Une parole ascendante nourrit les démarches synodales grâce à l’écoute que, protégée de toutes tendances dogmatiques, la hiérarchie entretient
Le prochain numéro de la revue pradosienne intitulée Quelqu’un parmi nous porte sur le baptême. En réfléchissant, méditant sur ma pratique personnelle, en tant que prêtre, j’ai rédigée cette page. J’espère qu’elle sera acceptée par le comité de rédaction. Ne trouveront-ils pas cette approche architecturale complètement hors sol, hors époque. Qui, aujourd’hui, est sensible aux baptistères paléo-chrétiens ? Pourquoi en faire la base d’un dialogue liturgique ? C’est un ami, Goulven, qui souligna un jour que j’utilisai souvent des images architecturales pour illustrer une réalité ecclésiale.
Assemblée baptismale - baptême des enfants
Dans cette page je souhaite exprimer très librement comment je préside la cérémonie du baptême des enfants. Et je dois avouer que j’accepte largement l’influence que semble avoir sur moi ma perception de l’architecture chrétienne des IVe - VIIIe siècle.
À cette époque, les baptêmes d’adultes étaient vécus dans des édifices situés, côté nord, devant l’église de l’évêque. Je pense ne pas me tromper en disant que c’est à l’époque de Saint Augustin (IVe - Ve s.) et avec lui que s’étendit la pratique du baptême des bébés. Toute la population, ou presque, étant devenu chrétienne, il était désormais possible de faire confiance aux parents qui recevaient, pour le baptême de leurs enfants, la mission de les éduquer dans la foi en Christ. L’adulte candidat au baptême, ayant entendu l’Évangile, Bonne Nouvelle du Christ, affirme sa foi par le Credo et reçoit ensuite le baptême. Il est plongé au nom du Père, du Fils, de l’Eprit dans la piscine qui se trouve au centre de l’édifice appelé baptistère. Il est entouré par ses proches, par celles et ceux qui l’ont accompagnés dans sa découverte de la Révélation christique. Le baptême accomplie, il sort du baptistère pour se rendre dans l’église cathédrale à la porte de laquelle l’évêque l’attend, l’accueille au sein de la communauté, l’Assemblée, l’Église réunie en prière eucharistique. Le nouveau baptisé communiera alors au corps et au sang du Christ avec l’ensemble de ses sœurs et frères chrétiens.
Je dois avouer que cette façon de présenter les espaces chrétiens me vient de mon travail de guide conférencier. Appelé à recevoir des touristes dans des monuments historiques chrétiens, je souhaite tout d’abord les aider à saisir le sens de ce qu’ils admirent. Avant d’en faire des pèlerins en marche vers le Christ, s’ils le souhaitent, je trouve urgent de leur donner la juste intelligence de l’architecture, de la sculpture, mosaïque ou peinture qui est observée.
L’importance de l’assemblée
Quand je préside une cérémonie baptismale de bébés avec une ou plusieurs familles, généralement une ou trois familles au plus, je demande aux personnes présentes de disposer les bancs de la nef centrale en « U » devant l’autel. La cuve baptismale est placée au centre de cet « U ». Le pupitre de la Parole est sur un côté du « U », un peu en avant. Les lecteurs viendront en ce lieu pour proclamer les textes choisis par la, ou les familles.
Chacun voit chacun. Nous échangeons, nous dialoguons : que demandez-vous à l’Église ? Que souhaitez-vous en venant en ce lieu ? Etc. …
« Président » le culte baptismal, je suis assis à la pointe du « U », très souvent sur le côté droit en regardant le sanctuaire, lieu où se trouve l’autel, symbole, signe du Christ. La parole circule. J’invite les personnes à s’exprimer : qu’attendons-nous de Jésus, Fils de Dieu et de Marie ? Comment notre attachement au Christ, à son Évangile, à l’Église modèle nos modes de vie ?Qu’allons-nous transmettre à nos enfants ? Etc… La disposition circulaire facilite la prise de parole et, bien sûr, au cours d’une préalable rencontre de préparation avec la ou les familles, les gens sont prévenus de la tenue de cette assemblée dialoguante.
Quand il y a des enfants en très bas âge, j’indique qu’ils peuvent marcher où ils veulent. Il faut certes les surveiller, mais on ne peut pas avoir un silence permettant l’écoute dans le dialogue si on les contraint à une immobilité susceptible de provoquer des pleurs. Parfois la situation est délicate. L’important est d’obtenir un climat favorable au dialogue. L’usage du micro est souvent nécessaire. Les temps de silence indispensables. Ils sont l’assise de la prière.
La parole circule. Les participants écoutent et s’écoutent. Ce qui vient du peuple de Dieu est chargée de l’Esprit. Cette parole ascendante nourrit les démarches synodales grâce à l’écoute que la hiérarchie entretient alors qu’elle se protège de toutes tendances historiques dogmatiques. Oui, je ne peux oublier ce qui le pape François : « Le cléricalisme est une perversion de l’Église. C’est le cléricalisme qui crée la rigidité. Et sous chaque type de rigidité, il y a de la pourriture. Toujours » (Interview télévisée en Italie du 6 février 2022).
Pour conclure
La famille. Le baptême. L’entrée en Église. La forme ronde de la cuve baptismale… Tout cela est une invitation à prendre la parole à partir de la base. C’est alors que la pensée de Dieu se révèle. En architecture nous la voyons dans les mosaïques, les peintures qui ornent la coupole surmontant les baptistères. Ainsi, dans la baptistère de Saint-Jean de Latran (Ve s.), à Rome l’Esprit Saint irradie toute la communauté.