On observe à RCF une vague de départs massifs de collaborateurs de la radio, un glissement idéologique marqué à droite au sein de l'antenne
« Je vous envoie, écrit Jean-Pierre (courriel), une copie de l'article paru dans FR3. Il fut “posté” sur Facebook par Franck Gacogne, ancien curé de Bron. J’ai trouvé qu’il faisait bien écho à ce que nous avons échangé chez Michel mercredi dernier. Au plaisir de prendre connaissance de vos réactions ».
Effectivement, cet article est vraiment important. Je ne peux que le diffuser en ce lieu.
En fait, je ne suis pas étonné de ce qui est exposé. Effectivement, il y a plusieurs mois, un journaliste de RCF-Lyon, suite à un entretien, m’avait fait part de ses inquiétudes et de celles de nombreux journalistes face à l’attitude des membres de Radio-Notre-Dame (Paris), suite à la fusion de ces deux radios.
Jean-Pierre a déjà reçu ce commentaire, le jour même de la publication de son courriel :
- « Évidente droitisation de l’Église que ces textes confirment. Mais où est l’Évangile de Jésus Christ ? Cette problématique se pose aussi dans le groupe Bayard Presse ».
- et aussi : « Merci pour cet article que j'avais déjà lu sur Facebook. A notre dernière rencontre nous avons évoqué cette droitisation que l'on retrouve partout y compris dans ma copropriété où une dérive autoritaire voudrait s'installer ».
Le poids de l’argent ! Et les conséquences engendrées
Dans les années 1980, avec des étudiants, alors que les radios étaient vraiment libres, j’ai tenu plusieurs émissions. Nous parlions librement sur des sujets variés, liés à l’actualité. Plusieurs auditeurs on fait savoir qu’ils étaient dérangés par nos émissions. Trop d’engagements personnels, trop libres, trop de paroles données aux syndicats, pas assez aux patrons. Le problème principal expliqua la direction de Radio Fourvière réside dans les faits que les « observateurs » qui se plaignent sont également ceux qui payent, qui font des dons à la Radio. On ne peut pas dire des choses qui les choquent, qu’ils n’aiment pas entendre. Il importe de « soigner » les auditeurs/donateurs.
La question était (est) importante. Elle ne peut se régler par le décision de seulement quelques personnes, mêmes influentes moralement ou financièrement. Un comité s’est donc réuni. Écoute des uns et des autres ; échanges des avis. Comment conclure ? Une personne a proposé de passer par le verdict du vote. Une majorité s’est dégagé en faveur avec l’émission tenue par les étudiants de l’aumônerie catholique de la rue Pasteur, 69007 : Centre catholique universitaire (CCU).Ce n’est pas le poids économique qui a gagné.
Le point de vue de l’Hebdomadaire La Vie
Voilà l’article. Sur France 3-région.
Après plus de quarante ans d’existence à Lyon, RCF (Radio chrétienne francophone) vit l’une des périodes les plus mouvementées de son histoire. Acculée par des difficultés financières, la radio a fusionné cette année avec sa concurrente historique parisienne, Radio Notre-Dame. Ce rapprochement, censé donner naissance à « la première radio chrétienne de France », suscite une vive inquiétude parmi les salariés, qui dénoncent une gestion autoritaire. Une enquête publiée par nos confrères de mediacités souligne une vague de départs massifs de collaborateurs de la radio, et un glissement idéologique marqué à droite au sein de l'antenne.
Du mariage à l'enterrement ?
Avec 600 000 auditeurs quotidiens revendiqués, RCF reste un acteur majeur du paysage radiophonique français. Mais, depuis un an, ce bastion du catholicisme social vacille. Face à un désengagement progressif des évêques, principaux bailleurs du réseau avec environ 4,5 millions d’euros par an, et à l’érosion des dons, RCF a été poussée à s’allier avec sa concurrente parisienne, Radio Notre-Dame, forte de 100 000 auditeurs et d’une vingtaine de salariés.
Depuis septembre 2024, les deux radios partagent l’intégralité de leur grille, avec une matinale commune et une programmation désormais unifiée sur 64 antennes locales, en France et en Belgique. Un changement qui bouscule son identité historique, et s'accompagne, selon des salariés, d'un management brutal en interne. Car pour certains, la fusion ressemble davantage à une prise de contrôle de Radio Notre-Dame sur son homologue lyonnaise. “Chaque jour, on nous enterre un peu plus. C’est un management impossible, brutal, avec une totale absence de projets", déplore un salarié sollicité par la rédaction de France 3 Rhône-Alpes.
Lyon contre Paris
Les représentants du personnel dénoncent une gestion autoritaire, un climat de défiance, et une absence totale de vision éditoriale partagée. Les critiques visent sans le nommer Bruno Courtois, ancien directeur général de Radio Notre-Dame, nommé à la tête de la nouvelle entité, décrit comme un gestionnaire rigide venu pour « mutualiser » à marche forcée. "On veut le départ de Bruno Courtois", confie un journaliste de RCF. "Son management est brutal et toxique. On ne peut pas imaginer à quel point une seule personne peut tout mettre par terre.”
Pour certains, la rétrogradation de l'ex-directeur général de RCF au poste de directeur éditorial traduit une prise de contrôle de la structure lyonnaise par la radio parisienne. D'autant que le maintien de la rédaction nationale à Lyon, berceau historique de RCF, devient incertain. Les studios de Saint-Irénée, vétustes, devaient être rénovés, mais les travaux ont été suspendus sans explication. Plusieurs salariés redoutent un déménagement progressif des fonctions stratégiques à Paris, siège de Radio Notre-Dame.
Cette réorganisation brutale et ce climat auraient déjà provoqué, depuis début 2024, une vingtaine de départs de RCF, dont plusieurs figures emblématiques de la radio. "Les gens préfèrent se sauver plutôt que de sombrer,” regrette un salarié de RCF, qui souhaite, comme les autres, conserver l'anonymat.
Droitisation de l’antenne
Au-delà des questions de management, c’est l’identité même de la radio qui est en jeu. La fusion, censée créer une synergie entre deux entités aux identités complémentaires, se traduit pour l’heure par une uniformisation à marche forcée. Depuis septembre, les deux radios partagent l’intégralité de leur grille, y compris la matinale, un choix qui cristallise les crispations.
Historiquement marquée par une ligne œcuménique et progressiste, fidèle à l’esprit du catholicisme social lyonnais, RCF voit émerger des inquiétudes sur un virage idéologique vers la droite, voire l’extrême droite. "Des auditeurs appellent pour se plaindre de ce laisser faire qui ne leur correspond pas,” affirme un journaliste de RCF. Certains animateurs et intervenants réguliers sont associés à des médias conservateurs, ce qui alimente la défiance d’une partie de la rédaction et des bénévoles. Symbole de ce tournant : Louis Daufresne, éditorialiste de la matinale. Proche des milieux catholiques identitaires, habitué des plateaux de CNews, il a -entre autre- suscité une polémique en octobre 2024 après une blague sexiste diffusée à l’antenne.
Une église tiraillée
L'équipe de la direction du groupe et son directeur général, Bruno Courtois, directement mis en cause par des salariés, n'ont pas encore répondu aux sollicitations de France 3 Rhône Alpes à ce stade.
Mais le groupe fait face à une situation inédite. Concurrencé par la chaîne KTO, qui projette elle-même une radio, RCF a vu, ces dernières années, l'apparition de lignes catholiques identitaires croissantes sous l'impulsion des médias détenus par l'homme d'affaires Vincent Bolloré (Cnews, C8, Europe 1, Paris Match ou encore Le journal du Dimanche). La ligne de RCF se trouvait bousculée et concurrencée par une frange traditionaliste et conservatrice.
Cette crise de gouvernance, de sens et d'identité que traverse RCF résonne finalement comme un symbole : celui d'une communauté catholique française en mutation, tiraillée entre son ancrage progressiste et les forces conservatrices et identitaires émergentes.