Puisque l’Esprit saint en ce monde nous devance, il nous revient d’observer ce que nous vivons afin de révéler par en bas l’œuvre de Dieu

Publié le par Michel Durand

La parole divine vient d'en haut, lumière céleste - symbole de la coupole -  ; elle est aussi, par l'Esprit Saint, présente en chacun de nous, dans le monde.
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La parole divine vient d'en haut, lumière céleste - symbole de la coupole - ; elle est aussi, par l'Esprit Saint, présente en chacun de nous, dans le monde.

Nous connaissons ce cantique : Dieu vivant, ton esprit nous devance - (Scouarnec/Studio SM)

Refrain
Dieu vivant,
Ton Esprit nous devance sur les routes humaines.
Ton Esprit nous devance sur les routes humaines.

1
Nous avons cherché le visage de Dieu
Sur nos routes humaines.
Nous avons regardé le visage des hommes
Assoiffés d´un Royaume de vérité.

2
Nous avons cherché la justice de Dieu
Dans nos luttes humaines.
Nous avons partagé la détresse des hommes
Affamés d´un Royaume de dignité.
3
Nous avons crié la colère de Dieu
Dans nos heures de peine.
Nous avons partagé la révolte des hommes
Pour bâtir un Royaume de liberté.
4
Nous avons trouvé la tendresse de Dieu
Dans nos luttes humaines.
Nous avons partagé l´espérance des hommes
Qui ont cru au Royaume d´éternité.

 

Assurément ce cantique date, diront certains. C’est peut-être pour cela que je trouve ce chant plein de sens profond. Et, l’oraison à l’office des laudes du lundi 29 janvier renforce, alimente ce que je ressens : « Tu demandes à l’humanité, Dieu créateur, de se perfectionner de jour en jour et d’achever par son travail l’œuvre immense de la création ; aide-nous à faire que tous les hommes aient des conditions de travail qui respectent leur dignité : qu’en s’efforçant d’améliorer leur propre sort, ils agissent avec un esprit de solidarité et de service. »

J’entends cette prière en me mettant avec les manifestants qui, sur les routes, dans les places publiques, souhaitent être entendus par les décideurs gouvernementaux.

Comme je l’ai déjà dit, je lis avec grande attention l’étude de l’historien Olivier Chatelan concernant la présence des prêtres français en Amérique latine.

Il observe ce qui se vit au quotidien. Il rend compte des engagements de ces missionnaires qui agissent au nom de leur foi, de l’Évangile. L’appel à vivre en frères, l’invitation à aimer y compris ses ennemis ne peut qu’avoir des conséquences qui s’observent dans le quotidien des engagements politiques. L’Esprit agit dans notre quotidien. Nous en observons les traces. Et l’historien, scientifiquement, débusque tout ce qui se produit, s’est produit. « Nous avons trouvé la tendresse de Dieu dans nos luttes humaines ». Nous agissons pour qu’il en soit ainsi. « Nous avons partagé la révolte des hommes pour bâtir un Royaume de liberté ».

En fait, dans la lecture des écrits d’Olivier Chatelan, je suis étonné d’apprendre (de découvrir) que de nombreux chrétiens de France et des responsables ecclésiaux craignaient que les engagements des chrétiens en Amérique latine, laïcs et prêtres (Fidei donum), dans les années 1970-1980, apportent en Europe des éléments de la théologie de libération, graine de révolution, contamination de l’Évangile par le Politique.

Effectivement, quand on parle de religion chrétienne, quand on l’enseigne, bien souvent, ce n’est pas en observant ce qui se vit sur terre. C’est plutôt en étant attentif à l’enseignement dogmatique - ce qui vient d’en haut - afin de le communiquer au peuple. En ce jour, ne dit-on pas qu’il importe d’annoncer le kérygme ? « La Démarche KERYGMA vise à mettre en lumière la nécessité d’une annonce kérygmatique dans toutes les pastorales car toutes sont au service de la nouvelle évangélisation. »

Cela est vrai, je ne le conteste pas. Je souligne simplement qu’il importe de ne pas ignorer ce que l’Esprit nous dit dans le quotidien et que la pédagogie de la « révision de vie » des mouvements d’action catholique mériterait de se retrouver de nouvelles voies. L’étude de Christoph Theobald m’aide en cette direction. « Le cléricalisme est une “manière déviante de concevoir l'autorité dans l’Eglise”; une “attitude”, comme écrit le pape (François), qui annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l'Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple. Le cléricalisme, favorisé par les prêtres ou par les laïcs, engendre dans le corps ecclésial une scission qui encourage et aide à perpétuer beaucoup de maux que nous dénonçons aujourd’hui. Puisque le pape interpelle l'ensemble du peuple de Dieu, il me semble important que la théologie, les théologiennes et les théologiens l'entendent, eux aussi, et s'en préoccupent. »

J’avoue être ambitieux de parler ainsi aujourd’hui. Paradoxe d’une existence qui ne peut cacher ses contradictions. Dans les années 1980, je pense ne pas avoir fait de cette façon l’éloge de l’Action catholique. Je me rappelle les regrets que j’éprouvais d’entendre, par exemple, un militant d’ACO (Action catholique ouvrière) me dire ne pas vouloir parler de ce qu’il vivait à une eucharistie dominicale parce que la vérité de son engagement chrétien « n’avait pas sa place à la messe ».

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