Messiaen, médiateur vers Dieu
Centième anniversaire de la naissance d'Olivier Messiaen. On en parle beaucoup et on entend sa
musique.
Messiaen est le musicien qui m'a fait aimer l'orgue. Sa musique m'invite toujours à une attitude active, suspendue à l'événement qui arrive. Avec elle le repos « avachis » n'existe pas. On est toujours en éveil, ne pouvant s'appesantir dans des affirmations lourdement plaquées. L'équilibre instable de l'existence est maintenu comme sur la pointe des pieds. La recherche l'emporte sur l'affirmation pesante et faussement assurée. Quête incessante, dans le doute et la foi d'une perfection absolue.
Je m'exprime aujourd'hui ainsi, à propos de la musique d'orgue d'Olivier Messiaen. Mais ce sentiment d'équilibre dans la suspension, je pense l'avoir toujours expérimenté. Je le fais remonter à ma première participation à un concert d'orgue. Divers morceaux y étaient donnés, dont quelques uns, les derniers, de Messiaen. Pour en être sûr, j'ai ouvert les archives de mon adolescence, une caisse, précieusement gardée (Pourquoi ?).
Dans un cahier, journal de 1960, 13 mars 1960, -je suis en première technique-, je lis :
« Je vais, seul, à la cathédrale (de Clermont-Ferrand). Le début de l'audition fut assez froid. Mais, mes cordes sensibles s'échauffent assez rapidement. Mon enthousiasme croissant me conduisit presqu'au délire. J'étais pris dans un véritable élan qui avait pour but une notable ferveur religieuse. A ce moment, mes dialogues avec sœur Joséphat, contemplative, viennent à mon esprit : dans ce fort état d'âme, dans cette passion mystique, y a-t-il du naturel ou aussi du surnaturel ?
Je crois que c'est naturel, car seuls mes sentiments semblent bouillir.
Par la suite, je passe à la prière et je pense qu'à travers la musique et son expression Dieu est descendu dans mon âme. Il m'enveloppe complètement de sa présence. Non pas la musique, mais Dieu. Aussi, j'essaie la contemplation surnaturelle. Je chasse de moi tout ce qui est concert et j'y place Dieu. Dieu est bon. Dieu est amour. Dieu me rend heureux ; très heureux. Je suis heureux. J'ai la joie. Je ne suis qu'ardeur et force de joie. Dieu est bon. Je suis sûr qu'il est près de moi et qu'il m'aime. Aucun mot ne peut traduire mon état, mon enthousiasme Rien ne peut transcrire ce feu délirant que j'éprouve. J'ai la joie... Dieu m'écoute. »
Doit-on sourire ? Certainement.
Je demeure pourtant dans cette même sève à l'écoute d'une musique qui parle au cœur.
Messiaen est le musicien qui m'a fait aimer l'orgue. Sa musique m'invite toujours à une attitude active, suspendue à l'événement qui arrive. Avec elle le repos « avachis » n'existe pas. On est toujours en éveil, ne pouvant s'appesantir dans des affirmations lourdement plaquées. L'équilibre instable de l'existence est maintenu comme sur la pointe des pieds. La recherche l'emporte sur l'affirmation pesante et faussement assurée. Quête incessante, dans le doute et la foi d'une perfection absolue.
Je m'exprime aujourd'hui ainsi, à propos de la musique d'orgue d'Olivier Messiaen. Mais ce sentiment d'équilibre dans la suspension, je pense l'avoir toujours expérimenté. Je le fais remonter à ma première participation à un concert d'orgue. Divers morceaux y étaient donnés, dont quelques uns, les derniers, de Messiaen. Pour en être sûr, j'ai ouvert les archives de mon adolescence, une caisse, précieusement gardée (Pourquoi ?).
Dans un cahier, journal de 1960, 13 mars 1960, -je suis en première technique-, je lis :
« Je vais, seul, à la cathédrale (de Clermont-Ferrand). Le début de l'audition fut assez froid. Mais, mes cordes sensibles s'échauffent assez rapidement. Mon enthousiasme croissant me conduisit presqu'au délire. J'étais pris dans un véritable élan qui avait pour but une notable ferveur religieuse. A ce moment, mes dialogues avec sœur Joséphat, contemplative, viennent à mon esprit : dans ce fort état d'âme, dans cette passion mystique, y a-t-il du naturel ou aussi du surnaturel ?
Je crois que c'est naturel, car seuls mes sentiments semblent bouillir.
Par la suite, je passe à la prière et je pense qu'à travers la musique et son expression Dieu est descendu dans mon âme. Il m'enveloppe complètement de sa présence. Non pas la musique, mais Dieu. Aussi, j'essaie la contemplation surnaturelle. Je chasse de moi tout ce qui est concert et j'y place Dieu. Dieu est bon. Dieu est amour. Dieu me rend heureux ; très heureux. Je suis heureux. J'ai la joie. Je ne suis qu'ardeur et force de joie. Dieu est bon. Je suis sûr qu'il est près de moi et qu'il m'aime. Aucun mot ne peut traduire mon état, mon enthousiasme Rien ne peut transcrire ce feu délirant que j'éprouve. J'ai la joie... Dieu m'écoute. »
Doit-on sourire ? Certainement.
Je demeure pourtant dans cette même sève à l'écoute d'une musique qui parle au cœur.