Frontex - protection de l'Europe
Dans un entretien accordé à Libération, une députée
allemande, Lale Akgün, députée au Bundestag (Parlement allemand), s'insurge contre les pratiques de Frontex. qui « essaie avec
des méthodes draconiennes de repousser les émigrés au-delà d'un certain nombre de milles marins pour ne pas être obligé de les accueillir en Europe».
Lale Akgün s'oppose à l'approche sécuritaire adoptée par l'Union européenne dans la gestion de la problématique de l'immigration : « L'idée que le Maroc soit le
premier front de l'Union européenne existe depuis des années. Si le Maroc subit des pressions, on pense qu'en Europe on ne devrait pas se simplifier la vie non plus. Octroyer des fonds au Maroc
est loin de régler le problème. En somme, si nous voulons mettre en œuvre une politique d'un monde juste, nous devons assumer notre responsabilité. On ne peut pas se contenter de dire au Maroc
d'assumer ses tâches parce qu'il a une position géographique idéale. Je ne pense pas que l'Europe doit assumer la responsabilité de l'Afrique sub-saharienne. On ne peut pas ; non plus dire que la
situation est bonne en Europe et qu'il suffit de consolider notre citadelle pour pouvoir vivre en toute quiétude. Cette approche a démontré ses limites et ne pourra jamais donner les résultats
escomptés».
Sachons le : pour défendre l'Europe contre les migrants, l'Union européenne a mis sur pied une organisation militaire semi-clandestine qui porte le nom de Frontex.
Il s'agit d'une agence qui contrôle les frontières extérieures de l'Europe. Elle dispose de navires rapides bourrés d'électronique et hyper-armés d'interception en haute mer, d'hélicoptères de
combat, d'une flotte d'avions de surveillance munis de caméras ultrasensibles et de vision nocturne, de radars, de satellites et de moyens sophistiqués de surveillance à longue distance. Cette
agence maintient aussi sur sol africain des «camps d'accueil» où sont parqués les réfugiés de la faim qui viennent aussi bien de l'Afrique subsaharienne et même des pays asiatiques
».
Lale Akgün : «les différents pays de l'Europe tentent de mettre en œuvre des politiques qui sont censées garantir la migration vers l'Europe des
ressources humaines hautement qualifiées. Cela peut paraître légitime pour un pays d'immigration mais ne peut se faire, finalement que sur le dos des pays émetteurs de migrants. Nous devons,
donc, veiller à ce qu'il y ait une répartition équitable, à savoir que les pays d'origine qui ont formé ces jeunes peuvent aussi bénéficier de leur savoir faire». C'est dans ce cadre d'ailleurs
que s'inscrit l'immigration sélective mise en place en France et qui devrait correspondre aux besoins du marché de travail.
En Allemagne, c'est la Green Card qui a été testée afin d'attirer des travailleurs qualifiés avant d'être remplacée par une autre politique.
A noter que si les
politiques européennes comprennent un volet interne (directives et règlements communautaires), elles comportent également un volet externe qui suppose une coopération avec les pays tiers de
départ et de transit des migrants. La collaboration de ces pays tiers à cette nouvelle politique migratoire est devenue un des éléments importants des accords et processus de coopération entre
l'UE et ces pays.
Mais qu'en est-il de la vision et des intérêts de ces pays partenaires de l'UE et notamment les pays du voisinage Sud ?
Les voix qui proviennent du Sud de la Méditerranée
dénoncent une politique empreinte d'un caractère « sécuritaire » et « utilitariste » d'immigration choisie dans l'intérêt des pays de destination. Comme elles dénoncent le risque de fuite des
cerveaux que peut induire une politique de migration choisie basée sur un système de « contingents ».
Enfin, elles dénoncent le caractère déséquilibré de cette politique qui ne ferait que peu de
cas de l'objectif de co-développement et du principe de co-responsabilité. La réponse à toutes ces questions est à trouver dans le Frontex et les camps de détention pour immigrés.