Migration Sud-Nord : même des enfants de 12 ans

Publié le par Michel Durand

J'ai déjà témoigner des risques immenses que prennent les Sud-sahariens pour quitter leur misère. « Plutôt que de mourir au pays sans rien faire, autant risquer sa vie  pour, enfin, faire quelque chose ailleurs. Le guide qui ma accompagné au tassili N'Ajjer immigra à Djanet dans sa jeunesse. Il est Touareg du Niger où vivent toujours ses parents avec désormais la nationalité algérienne. Omar, l'homme qui s'occupe des ânes (l'ânier) est également Touareg du Niger ; clandestin, sans domicile. Baba, le guide a 39 ans selon l'indication de ses papiers. Omar semble avoir vers les 25 ans. Ils montrent une grande solidarité envers les nigériens qui tentent de rejoindre l'Europe par la Libye. 

Un après-midi, sur la route de retour à Djanet, dans l'étroit défilé qui conduit à l'oued Tafilalet, nous rencontrons un groupe de 9 garçons. La frayeur se lit sur le vissage de tous. Le plus jeune semble avoir 12 ans, peut-être 10.Le plus âgé, à peine 25 ans. Ils sont tous très maigres. Ce que sont généralement les touaregs qui n'habitent pas en ville ; mais, y a-t-il encore des nomades ? On m'a bien expliqué que les Touaregs de Djanet, depuis l'origine XVIe siècle ( ?), n'étaient pas nomades... enfin, ceci est un autre sujet.

Omar et Baba parlèrent longuement avec eux. Nous nous saluèrent tous d'une bonne poignée de main.

Ils n'ont plus d'eau, plus de nourriture, mais tout ce qu'il faut pour survivre, bien que, à mon avis, leur bagage soit bien léger.

Omar et Baba détache de l'âne un bidon d'eau de 20 litres pour remplir leurs bouteilles et un petit bidon. Il leur donne aussi de la semoule, du riz. Puis il leur explique le chemin à suivre pour rejoindre la Libye.

La détresse ne quittait pas leur regard. Constatant leur fatigue, j'ai compris ce que Baba me disait, il y a quelques jours en ramassant une chemise et un pantalon laissés sur le chemin : « ces jeunes qui veulent passer par la Libye sont trop fatigués ». 

Le groupe de 9 personnes semble avoir quitter Agadez en 4x4. Depuis Djanet, ils sont à pieds. Il serait instructif de connaître le détail de leur migration pour saisir l'énergie mise dans leur volonté à quitter une trop grande misère. « Au Niger, il n'y a pas de travail, pas de quoi vivre. A Djanet, c'est mieux. Mais, Djanet peut-il encore recevoir des étrangers ? Alors on va voir plus loin. »


Publié dans Politique

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P
<br /> Bonsoir<br /> <br /> Je pars faire 9 jours de trek dans le Tassili N'Ajjers avec ma fille du 9 au 17 janvier.<br /> <br /> Je suis sensible à votre témoignage qui croise les nombreux récits de vie que j'entends au cours de mes permanences d'écrivain public (sans-papiers, conditions de vie précaires...)<br /> <br /> Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2010.<br /> <br /> Plume Solidaire<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je vous souhaite un heureux séjour ; c'est une bien belle façon de commencer une nouvelle année. Bonne promenade entre terre et ciel. Après ce recul dans le désert, vous serez encore plus proche<br /> des personnes rencontrées et pour qui vous travaillez. Plume acide ou plume solidaire ? les deux sont nécessaires ; ça dépend à qui l'on cause.<br /> <br /> <br />