu » « à cause de son humilité et de sa pureté et Marie répond à ce choix par sa foi et son obéissance ». « C'est là, commente Antoine Chevrier, le premier acte de Dieu sur nous : il nous choisit tous et nous appelle à la vie chrétienne par le baptême ou à la vie religieuse par des grâces particulières. Il veut surtout venir en nous par la sainte communion. À nous de nous rendre dignes du regard de Dieu, comme Marie, par la pureté, l'humilité, et de lui rester attachés par la foi et l'obéissance. Quel malheur de ne pas répondre à l'appel de Dieu ! ». « Dieu nous appelle encore, ajoute-t-il, par ses bonnes inspirations, par ses ministres, par sa grâce. Répondons, comme Marie, à tout ce que Dieu demandera de nous » (Voir page 78)

 

Mais, le monde dans lequel nous vivons, les gens que nous rencontrons, comment voient-ils l’Église alors qu’elle invite à recevoir le baptême, à donner le baptême aux petits enfants. Transmission de la foi au sein de la famille. Qu’en était-il au XIXe siècle alors que des parents demandent, par exemple, le baptême de leur enfant ?

Yves Musset écrit : « Le prêtre passait aussi pour être un homme d'argent. C'est la raison pour laquelle le P. Chevrier souhaitait que les actes du ministère cessent d'être tarifés et puissent être exercés gratuitement. “Que voulez-vous demander, écrit-il, à des impies, à des gens qui méprisent déjà le prêtre, qui regardent le prêtre comme un avare et un homme de bonne chère, à des gens qui ne viennent que trois ou quatre fois à l'église durant leur vie, aux mariages, aux baptêmes et aux enterrements, et qui, toutes les fois qu'ils viennent à l'église, entendent du prêtre ou du sacristain ces paroles : “Vous devez tant”, et cela avec autorité et exigence ? Ces manières de faire ne font que détourner de l'Église et ils s'en vont en jurant, en critiquant la religion et appelant la religion une religion d'argent. C'est un fait que très peu de gens donnent de bon cœur leur argent au prêtre et on ne le quitte ordinairement qu'en disant quelques paroles injurieuses [...] Ce sera par le détachement et la pauvreté que nous retrouverons notre place dans le cœur des peuples [...] N'est-ce pas souvent pour punir notre avarice et notre attachement aux biens de la terre que Dieu envoie les révolutions et nous fait dépouiller par les fidèles eux-mêmes de tout ce que nous possédons ? C'est la première chose que font les révolutionnaires : nous dépouiller, nous rendre pauvres. Ne dirait-on pas que le bon Dieu veut nous punir de notre attachement aux biens de la terre et nous forcer par là à pratiquer la pauvreté, puisque nous ne voulons pas la pratiquer volontairement ? Et c'est quelquefois bien heureux que cela arrive, parce que nous nous endormirions dans les richesses et le bien-être, et nous ne nous occuperions plus des choses de Dieu. Quand Dieu dit : “Malheur aux riches !” (Lc 6,24), il le dit encore plus pour ses ministres que pour les autres, parce que si quelqu'un doit pratiquer la pauvreté, c'est bien surtout les prêtres, ses serviteurs” » (voir page 152).

 

Ces paroles peuvent être inadaptées à notre temps ; elles nécessitent une mise à jour à laquelle nous invite tout ce qui se dit notamment avec les abus de toute sorte. Par ailleurs, l’appel à pratiquer la pauvreté n’est-il pas à rejoindre avec l’appel à plus de sobriété qu’exigent les crises climatiques, migratoires, économiques ?

 

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