L'oraison et l'Esprit Saint - 6
Une méditation de Robert Beauvery
- Au moins sept méditations sur ce sujet que je publie à raison d'une par semaine. Il est bon de suivre la méditation en consultant la Bible selon les références indiquées.
- Pour relier cette page aux textes que j'ai personnellement écris ces derniers temps, je dirai que l'engagement essentiel qui nous manque, hommes d'aujourd'hui, c'est celui dans la gratuité, la patience, l'action non rentable...
Par le don de connaissance, l'Esprit-Saint assainit les obscurités du cœur, de l'intelligence humaine et les illumine en les rendant capables de recevoir la révélation du Mystère de Jésus de Nazareth, clé de tous les autres mystères du déroulement du dessein de Dieu.
Cependant, une chose est la connaissance, initiale et fondatrice ; et, une autre chose est la mise en acte pratique de cette connaissance. A elle seule la connaissance ne suffit pas à construire une personnalité chrétienne, Mt 2, 24, il lui faut encore imiter la vie de Jésus de Nazareth.
LE DON DE SAGESSE
L'oraison est une école de sagesse, pour ne pas dire l'école de sagesse, enseignée en même temps que la Crainte de Dieu : celle-ci étant la mère de celle-là, Pr. 1, 7.
Comme tous les autres dons du Saint Esprit celui de la Sagesse se demande dans la prière : soit personnelle, à partir de l'expérience précise de l'aveu humble de son manque, d'une part, et, d'autre part, dans l'assurance filiale d'être exaucé par le Père (Jc 1,5) ; soit en Eglise, au sein de la communion des saints, Eph. 1, 17 ; Co 1, 19 (la solitude dans la vraie prière devient présence mentale à la multitude)
La sagesse existentielle recherchée pour mettre en acte la connaissance peut se résumer à une simple question : "Que ferait Jésus s'il était là, à ma place".
LA SAGESSE DE JESUS :
En lui sont cachés tous les trésors, inépuisable de la Sagesse, Col 2, 3 : depuis sa naissance charnelle jusqu'à la glorification de son corps, définitivement marqué par les stigmates de sa passion, Ap. 5,12, en passant par sa vie cachée à Nazareth et sa vie lumineuse, Lc 2, 40-52 ; 11, 31 ; 21, 15... la Sagesse est rivée à l'action historique de Dieu, en Jésus-Christ (Col 1, 9 ; 2, 21) et concerne la question de la vie quotidienne du chrétien... qui en découle.
LA SAGESSE CHRETIENNE A VlVRE AU QUOTIDIEN
La gestion de l'espace :
Il ne s'agit pas d'être un migrant perpétuel, sans domicile fixe. Dans l'état civil de Jésus figure un domicile ; Lc. 2, 51 ; Mc. 2, 1. Il s'agit d'être un résident à part entière, jouant
le jeu des charges du vivre ensemble ; et, en même temps, il s'agit d'être prêt à partir ailleurs, non selon son esprit propre, Jn. 21, 18 ; Lc.15, 11-13, mais sous la conduite de
l'Esprit-Saint, Lc 4, 1 ; Ro. 8, 14; Jn. l0, 19 ... afin d'être là où le service des hommes appelle, d'autres hommes, malgré les réticences de ceux qui se croient abandonnés, Mc 1,38
; Lc. 2, 43-50 ; en se déplaçant toujours, dans la fidélité et la liberté spirituelle, 2 Co 3,17.
La gestion du temps :
Aujourd'hui, les surcharges de l'agenda, l'accélération des rythmes de vie, l'accroissement de la longévité posent avec gravité la question de la gestion sage du temps qui exige que l'on
sache passer de l'urgence à l'essentiel, Le 10, 38-42, donner du temps gratuit, Lc 14, 18-20 ; savoir attendre patiemment, Mt 13, 28-31 ; etc ...
Certes, il existe un temps spécifique et nécessaire, pour satisfaire à chaque obligation de la vie humaine, de la naissance à la mort, Si. 3, 2-8; cependant chacun d'eux peut être géré : soit en toute autonomie d'indépendance, à sa guise, comme Simon-Pierre le fit dans sa jeunesse, Jn 21, 18 ; à l'âge prodigue, Lc 15, 11-13 ; ou, même à l'âge adulte comme ce fut le cas des frères de Jésus, Jn 7, 6 ; soit avec sagesse : en rejoignant, dans l'instant présent, l'aujourd'hui de Dieu, Ps 139, tous les jours, nouveau ! Lam. 3,28.
Conclusion :
L'oraison n'est qu'une école de sagesse, initiatrice d'un itinéraire original au contexte sociétal marqué par d'autres sagesses. Mt 11, 19 ; 1 Co 1, 17 ; 2, 1.5.13 ; 2 Co 1.12 ; Col 2. 23 dont certaines sont totalement opposées à la dimension spirituelle de l'homme, Jc 3, 13-15, donc itinéraire original difficile !
Il suppose la remise totale de soi à Dieu (Mt 6,27-34) et l'engagement à pratiquer chaque jour l'esprit des Béatitudes (Mt 5,1-12).