La multiplication des appels à la générosité déclenche en moi un refus de dons. Plus il y a de sollicitations moins j’ai envie de donner
3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete (semaine III du Psautier)
« Le Seigneur exultera pour toi et se réjouira » (So 3, 14-18a)
Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. Is 12, 2-3, 4bcde, 5-6)
Le Seigneur est proche » (Ph 4, 4-7)
« Que devons-nous faire ? » (Lc 3, 10-18)
« Que devons-nous faire ? »
- Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements,
qu’il partage avec celui qui n’en a pas.
Je souhaite vous partager une réflexion que j’ai eu ces derniers temps et que j’ai observé être présente chez plusieurs personnes, notamment avec la journée internationale des migrants. Voir à ce propos l’organisation mondiale de la santé*.
Comment recevons-nous les nombreuses demandes qui nous viennent, chaque jour, par voie postale et par internet ? Je cite : « À l’approche des fêtes de la fin d’année, je me permets de m’adresser à vous, car votre soutien est important »… « En vous remerciant de votre don ». Etc…
Je me suis aperçu que la multiplication de ces appels à la générosité déclenchait en moi un refus de dons. Plus il y a de sollicitations moins j’ai envie de donner. J’ai essayé d’analyser ce que je ressentais et, à ce jour, je pense ne pas être satisfait des réponses que je me donne.
Avec un groupe d’amis penchés sur des textes de théologiens, nous avons bien conscience que la prière en communauté chrétienne ne peut rester fermée au sein de l’assemblée dominicale, mais nous posons encore la question, je me pose encore la question : « comment, dans la ligne de l’Évangile, traduire notre prière, notre communion à Christ pour qu’elle devienne œuvre de Charité, d’amour au service de l’humanité, des gens que nous rencontrons dans notre vie quotidienne ordinaire ? » (Cesare Baldi).
L’évangile de ce temps de l’Avent, par la voix de Jean le Baptiste indique clairement :
« Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ».
Être juste. Respecter les droits humains fondamentaux. Vivre dans la vérité. Tel est le B.A.BA. minimum que, disciples du Christ, chrétiens, nous avons à vire. On parle d’éthique et on constate que l’organisation humaine qui nous entoure est bien loin de rejoindre cet objectif. Alors que nous observons la multiplication des théâtres de guerres, en ce jour, l’Évangile nous dit : Il vient le Christ, l’envoyé de Dieu, Jésus, porteur d’une Bonne nouvelle.
« Par beaucoup d’exhortations, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle ».
Prions, parlons et agissons de même au service de tous, pour le bien être des gens que nous rencontrons.
Je reprends la question : Comment mettre en œuvre dans notre quotidien le message évangélique ?
Il est souvent plus facile de voir ce qu’il ne faut pas faire que de discerner ce qu’il faut faire et la route n’est jamais définitivement tracée. Il nous revient sans cesse de réfléchir à ce qui est le meilleur sinon le moins mauvais. Telle est la grandeur de l’homme : il possède l’intelligence de l’avenir à construire.
Notons bien que cette recherche constante d’une situation meilleure pour tous : égalité, équité, justice, solidarité… - pensons à ceux qui expriment leur(s) colère(s) dans la rue - est beaucoup moins confortable, beaucoup plus exigeante que la simple application des lois. Nous observons à ce propos que, dans une situation de dictature, les responsables de « crime contre l’humanité » disent pour leur défense d’avoir rien fait d’autre que d’obéir à la loi, souvent une loi économique libérale.
Notre joie d’hommes et de femmes conscients de ce que nous vivons résident dans le fait que nous sommes capables de désobéissance pour un Bien, une Vérité suprême. En effet, en aucun cas Dieu ne demande d’idolâtrer la loi humaine.
Suivons l’exemple de Jean le Baptiste formé à Qûmran où le baptême par immersion symbolisait l’entrée dans la communauté. Jean pratiquait ce baptême comme un symbole de transformation spirituelle. La personne qui désirait adhérer à Dieu exprimait sa foi par le rite du baptême d’eau. Après cette démarche, l’individu devait vivre en conformité avec son adhésion. Il devait y avoir une cohérence entre sa foi et sa vie de tous les jours.
Jean appartient à la spiritualité des Esséniens. Il vivait au désert en ermite. En effet, les Esséniens fuient les villes parce qu’elles sont le siège de nombreux péchés. Si Jean Baptiste se rapproche des villes, c’est pour être au contact des foules. En ce sens, il se met en marge de la communauté de Qumran. Il va en prendre le rituel, ainsi le baptême par immersion. Il souligne qu’il ne suffit pas de dire que l’on adhère à Dieu, il faut à chaque instant vivre en conformité avec cette adhésion. Il doit y avoir une cohérence entre la foi exprimée et la vie de tous les jours.
Le fait de donner ce qui nous appartient engendre un appauvrissement personnel. Cette part de sacrifice inévitable est simplement juste selon l’Évangile, absolument ordinaire. Facile à dire, pas toujours facile à vivre. D’où l’importance du discernement et de la concertation pour discerner le juste chemin de la justice et de la paix dans le regard de Dieu, regard d’amour de tous.
* Voir aussi : Marseille
Et la Coordination Urgence Migrants (Lyon)