"Sans papiers", des avions comme des trains.

Publié le par Michel Durand

Un vieil ami prêtre me disait, il y a quelques semaines, à propos des expulsions de familles de « sans papiers » (français) : « un jour, nous allons apprendre que, comme jadis des trains, des avions ont embarqué des tonnes de gens pour les abandonner, loin de la France, dans leur pays d’origines ». Si ces gens osent fuir leur terre natale, c’est qu’ils y sont en danger, soit politique, soit économique. La misère est un danger.

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Enfin, nous devrions savoir que nous ne pouvons assumer toute la misère du monde.
Je trouvais les propos de ce prêtre quelque peu excessif. Les avions qui débarquent les indésirables étrangers ne peuvent ressembler aux trains d’Hitler, soutenu par Pétain.
Des évènements récents me donnent, hélas, tort. Voici que je viens de recevoir au sujet d’une famille que RESF a soutenu en lui rendant visite au Camp de rétention de l’aéroport Lyon Saint-Exupéry.

- « Pas assez de mots pour dire l'insupportable de l'expulsion de la famille ALI.

à 11h30 ce matin samedi 17/11, la famille ALI est embarquée du centre de rétention alors que la fin de rétention terminait à 14h....

Ils ont été expulsés de l'aéroport de Bron, dans un avion spécialement affrété pour eux avec un escorte de 6 policiers !
Des moyens plus que démesurés pour un couple et 2 enfants en bas âge.

La préfecture du rhône fait preuve d’un acharnement terrible : 32 jours de rétention pour être expulsés à la dernière minute.
On ne nous fera pas croire que ce n'était pas prévu !
La préfecture fait le choix de faire vivre la rétention jusqu’au bout... puis prévoit l’expulsion (avec ou sans laisser-passer) dans les dernières heures, sans aucune information, et du petit aéroport de Bron qui sert aux déplacements officiels ou particuliers...

Ils sont arrivés à 17h30 à Tirana  en Albanie. J’ai eu Gloria au téléphone à 18h.... Ils ne savaient pas ce qu’ils allaient faire.

Ils doivent être protégés ! ils sont en danger en Albanie !

Un communiqué suit.... dès que j’ai le courage de m’y mettre !

On continue.

Il est plus que jamais nécessaire de faire le maximum avant que les familles soient au centre de rétention !

Publié dans Politique

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S
A cette indignation, ( il y eu , jusqu'à la dernière minute une importante mobilisation pour cette famille toute proche de nous )j'ajoute  des fragment d'un texte de Laurent Giovanni, secrétaire de la Cimade , mettant en garde le parlement européen contre un projet de directive sur l'expulsion des sans-papiers."Ce qui est en jeu , en proposant une durée de rétention  (bien au-delà des 32 jours , de règle en France ) c'est l'acceptation par toute l'Europe que l'enfermenet des migrants-hommes, femmes enfants- peut devenir la règle(...) pour déterminer s'ils sont "utiles"et admis oui ou non dans un pays de l'Union.Cette façon d'appréhender la "gestion "des personnes migrantes par l'enfermement et le cantonnement  dans des lieux spécifiques,  paricipe d'une logique que l'Europe a déjà connue avant guerre : celle des camps d'inrernement des années 1930. A y être maintenue pendant des semaines, la personne y devient pour l'administration (...) un dossier qu'il faut instruireet traiter. Parce qu'elle est migrante, on lui retire son libre-arbitre, son appartenace  et son droit à la vie sociale,sa possibilité d'agir, de créer, d'intervenir ausein de la collectivité. On la prive , pas seulement de sa liberté , mais de son appartenance à la société humaine. Et on la détruit. in Le Monde , 17 novembre 07
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M
Les déclarations générales sont certainement nombreuses et peu efficaces. En voici un, du Vatican (25-26 octobre 2007) à l'adresse de la 28ème conférence des ministres européens de la justice tenue en Espagne. Comment en tenir compte ? 3. Quant à la situation des demandeurs d’asile et des réfugiés, il est à souligner que, généralement, l’approche légale et procédurale se contente de considérer leur entrée dans les pays, sans se préoccuper de connaître les motifs qui poussent ces personnes à fuir leur pays d’origine. Ces motifs sont presque toujours l’indice d’injustices, de souffrances et de réponses insuffisantes aux besoins essentiels : ne peut-on pas dire alors que ces droits fondamentaux déniés ou dont on ne peut jouir sont la cause de ces déplacements forcés ? Il est donc nécessaire qu’à côté de l’engagement humanitaire, on édicte des normes et des procédures permettant de traduire en termes de justice les formes de solidarités propres aux Européens, en reconnaissant que toute personne, en raison de sa dignité et des droits qui en découlent, ne peut être objet d’actes de discrimination.