Pourquoi avoir lancé une année Saint Paul ?

Publié le par Michel Durand

Saint Paul

Je ne peux que remercier Benoît XVI de nous avoir incités à lire, relire, les lettres de Paul et de nombreux commentaires écrits à son propos. Les libraires sont-ils fortunes ?

De toute cette littérature, à laquelle j'ajoute les vidéos ( p. e. : Le mystère de Paul, éditions Montparnasse), je retiens que Paul, suite à sa rencontre mystérieuse du Christ, a su développer une action qui permit à la jeune Église de sortir de l'emprise du judaïsme.

Les conférences que l'on m'a encouragé à préparer sur l'iconographie paulinienne m'ont effectivement donné l'occasion de comparer ce que Paul a vécu dans l'église de Jérusalem avec le regard de l'Église à partir du 3ème ou 4ème siècle. Il s'agit alors de montrer Pierre et Paul sur le même plan. Tous les deux en bonne entente pour le développement de l'Église catholique (universelle). La réalité fut autre.

Volonté d'œcuménisme ? C'est ce que semblent dire les médias catholiques. Mais je doute, tant certaines positions officielles du Vatican contredisent cette ouverture.

En fait, j'aimerais trouver des textes qui m'expliquent longuement pourquoi Benoît XVI a décrété une année Saint Paul. Que veut vraiment le pape actuel ?

L'histoire de ce témoin du Ressuscité, Paul, bouleverse tellement l'Institution que je ne vois pas d'accord possible entre ce qu'il a écrit (et que nous lisons aujourd'hui) et ce qui se vit actuellement.

A la suite de la Réforme luthérienne et calviniste, qui développa considérablement les études sur Paul, voir les commentaires sur la Lettre aux Romains, la Contre-réforme catholique exalta la figure de Pierre. Iconographiquement, Paul disparaît presque du champ ecclésial romain. Pierre s'impose avec le symbole des clefs, la tiare papale. Puisque les Protestants ont « pris » Paul, nous répondons avec Pierre.

Y aurait-il une volonté de re-signifier l'alliance Pierre et Paul ?

Mais alors, dans cette perspective, pourquoi ne pas suivre le chemin de Paul qui libéra l'Église du poids de préceptes légaux futiles et insoutenables. Pourquoi ne pas affranchir les catholiques romains de traditions toutes relatives qui reviennent, dans le domaine vestimentaire par exemple, en force. Rouge des cardinaux, taille élevée des mitres, dentelles des habits liturgiques...

Autrement dit, comme Paul ouvrit en son temps les judéo-chrétiens à l'universel, dans la ligne d'Isaïe et du Christ Jésus, ne devrions-nous pas, conduire l'Église du XXIe vers des chemins complètement affranchis des us et coutumes des siècles précédents ? Coutumes trop liées à la contre-réforme issue d'une culture exclusivement occidentale.

Peut-être qu'avec l'année Saint Paul, Benoît XVI nous invite à un regard critique sur les pratiques de l'Église condamnant les jésuites inculturés à la culture chinoise ? Voir l'affaire des rites avec Ricci.

Encore autrement dit, et je prolonge ici mon homélie d'hier, ministres du culte, trop oublieux du ministère sacerdotal des baptisés, n'agissons-nous pas comme les pharisiens qui cherchaient à mettre Jésus en difficulté ?




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