L’Etre supérieur au Faire
J'en parlais hier avec J.F.A. que j'ai rencontré, un peu par hasard, à l'Abbaye d'Aiguebelle. Il ne m'attendait pas -nous ne nous échangions aucune lettre- et je n'étais pas certain
de sa présence en ce lieu.
J'en parlais avec lui ; plus exactement ensemble, nous parlions de la nécessité d'ETRE avant de FAIRE. Dans notre vie de chrétien et de prêtre (et pourquoi pas d'homme !), l'être
doit primer sur le faire. Nous le savons tous ; mais, agissons-nous en conséquence ? La plus belle fille du monde ne donne que ce qu'elle a. Et, ce que l'on possède, n'est-ce pas en fonction de
ce que l'on est, qu'on le possède ? Qui suis-je ? De même, ce que l'on fait.
« Fay ce que vouldras », enseignait Gargantua à Thélème. Hais, qu'est-ce que je veux ? Qu'un maître mass-media me dicte les actions de mon bonheur ? Il n'y aurait plus à réfléchir ! Joie de la fascination ! Ah non ! Comment être mouton et heureux à la fois ? Quel est ce MOI qui veut le bonheur ? Ecoutons Saint Augustin qui est à la source de ce genre de pensé ; il donne une phrase plus longue. Avant le Faire, il y a de l'Etre. Aimer est plus un état, un exister qu'une oeuvre. « Dilige et quod vis fas ». Ce que tu veux sera préalablement déterminé par ton amour.
Aimer ?
Est-ce du domaine de l'être ou du faire ? J'aime et pourtant je ne fais rien, surtout pas obligatoirement l'amour. J'aime ; je suis aimant. Je suis… c'est du domaine de l'être.
Cette toute petite réflexion, inspirée par celle d'André Glucksmann, au début de son livre « Les Maîtres Penseurs », me montre combien il est important de mettre l'accent sur ce qui améliore la qualité de ma vie, de mon être profond, qui dans sa plus totale simplicité n'est pas abstrait. Il est amour, amour concret.
Façonner mon être, c'est façonner mon acte d'aimer, mon "aimer". Les actes qui en résulteront seront les gestes de quelqu'un qui aime. Ce n'est pas facile d'aimer. La lutte contre la recherche de soi est constante afin de se donner, sans faille, dans l'amour…
Prêtres, est-ce que, en Eglise, nous passons suffisamment de temps à modeler notre être intérieur ? La multiplicité des tâches à accomplir se présente à nous comme une distraction ; il y a tant et tant à faire pour répondre aux demandes des gens ! Et la situation ne s'aggrave-t-elle pas avec la baisse du nombre de permanents ? Comment, dans notre vie quotidienne, soigner également notre Moi profond, destiné à aimer, et notre présence à autrui qui passe par une foule d'actions ?
Il me semble qu'il n'y a pas de combat entre contemplation et action car le dernier ne peut aller sans le premier. Et pour être simple, voire même simpliste, je dirais que s'il faut supprimer un des éléments de ce duel, ce serait vers l'action que je me tournerais. Il est, en effet, vraiment important de prendre les moyens pour améliorer la qualité de son être.
Etre pour Faire.
C'est avec ce type de réflexion qu'un jour, à des gens réunis en un week-end de prière, je m'expliquai sur la nécessité de retrouver dans notre vie le noeud de l'horizontal et du vertical, en inventant une "formule slogan" similaire à celle de l'action catholique, voir - juger - agir, mais bien différente quand même, pour ne pas dire fondamentalement autre : Prier, Réfléchir, Agir.
Prière de l'homme qui aime, qui jette sur le monde un regard de miséricorde. Prière bien concrète, incarnée dans un peuple charnel, palpable, ambigu. Prière de celui qui est tout à la fois le bien et le mal. Prière de celui qui ne sait plus où il en est, et pour qui la réflexion est diablement nécessaire.
Il n'y a rien d'original et de spécial dans tout ce que j'écris. J'en ai bien conscience. Seulement, si je tiens à partager ma pensée, c'est que je pense que les structures, les habitudes actuelles de notre Eglise, favorisent plus le domaine du Faire que celui de l'Etre. Peut-être cela a-t-il toujours été ainsi ? Aux historiens de nous le dire. En ce qui nous concerne, chrétiens de base, prêtres de tous les jours, ne pouvons-nous pas voir autrement ?
Personnellement, je n'entrevois pas d'autre réponse à ce genre de questions que l'enfouissement dans la prière personnelle et communautaire : signe de notre dématérialisation, signe que nous cherchons à savoir où est la place véritable et exclusive de l'Absolu.
« Fay ce que vouldras », enseignait Gargantua à Thélème. Hais, qu'est-ce que je veux ? Qu'un maître mass-media me dicte les actions de mon bonheur ? Il n'y aurait plus à réfléchir ! Joie de la fascination ! Ah non ! Comment être mouton et heureux à la fois ? Quel est ce MOI qui veut le bonheur ? Ecoutons Saint Augustin qui est à la source de ce genre de pensé ; il donne une phrase plus longue. Avant le Faire, il y a de l'Etre. Aimer est plus un état, un exister qu'une oeuvre. « Dilige et quod vis fas ». Ce que tu veux sera préalablement déterminé par ton amour.
Aimer ?
Est-ce du domaine de l'être ou du faire ? J'aime et pourtant je ne fais rien, surtout pas obligatoirement l'amour. J'aime ; je suis aimant. Je suis… c'est du domaine de l'être.
Cette toute petite réflexion, inspirée par celle d'André Glucksmann, au début de son livre « Les Maîtres Penseurs », me montre combien il est important de mettre l'accent sur ce qui améliore la qualité de ma vie, de mon être profond, qui dans sa plus totale simplicité n'est pas abstrait. Il est amour, amour concret.
Façonner mon être, c'est façonner mon acte d'aimer, mon "aimer". Les actes qui en résulteront seront les gestes de quelqu'un qui aime. Ce n'est pas facile d'aimer. La lutte contre la recherche de soi est constante afin de se donner, sans faille, dans l'amour…
Prêtres, est-ce que, en Eglise, nous passons suffisamment de temps à modeler notre être intérieur ? La multiplicité des tâches à accomplir se présente à nous comme une distraction ; il y a tant et tant à faire pour répondre aux demandes des gens ! Et la situation ne s'aggrave-t-elle pas avec la baisse du nombre de permanents ? Comment, dans notre vie quotidienne, soigner également notre Moi profond, destiné à aimer, et notre présence à autrui qui passe par une foule d'actions ?
Il me semble qu'il n'y a pas de combat entre contemplation et action car le dernier ne peut aller sans le premier. Et pour être simple, voire même simpliste, je dirais que s'il faut supprimer un des éléments de ce duel, ce serait vers l'action que je me tournerais. Il est, en effet, vraiment important de prendre les moyens pour améliorer la qualité de son être.
Etre pour Faire.
C'est avec ce type de réflexion qu'un jour, à des gens réunis en un week-end de prière, je m'expliquai sur la nécessité de retrouver dans notre vie le noeud de l'horizontal et du vertical, en inventant une "formule slogan" similaire à celle de l'action catholique, voir - juger - agir, mais bien différente quand même, pour ne pas dire fondamentalement autre : Prier, Réfléchir, Agir.
Prière de l'homme qui aime, qui jette sur le monde un regard de miséricorde. Prière bien concrète, incarnée dans un peuple charnel, palpable, ambigu. Prière de celui qui est tout à la fois le bien et le mal. Prière de celui qui ne sait plus où il en est, et pour qui la réflexion est diablement nécessaire.
Il n'y a rien d'original et de spécial dans tout ce que j'écris. J'en ai bien conscience. Seulement, si je tiens à partager ma pensée, c'est que je pense que les structures, les habitudes actuelles de notre Eglise, favorisent plus le domaine du Faire que celui de l'Etre. Peut-être cela a-t-il toujours été ainsi ? Aux historiens de nous le dire. En ce qui nous concerne, chrétiens de base, prêtres de tous les jours, ne pouvons-nous pas voir autrement ?
Personnellement, je n'entrevois pas d'autre réponse à ce genre de questions que l'enfouissement dans la prière personnelle et communautaire : signe de notre dématérialisation, signe que nous cherchons à savoir où est la place véritable et exclusive de l'Absolu.