1936. Presqu’un siècle plus tard, j’ai fait un cauchemar : América first, great again l’idéologie MAGA, productivisme sans règle mène le monde

Publié le par Michel Durand

US President-elect Donald Trump, singer Kid Rock and Tesla and SpaceX CEO Elon Musk pose for a photo as they attend UFC 309 at Madison Square Garden in New York, on November 16, 2024

US President-elect Donald Trump, singer Kid Rock and Tesla and SpaceX CEO Elon Musk pose for a photo as they attend UFC 309 at Madison Square Garden in New York, on November 16, 2024

 

Source de la photo

Partout, en France on parle avec des mots English : e-mail, au lieu de courriel, par exemple. Même dans l’Église, pour faire plaisir aux jeunes, on parlera d’Open Church. « C’est comme qu’ils causent, dit-on ; pour les rejoindre il convient d’adopter leur langage ». Prostitution ? Opportunisme assurément. Ou colonisation américaine, capitaliste acceptée. Sur internet je lis

https://speakup-englishcoaching.com/mots-anglais-utilises-en-francais/

: « La pop culture américaine est de loin la plus influente au monde. Et à l’instar de beaucoup d’autres pays, la France s’est pour ainsi dire “américanisée” depuis un peu moins d’un siècle. Outre son impact sur notre mode de vie et nos divertissements, la culture anglo-saxonne s’est également étendue à notre vocabulaire. Si bien que l’on utilise au quotidien une ribambelle de mots anglais en français ».

Ne voit-on pas qu’en parlant franglais on adopte l’idéologie MAGA, Make America Great Again, promue depuis 2016 par Donald Trump ?

Et comme cette politique se développe aujourd’hui !

Je me suis toujours demandé comment en 1936, le peuple d’Allemagne avait pu voter Hitler. J’observe maintenant que le peuple des États-Unis a opté pour le néolibéralisme piétiste et frauduleux d’un Trump/Musk. Alors je me questionne : est-ce pour faire plaisir aux catholiques de la droite politique que des élus, en France, trouvent que les migrants provoquent une dramatique submersion ?

Merci à Edith qui m’adresse ce courriel envoyé par un ancien collègue du CCFD

 

Et merci de prendre le temps de lire cette page jusqu’au bout.

 

Investiture de Trump. J’ai fait un cauchemar

 

J’ai fait un cauchemar ce lundi 20 janvier 2025. Comme il y a quatre ans, j’ai vu la deuxième cérémonie d’investiture de Donald Trump tomber une nouvelle fois le jour de la célébration annuelle du combat de Martin Luther King pour les droits civiques et la justice sociale aux Etats-Unis. Le pasteur avait alors fait un rêve pour la dignité humaine. J’ai vu un cabotin de soixante-dix-huit ans citer le prix Nobel de la paix 1964, au passage, furtivement, en guise d’hommage devant un parterre à quatre-vingt-quinze pour cent blanc. J’ai entendu un vieux suprémaciste blanc annoncer sous la coupole du Capitole la grâce des hurluberlus racistes qui quatre ans plus tôt avaient profané et pillé le temple de la démocratie américaine, laissant au sol quatre morts dont un policier. J’ai vu que sa procédure en destitution votée à la grande majorité du Congrès et lancée tout de suite après ces évènements était arrêtée par sa nouvelle élection. J’ai vu toute l’extrême droite européenne invitée à la cérémonie d’investiture, j’ai vu Eric Zemmour et sa compagne. J’ai vu Marion Maréchal, Bernard Arnault. J’ai vu aussi Elon Musk faire un salut nazi et les tignasses baroques de Trump et de Javier Milei se mélanger au-dessus de la tête de leurs propriétaires. J’ai vu les invités à la cérémonie dans le hall se lever comme des vagues de tsunami, pour applaudir à chaque saillie testostéronée de leur idole et je l’ai vu marquer et prendre des poses, faisant une moue presque obscène, en indexant, complice, un affidé énamouré. J’ai vu Mélania Trump comme une potiche à ses côtés, comme un dahlia noir. J’ai fait un cauchemar mais je ne dormais pas, j’étais les yeux grands ouverts devant mon écran d’ordinateur. J’hallucinais quand j’entendis la voix d’outre-tombe de Martin Luther King me suggérer un texte.    

Je suis triste de vivre aujourd’hui ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration de bêtise dans les annales des discours d’investiture d’un président américain. Il y a quatre-vingt ans les soldats de l’armée américaine et de ses alliés russes, anglais, français, les troupes d’Afrique, du Canada, de Pologne, qui jettent sur nous aujourd’hui leur mémoire symbolique de la découverte des camps de concentration, ont libéré l’Europe du joug nazi. Cette victoire d’une importance capitale venait porter la lumière, comme un phare d’espoir, aux peuples asservis et annonçait l’aube joyeuse de la justice internationale fondée sur les droits de l’homme, signée à New York, qui allait mettre fin à la longue nuit de la puissance brute.

Mais presqu’un siècle plus tard, j’ai fait un cauchemar et j’ai vu que tout cela s’effondrait sous nos yeux. Presqu’un siècle plus tard le productivisme sans règles, la brutalisation du monde, l’impérialisme, la voracité, la contre révolution morale et sexuelle, mènent le monde. Alors qu’à la capitale fédérale des Etats-Unis, au pays qui se proclame leader du monde libéral, nous devrions exiger, en quelque sorte, l’émission d’une garantie pour assurer à chaque citoyen du monde son droit inaliénable à la vie, à la liberté et à la quête du bonheur, il est aujourd’hui évident que l’Amérique avec son bateleur de foire annonçant son retrait de l’OMS, de l’UNESCO, des accords de Paris, renie ses engagements pour l’accès aux droits à la santé, à la culture ou à un environnement vivable.

Au lieu de faire honneur à ces obligations construites sur l’engagement initial de ses fondateurs à l’issue d’une guerre de libération, l’Amérique de Trump repasse aux peuples du monde un chèque de garantie, revenu sans provision mais donne un chèque en blanc aux extracteurs de gaz de schiste en Pennsylvanie et de pétrole en Alaska : America first, make America great again. Ils veulent forer, forer, jusque sur la Lune.

J’ai fait un cauchemar, j’ai vu que les intuitions initiales du rêve américain étaient mortes, qu’il n’y avait plus suffisamment d’espoir dans la démocratie américaine. Alors il n’est plus temps de négocier cette garantie avec le gouvernement de ce tribun ségrégationniste. Nous aurions dû à cet endroit sacré des institutions américaines rappeler au monde l’urgence climatique absolue pendant que Los Angeles brûle et que le permafrost du Canada et de Sibérie libère des millions de tonnes de CO2. Ce ne devrait pas être le moment de prendre le luxe de faire allégeance à la cérémonie d’ouverture. Est-il encore temps de quitter la vallée sombre et désolée de la vassalisation ? Est-il encore temps de tirer nos nations des sables mouvants de la protection américaine jusqu’au rocher solide de la solidarité européenne ou des Nations-Unies ?

J’ai fait le cauchemar que l’Amérique de Trump ne tenait pas compte de l'urgence du moment, j’ai vu qu’elle sous-estimait la réalité, le seul contre-pouvoir qui reste en définitive, et que cela n’était pas le problème de ce dealer de casino. Cet hiver qui vient, givrant l’haleine des trumpistes restés sur le parvis, ne prendra pas fin avant longtemps. L’année 2025 n’est pas un aboutissement mais un début. Ceux qui espèrent que Trump et ses ultra-riches soutiens de la révolution numérique qui l’accompagnent ont seulement besoin de faire encore plus d’affaires, auront un rude réveil.

L'Amérique de Trump ne connaîtra ni repos ni tranquillité tant que ses folies n’auront pas été assouvies. Les orages de la contre révolution en cours continueront à secouer les fondations de notre monde jusqu'au jour où nous nous réveillerons. Mais il y a quelque chose que nous devons dire à l’Amérique de Trump qui est sur le point à son tour de franchir le seuil de l’inhumanité, comme tant de chefs d’Etat l’ont déjà fait aujourd’hui.

En luttant contre ses politiques mortifères nous ne nous rendrons pas coupable d’actes irraisonnés, nous irons boire à la source de nos intelligences collectives pour empêcher ce chaos qu’appelle de ses vœux un joueur de bonneteau. Le réveil militant qui doit nous saisir ne doit pas nous entraîner vers la méfiance de tous les Américains, car beaucoup d’entre eux, leur silence aujourd’hui en est la preuve, ont compris que notre destinée est liée à la leur.

J’ai fait le cauchemar que l’assaut contre le Capitole il y a quatre ans avait réussi. Il doit être retourné par les mots et les actes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité contre le locataire de la Maison Blanche. Il y a des gens qui demandent au quarteron de milliardaires autour de Trump : quand serez-vous enfin satisfaits ? Ils ne seront jamais satisfaits aussi longtemps qu’ils n’auront pas atteint leurs objectifs, le canal de Panama, le Groenland, Mars. Ils seront satisfaits aussi longtemps que le Noir sera encore la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière. Ils ne seront jamais satisfaits aussi longtemps que les migrants sans papier, lourds de la fatigue de la clandestinité, n’auront été parqués dans des camps et expulsés par millions au Mexique derrière des murs de cinq mètres de haut. Ils ne seront jamais satisfaits tant que l’état d’Urgence Nationale n’aura pas atteint ses objectifs aux frontières du Mexique. Non, ils ne seront jamais satisfaits tant que la Déclaration des droits de l’homme servira encore de boussole aux peuples.

J’ai fait le cauchemar d’Européens qui sont allés faire leur génuflexion au pied du leader de leurs chimères. Ils ont été conduits là par un manque d’humanité. D’aucun sortent de cellules d’extrême droite. D’autres viennent de régions où la quête de liberté a valu à des hommes et des femmes par le passé d’être enfermés, torturés, exécutés. Leur généalogie est fasciste, raciste, antisémite et nazie. Retournez en France, retournez en Pologne, retournez en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, en Hongrie, en Autriche, sachant que de quelque manière que ce soit l’histoire va se retourner contre vous. Les Ukrainiens et les Ukrainiennes ne croupiront pas dans la vallée du désespoir où un « deal win/win » veut les enfermer.

 

Le lendemain de l’investiture, le blast des premiers décrets signés par le 47e président des Etats-Unis n’avait pas soufflé la petite chandelle d’espérance de la cathédrale nationale de Washington. Mariann Budde la femme évêque de l’église épiscopalienne qui officiait, prononça son sermon du service religieux officiel en demandant à Trump assis au premier rang avec sa clique de protéger les minorités sexuelles et les immigrés :  « Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir de la clémence envers ceux de notre pays qui ont peur actuellement (…) Il y a des enfants gays, lesbiennes, transgenres au sein de familles démocrates, républicaines ou indépendantes qui ont peur pour leur vie (…) tous nous avons été un jour des étrangers sur cette terre (…) Ils ne sont peut-être pas des citoyens avec des papiers d'identité en règle, mais la grande majorité des immigrés ne sont pas des criminels. Ils payent leurs impôts et sont de bons voisins ».

 

Je sortis de mon hébétude et c’est la formule amère de l’écrivain argentin Ernesto Sabato qui me vint à l’esprit : « Dieu existe mais il dort beaucoup et ses cauchemars sont notre réalité ». Alors faisons que Dieu dorme moins, qu’en s’incarnant il maintienne vivante notre hominisation et qu’il rêve un peu en nous donnant cette volonté pour que les paroles de Schiller de l’Hymne à la joie de Beethoven deviennent une réalité « Soyons unis comme des frères, d’un baiser au monde entier. Amis ! bâtissons une ère de paix pour l’humanité ». Alors demain nous pourrons à nouveau faire le rêve du 28 août 1963 de Martin Luther King quand, éveillé, il rêva à voix haute devant des milliers de d’hommes et de femmes, Noires et Blanches, dos au mémorial Lincoln de Washington sur la longue perspective du National Mall de trois kilomètres, face au Capitole au loin où Trump a éructé ses paroles creuses, vides d’humanisme et pleines de ses passions tristes. Refaisons ensemble le grand rêve de Martin Luther King pour « qu'un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les descendants des anciens esclaves et les descendants des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité ».

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M
Est-il possible de dialoguer avec le fascisme américain pour les faire évoluer ..?
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M
Effectivement, actuellement cela semble difficile