revoir nos modes de vie
Toute crise réclame une nouvelle alliance, une nouvelle solidarité.
En 2009 nous comprenons l'Apocalypse n'est pas la fin
En ce début d'année, quelle est ma raison de croire ? Comment trouver matière à « espérer contre toute espérance », comme disait l'apôtre Paul, alors que tout
paraît sombre à l'horizon de 2009 ? La crise, du verbe grec krinein, qui signifie juger, nous invite au discernement. L'ordre global vacille, la finance internationale est en déroute. Le monde
attend un sauveur. Il a cru le trouver en Barack Obama. Il découvrira en lui, demain, le gestionnaire d'une Amérique elle aussi condamnée à l'impuissance. Il n'y aura donc pas de miracle. Mais
l'heure du choix. Car la crise du crédit - économique, politique, moral - est d'abord une crise de la confiance, donc une crise de la foi. Elle réclame une nouvelle alliance. Ce qui signifie,
dans les affaires humaines, une nouvelle solidarité. L'arrêt du mythe prométhéen de l'abondance nous incline à l'autolimitation. La multitude déferlante des pauvretés nous invite au partage. Le
rétrécissement de la planète nous oblige à la quête du sens. Le moment est venu de renverser la fatalité du choc des civilisations. Nous savons désormais que, tous, nous ne pourrons nous en
sortir les uns sans les autres, à commencer par les plus démunis. Trois dossiers dominent notre horizon de 2009. Il faut désenclaver l'islam pour pacifier tant soit peu le Proche-Orient. Le
chemin passe ici par Téhéran et la réintégration de l'Iran chiite dans le concert des nations. Il faut aider l'Asie à accepter l'universalité des droits de l'homme. Pékin, ce géant aux pieds
d'argile, doit comprendre que la stabilité de sa grandeur est à ce prix. Il faut cesser, enfin, d'oublier l'Afrique, où se joue la vérité de l'engagement de l'homme pour l'homme, et qui est
aujourd'hui un continent à l'agonie. Quant à nous, en Europe, saurons-nous abattre les murailles d'indifférence, d'égoïsme et de mépris que nous avons édifiées depuis la chute du mur de Berlin,
il y a vingt ans ? Le sentiment vertigineux de l'Apocalypse peut entraîner les plus folles inquiétudes, les plus graves dérives. Mais s'en tenir là, ce serait ne plus savoir que l'Apocalypse
n'annonce pas la fin. Elle est révélation de la vérité que nous avons à vivre. Elle nous dit que toute crise porte une délivrance. Plus que jamais, notre destin est entre nos mains.
Jean-François Colosimo,
théologien orthodoxe et analyste géopolitique. Après un essai sur les États-Unis et la Russie, il publiera en 2009 une réflexion sur la place de l'Iran dans le monde, le Paradoxe persan (Fayard).
La Vie - 1" janvier 2009