De Palestine. « On vous demande de ne surtout pas nous oublier ». « Parlez en notre nom ! 

Publié le par Michel Durand

À Bethléem le 24 décembre, pendant les célébrations près de la basilique de la Nativité. ISSAM RIMAWI / ANADOLU VIA AFP

À Bethléem le 24 décembre, pendant les célébrations près de la basilique de la Nativité. ISSAM RIMAWI / ANADOLU VIA AFP

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Sans aucun doute la lecture de cet article imprègne ma pensée et se ressent dans la formulation de mes vœux pour une bonne nouvelle année. Je ne peux me retenir de la recopier en ce lieu. La Croix jeudi 26/12/2024.

 

En Terre sainte, à Jérusalem : l’appel du père David Neuhaus, supérieur des jésuites aux chrétiens occidentaux.

Entretien Profondément enraciné dans chacune des sociétés israélienne et palestinienne, le père David Neuhaus, né dans une famille juive et converti au catholicisme, est aujourd’hui supérieur des jésuites de Terre sainte. Il témoigne du défi de célébrer Noël au Proche-Orient, et appelle les chrétiens d’Occident à porter la voix des fidèles de Terre sainte.

 

 

La Croix : Sur une terre en proie à la destruction depuis plus d’un an, fêter Noël a-t-il encore un sens ?

Père David Neuhaus : Préparer Noël est devenu une lutte. Cette fête a en effet besoin de beaucoup de foi, beaucoup d’espérance, de bonheur… et tout cela manque cruellement en Terre sainte, où les morts sont quotidiennes, les destructions continues, les otages encore captifs, les déplacés démunis. Mais il faut essayer ! Parce que le Christ est venu dans un monde très semblable au nôtre – un monde d’occupation –, Noël nous rappelle que Dieu est avec nous dans les ténèbres et qu’il est venu apporter une lumière. Le défi de Noël consiste à regarder le monde à travers cette lumière, et de la diffuser.

Notre devoir, notre témoignage de chrétien est très clair. Nous sommes là pour rappeler que Dieu est fidèle, et qu’il ne laisse pas le dernier mot à la mort. Cela, il faut le répéter à nous-mêmes, et à ceux qui nous entourent, chrétiens ou non. Dans un environnement de mort, nous témoignons de la vie ! Bien sûr, cela reste un immense défi pour les chrétiens. Pour résister dans la foi, il faut méditer les Écritures, et faire Église ensemble. Il est terrible d’être plongé dans l’isolement, la paralysie de l’angoisse. Nourrir nos liens entre chrétiens, et avec tous les autres, est un enjeu vital.

Qu’attendent les chrétiens de Terre sainte des chrétiens occidentaux ?

D. N. : Tout d’abord, on vous demande de ne surtout pas nous oublier. Priez pour nous constamment : votre prière nous donne de la force. Ensuite, parlez en notre nom. Dites qu’il existe une injustice au cœur du Proche-Orient, imposée par un Occident d’autrefois. Le problème palestinien, déclenché par la création d’Israël en 1948, trouve son origine dans ce drame terrible de la Shoah, qui s’est déroulé sur le sol européen. Il faut revendiquer la paix, oui, mais pas sans la justice et l’égalité. Revendiquez-la, cette égalité entre tous les résidents du Proche-Orient.

Dénoncez la guerre, la violence de toute sorte, informez-vous et partagez tout cela à ceux qui vous entourent. Interpellez vos gouvernements qui résistent à prendre des positions claires contre l’injustice. Nous aimerions également que vous nous rendiez visite. C’est un acte qui demande beaucoup de courage, mais nous avons besoin de renforcer nos liens de communion, car nos lieux saints sont vides ! C’est aussi important que vous veniez voir ce qu’il se passe ici. Enfin, la guerre a beau ne pas être terminée, nos besoins de reconstruction sont immenses… Votre soutien humanitaire et financier est déjà très important pour nous, mais la demande reste continue.

Vous naviguez entre le peuple palestinien arabe et les juifs israéliens. Comment avez-vous vécu cette année de guerre et comment envisagez-vous l’avenir ?

D. N. : Je n’ai pas un pied dans chaque communauté. Je suis profondément enraciné dans chacune des sociétés israélienne et palestinienne. Je le dois à mon amour pour chacun des deux peuples et à ma connaissance de l’hébreu et de l’arabe. Ma chair est la leur : je porte leur déchirure comme une blessure au fond de moi. C’est un privilège, un don de Dieu qui me permet d’écouter, de tenter une parole et, parfois, une forme de médiation. Grâce à Dieu, je ne suis pas seul ! S’il y a un refus très fort et majoritaire de chaque côté pour la coexistence, je trouve aussi, chez les Israéliens comme chez les Palestiniens, des partenaires pour rêver et créer, ensemble, de petites oasis d’espoir.

 

Recueilli par Alix Champlon, le 25/12/2024

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