l'art, expression de la vie au quotidien ?
Bientôt sera inaugurée l’exposition de Roger Garin « en marge ».
Je l’ai ainsi présentée :
L'exposition de Roger Garin « en marge » non seulement parle de SDF, de sans papier, de souffrance et d'espérance..., mais aussi de ceux et celles qui travaillent pour humaniser l'humanité.
Les associations, mouvements ou services : Forum réfugiés ; Secours catholique ; Cimade ; Réseau éducation sans frontière ; Comité catholique contre la faim et pour le développement ; Habitat et humanisme ; Service coopération et développement ; Pastorale des migrants ; Sans abri ; Armée du salut ...
seront présents tout au long de cet événement et témoigneront de leurs actions.
Venez à leur rencontre en compagnie de Roger Garin.
Mais, m’a-t-on demandé, vous faites de la politique, du social, de l’humanitaire ou de l’art ?
Comme si l’un ne pouvait pas s’associer à l’autre.
Cette remarque me fait penser à l’attitude de critiques d’art devant Manessier qui tentait d’expliquer comment sa foi chrétienne s’exprimait dans se travaux.
J. J. Lerrand, inlassablement, répondait à Manessier : « oui, mais vous êtes avant tout peintre. Votre démarche est une démarche purement artistique ». On regardait le « passion selon saint-Jean » après avoir vu plusieurs « favellas ».
Il serait facile d'opposer les deux termes « contemplation » et « militance», tant dans l'Église que dans l'engagement politique et dans l'art. Celui qui agit et milite le fait en vue de changer le monde, et n'a guère de temps à perdre à contempler gratuitement des œuvres d'art, lesquelles sont souvent suspectées d'entretenir des liens privilégiés avec l'idéologie dominante et la culture bourgeoise. À l'inverse un esthète, un artiste, sera un piètre militant, lui qui met la recherche du sentiment esthétique au-dessus de celle du vrai et du juste.
Mon propos sera de penser ces deux termes ensemble, de montrer que l'on ne devrait pas les dissocier. Si l'on veut agir de manière juste et réfléchie, il faut pouvoir prendre une certaine distance par rapport au monde, le penser, l'observer, le contempler. Quant à l'amateur d'art, artiste ou esthète, il change déjà le monde par le fait qu'il propose sur lui un autre regard, différent, utopique, critique. Un regard qui, partagé par d'autres, pourra créer une pensée libre en vue d'une action militante, qu'elle soit personnelle ou communautaire. Jésus, croyons-nous, était à la fois un militant et un artiste ; il agissait et méditait, il donnait et donnait à voir.
Mais penser conjointement ces deux termes « contemplation » et « militance » demande d'évaluer au préalable les relations actuelles entre l'art et le christianisme.
L'ART CONTEMPORAIN ENTRE INDIVIDUALISME ET DÉTACHEMENT DU MONDE.
Ces relations semblent plutôt infirmer mon postulat que le confirmer. La découverte de la dimension esthétique du christianisme est bien une réalité actuelle, mais qui semble aller de pair avec un oubli de sa dimension publique, d'une certaine forme d'engagement politique ou social. Comme si, décidément, esthétique et éthique avaient du mal à s'accorder.
Depuis une ou deux décennies, le christianisme est à nouveau en quête de beauté. L'image, l'art dans sa dimension plastique et visuelle, le sens du beau reviennent en force dans la théologie comme dans la pratique de l'Église, après avoir été écartés, ignorés ou même combattus. Est-ce un hasard si cette période de renouveau esthétique prend la suite de la période engagée du christianisme ? Dans les années 1950-1970, le christianisme dialoguait avec le politique. À partir des années 90, il découvre l'esthétique. Au christianisme engagé fait suite un christianisme plus sage, rangé. On ne raisonnerait plus aujourd'hui comme Jürgen Moltmann le faisait en 1972, quand il opposait la beauté comme valeur du paganisme antique, à la laideur de la Croix, fondement de la théologie chrétienne, ou encore comme Eberhard Jüngel qui, reprenant une citation de Schelling, affirmait que « Le beau aussi doit mourir », reconnaissant par là que la beauté est une valeur humaine suspecte aux yeux de Dieu.
On serait aujourd'hui dans une logique à peu près inverse. Non seulement l'esthétique est redevenue une valeur positive dans le christianisme, mais sa réappropriation chrétienne s'accompagne souvent d'un désintérêt pour le monde et ses problèmes. Le monde est laid, mais la foi, elle, est marquée fondamentalement du sceau de la beauté. En redécouvrant l'image, l'art, la beauté, ce n'est pas le monde et ses valeurs esthétiques que l'Église se réapproprie, mais une certaine tradition ecclésiale, liturgique, esthétique. L'engagement pour les causes perdues, la dénonciation des injustices se sont transformés en recherche du beau, en quête d'harmonie et de beauté.
Ce phénomène repose sur des raisons à la fois internes et externes au christianisme ; j'en évoquerai rapidement quatre, les deux premières étant liées aux réflexions sur l'art.
1. La conception moderne du beau : depuis le XIXe siècle, on assiste à un mouvement d'autonomisation de l'art, qui refuse de se soumettre à des buts qui lui sont extérieurs. C'est ce que l'on appelle le caractère autonome de l'art. L'art n'obéit à aucun but, à aucun idéal qui lui soit extérieur, que ces idéaux soient éthiques, politiques, philosophiques ou religieux. Tout système de pensée est compris comme une volonté de soumettre l'art. Le seul but de l'art est d'être de l'art, de faire naître des impressions fortes. L'art n'obéit à aucune finalité extérieure, puisqu'il possède en lui sa propre finalité. Nous sommes encore dans l'esthétique kantienne d'un art qui revendique une «finalité sans fin ». Partant de là, on voit mal comment l'art pourrait servir à défendre des causes religieuses, sociales ou politiques, si nobles soient-elles. Dès que l'art veut expliquer, affirmer, montrer une idée, il devient une forme d'idéologie, et cesse donc d'être de l'art.
2. Le triomphe de la non-représentation. L'abstraction, qu'il vaut mieux qualifier de « non-représentation » est devenue une des tendances dominantes de la création artistique contemporaine. Les œuvres d'art majeures d'aujourd'hui - et cela depuis le milieu du XXe siècle - ont des formes, des couleurs et des matières, mais ne représentent plus rien. La copie du réel, la représentation sont considérées comme une illusion. L'art ne copie plus rien, ni la nature, ni la forme humaine. Il s'est libéré de l'analogie, de la ressemblance, de la figuration, qui sont considérées comme des illusions contraignantes. On sait que les débuts de l'abstraction allèrent de pair avec des recherches spirituelles. Il résulte de ce tournant esthétique que de fortes tendances dans l'art contemporain privilégient la quête intérieure, la quête mystique du vide, le silence, au détriment d'une relation active au monde actuel et à ses questionnements.
À ces éléments esthétiques viennent s'ajouter des considérations plus religieuses, qui vont dans le même sens. Je me contenterai d'en signaler, là encore, deux.
3. Le renouveau esthétique et liturgique. Ce nouvel intérêt pour l'esthétique se fait dans un contexte de redécouverte et de réévaluation de la liturgie, du rite, du langage symbolique dans le culte chrétien. Certes, comme l'a montré Henry Mottu, le langage liturgique peur être vécu comme un acte prophétique qui engage véritablement, et doit se vivre en une tension féconde avec l'histoire quotidienne et profane de l'humanité. Mais cette thèse va plutôt à contre-courant d'une tendance générale qui situe l'esthétique au cœur d'une liturgie marquée par une certaine indifférence à l'histoire contemporaine. Une liturgie qui privilégie la tradition plutôt que l'innovation, la fidélité de la mémoire plutôt que le risque du renouveau, le consensus plutôt que l'affirmation de la différence. Ainsi l'art chrétien des siècles passés et l'icône, qui reposent sur l'esthétique traditionnelle issue du concile Nicée II, seront privilégiés par rapport à des formes d'art plus novatrices et contestatrices.
4. La subjectivité comme nouvelle forme de spiritualité : une autre tendance du renouveau esthétique dans le christianisme semble contredire notre dernière affirmation ; en fait, elle la complète : il s'agit d'œuvres qui privilégient une vision strictement personnelle, subjective, intime même de l'artiste, comprise par lui comme étant une démarche spirituelle. Ce qui compte avant tout n'est pas la lutte pour une cause juste, la défense d'un idéal philosophique ou religieux, mais l'exploration et l'expression de son « moi » (y compris dans sa dimension croyante) par le moyen de l'œuvre d'art. On résumera cette démarche par le succès du mot « spiritualité », mot aux contours vagues, qui permet de qualifier toutes sortes d'expériences personnelles. Certains qualifieront de « spirituel » dans une œuvre ce qui est simplement du ressort de l'expression personnelle. L'arrière-fond philosophique de cette démarche n'est plus Kant mais Nietzsche, celui qui a inauguré, selon l'expression de Luc Ferry, un « ultra-individualisme esthétique », « chacun ayant désormais le "droit" d'exprimer ce qui constitue à proprement parler son "point de vue" ». L'une des vocations de l'art, pour Nietzsche, est bien de témoigner que « notre monde intérieur est un monde bien plus riche, bien plus vaste, bien plus caché » qu'on ne l'avait cru jusqu'alors. Voilà des perspectives certes très profondes, mais qui nous éloignent d'un art tourné vers l'engagement politique et social.
L’exposition de Roger Garin que je soutiens fortement avec l’aide de « arts, cultures et foi » de l’Eglise de Lyon, montre tout l’engagement du peintre à ne pas s’isoler dans une bulle pieuse éloignée du monde. Il s’engage, au contraire, dans une réelle liturgie en lien avec le politique.
Assurément, cela ne ressemble être l’air du temps. Nous voilà, « en marge ». ne l’avions-nous pas déjà dit ?
Je l’ai ainsi présentée :
L'exposition de Roger Garin « en marge » non seulement parle de SDF, de sans papier, de souffrance et d'espérance..., mais aussi de ceux et celles qui travaillent pour humaniser l'humanité.
Les associations, mouvements ou services : Forum réfugiés ; Secours catholique ; Cimade ; Réseau éducation sans frontière ; Comité catholique contre la faim et pour le développement ; Habitat et humanisme ; Service coopération et développement ; Pastorale des migrants ; Sans abri ; Armée du salut ...
seront présents tout au long de cet événement et témoigneront de leurs actions.
Venez à leur rencontre en compagnie de Roger Garin.
Mais, m’a-t-on demandé, vous faites de la politique, du social, de l’humanitaire ou de l’art ?
Comme si l’un ne pouvait pas s’associer à l’autre.
Cette remarque me fait penser à l’attitude de critiques d’art devant Manessier qui tentait d’expliquer comment sa foi chrétienne s’exprimait dans se travaux.
J. J. Lerrand, inlassablement, répondait à Manessier : « oui, mais vous êtes avant tout peintre. Votre démarche est une démarche purement artistique ». On regardait le « passion selon saint-Jean » après avoir vu plusieurs « favellas ».
Manessier, Passion selon Saint Jean (1986)
Jérôme Cottin aborde cette question de la militance dans l’art dans son ouvrage « la mystique de l’art », Cerf histoire. Il montre que l’on ne peut pas
dissocier l’art de la militance et réciproquement.
CONTEMPLATION ET MILITANCE L'ART COMME ACTE PROPHÉTIQUE
Il serait facile d'opposer les deux termes « contemplation » et « militance», tant dans l'Église que dans l'engagement politique et dans l'art. Celui qui agit et milite le fait en vue de changer le monde, et n'a guère de temps à perdre à contempler gratuitement des œuvres d'art, lesquelles sont souvent suspectées d'entretenir des liens privilégiés avec l'idéologie dominante et la culture bourgeoise. À l'inverse un esthète, un artiste, sera un piètre militant, lui qui met la recherche du sentiment esthétique au-dessus de celle du vrai et du juste.
Mon propos sera de penser ces deux termes ensemble, de montrer que l'on ne devrait pas les dissocier. Si l'on veut agir de manière juste et réfléchie, il faut pouvoir prendre une certaine distance par rapport au monde, le penser, l'observer, le contempler. Quant à l'amateur d'art, artiste ou esthète, il change déjà le monde par le fait qu'il propose sur lui un autre regard, différent, utopique, critique. Un regard qui, partagé par d'autres, pourra créer une pensée libre en vue d'une action militante, qu'elle soit personnelle ou communautaire. Jésus, croyons-nous, était à la fois un militant et un artiste ; il agissait et méditait, il donnait et donnait à voir.
Mais penser conjointement ces deux termes « contemplation » et « militance » demande d'évaluer au préalable les relations actuelles entre l'art et le christianisme.
L'ART CONTEMPORAIN ENTRE INDIVIDUALISME ET DÉTACHEMENT DU MONDE.
Ces relations semblent plutôt infirmer mon postulat que le confirmer. La découverte de la dimension esthétique du christianisme est bien une réalité actuelle, mais qui semble aller de pair avec un oubli de sa dimension publique, d'une certaine forme d'engagement politique ou social. Comme si, décidément, esthétique et éthique avaient du mal à s'accorder.
Depuis une ou deux décennies, le christianisme est à nouveau en quête de beauté. L'image, l'art dans sa dimension plastique et visuelle, le sens du beau reviennent en force dans la théologie comme dans la pratique de l'Église, après avoir été écartés, ignorés ou même combattus. Est-ce un hasard si cette période de renouveau esthétique prend la suite de la période engagée du christianisme ? Dans les années 1950-1970, le christianisme dialoguait avec le politique. À partir des années 90, il découvre l'esthétique. Au christianisme engagé fait suite un christianisme plus sage, rangé. On ne raisonnerait plus aujourd'hui comme Jürgen Moltmann le faisait en 1972, quand il opposait la beauté comme valeur du paganisme antique, à la laideur de la Croix, fondement de la théologie chrétienne, ou encore comme Eberhard Jüngel qui, reprenant une citation de Schelling, affirmait que « Le beau aussi doit mourir », reconnaissant par là que la beauté est une valeur humaine suspecte aux yeux de Dieu.
On serait aujourd'hui dans une logique à peu près inverse. Non seulement l'esthétique est redevenue une valeur positive dans le christianisme, mais sa réappropriation chrétienne s'accompagne souvent d'un désintérêt pour le monde et ses problèmes. Le monde est laid, mais la foi, elle, est marquée fondamentalement du sceau de la beauté. En redécouvrant l'image, l'art, la beauté, ce n'est pas le monde et ses valeurs esthétiques que l'Église se réapproprie, mais une certaine tradition ecclésiale, liturgique, esthétique. L'engagement pour les causes perdues, la dénonciation des injustices se sont transformés en recherche du beau, en quête d'harmonie et de beauté.
Ce phénomène repose sur des raisons à la fois internes et externes au christianisme ; j'en évoquerai rapidement quatre, les deux premières étant liées aux réflexions sur l'art.
1. La conception moderne du beau : depuis le XIXe siècle, on assiste à un mouvement d'autonomisation de l'art, qui refuse de se soumettre à des buts qui lui sont extérieurs. C'est ce que l'on appelle le caractère autonome de l'art. L'art n'obéit à aucun but, à aucun idéal qui lui soit extérieur, que ces idéaux soient éthiques, politiques, philosophiques ou religieux. Tout système de pensée est compris comme une volonté de soumettre l'art. Le seul but de l'art est d'être de l'art, de faire naître des impressions fortes. L'art n'obéit à aucune finalité extérieure, puisqu'il possède en lui sa propre finalité. Nous sommes encore dans l'esthétique kantienne d'un art qui revendique une «finalité sans fin ». Partant de là, on voit mal comment l'art pourrait servir à défendre des causes religieuses, sociales ou politiques, si nobles soient-elles. Dès que l'art veut expliquer, affirmer, montrer une idée, il devient une forme d'idéologie, et cesse donc d'être de l'art.
2. Le triomphe de la non-représentation. L'abstraction, qu'il vaut mieux qualifier de « non-représentation » est devenue une des tendances dominantes de la création artistique contemporaine. Les œuvres d'art majeures d'aujourd'hui - et cela depuis le milieu du XXe siècle - ont des formes, des couleurs et des matières, mais ne représentent plus rien. La copie du réel, la représentation sont considérées comme une illusion. L'art ne copie plus rien, ni la nature, ni la forme humaine. Il s'est libéré de l'analogie, de la ressemblance, de la figuration, qui sont considérées comme des illusions contraignantes. On sait que les débuts de l'abstraction allèrent de pair avec des recherches spirituelles. Il résulte de ce tournant esthétique que de fortes tendances dans l'art contemporain privilégient la quête intérieure, la quête mystique du vide, le silence, au détriment d'une relation active au monde actuel et à ses questionnements.
À ces éléments esthétiques viennent s'ajouter des considérations plus religieuses, qui vont dans le même sens. Je me contenterai d'en signaler, là encore, deux.
3. Le renouveau esthétique et liturgique. Ce nouvel intérêt pour l'esthétique se fait dans un contexte de redécouverte et de réévaluation de la liturgie, du rite, du langage symbolique dans le culte chrétien. Certes, comme l'a montré Henry Mottu, le langage liturgique peur être vécu comme un acte prophétique qui engage véritablement, et doit se vivre en une tension féconde avec l'histoire quotidienne et profane de l'humanité. Mais cette thèse va plutôt à contre-courant d'une tendance générale qui situe l'esthétique au cœur d'une liturgie marquée par une certaine indifférence à l'histoire contemporaine. Une liturgie qui privilégie la tradition plutôt que l'innovation, la fidélité de la mémoire plutôt que le risque du renouveau, le consensus plutôt que l'affirmation de la différence. Ainsi l'art chrétien des siècles passés et l'icône, qui reposent sur l'esthétique traditionnelle issue du concile Nicée II, seront privilégiés par rapport à des formes d'art plus novatrices et contestatrices.
4. La subjectivité comme nouvelle forme de spiritualité : une autre tendance du renouveau esthétique dans le christianisme semble contredire notre dernière affirmation ; en fait, elle la complète : il s'agit d'œuvres qui privilégient une vision strictement personnelle, subjective, intime même de l'artiste, comprise par lui comme étant une démarche spirituelle. Ce qui compte avant tout n'est pas la lutte pour une cause juste, la défense d'un idéal philosophique ou religieux, mais l'exploration et l'expression de son « moi » (y compris dans sa dimension croyante) par le moyen de l'œuvre d'art. On résumera cette démarche par le succès du mot « spiritualité », mot aux contours vagues, qui permet de qualifier toutes sortes d'expériences personnelles. Certains qualifieront de « spirituel » dans une œuvre ce qui est simplement du ressort de l'expression personnelle. L'arrière-fond philosophique de cette démarche n'est plus Kant mais Nietzsche, celui qui a inauguré, selon l'expression de Luc Ferry, un « ultra-individualisme esthétique », « chacun ayant désormais le "droit" d'exprimer ce qui constitue à proprement parler son "point de vue" ». L'une des vocations de l'art, pour Nietzsche, est bien de témoigner que « notre monde intérieur est un monde bien plus riche, bien plus vaste, bien plus caché » qu'on ne l'avait cru jusqu'alors. Voilà des perspectives certes très profondes, mais qui nous éloignent d'un art tourné vers l'engagement politique et social.
Texte de Jérôme Cottin
L’exposition de Roger Garin que je soutiens fortement avec l’aide de « arts, cultures et foi » de l’Eglise de Lyon, montre tout l’engagement du peintre à ne pas s’isoler dans une bulle pieuse éloignée du monde. Il s’engage, au contraire, dans une réelle liturgie en lien avec le politique.
Assurément, cela ne ressemble être l’air du temps. Nous voilà, « en marge ». ne l’avions-nous pas déjà dit ?