Plus qu'une refonte radicale du capitalisme
*20 propositions pour réformer le capitalisme
Gaël Giraud, jésuite et chercheur au CNRS et Cécile Renouard, religieuse de l'Assomption, économiste,
Ed. Flammarion, 2009, 384 p.,
Alors que nombreux philosophes, sociologues et économistes interrogent radicalement le capitalisme, je me demande pourquoi, dans les milieux proches du catholicisme, on continue à vouloir réformer le capitalisme. On parle de le moraliser. Mais, peut-on redresser une réalité dont les fondations sont perverses ? L'économie libérale du marché étant la seule réalité en place pour gérer les rapports commerciaux, on se dit qu'il est réaliste de « faire avec ». « On est bien obligé puisqu'il n'y a rien d'autre ». Aussi, quand on en reconnaît les méfaits, on s'efforce de pallier aux dégâts provoqués, de redresser les abus, les injustices. Or, il y a plus d'un siècle (de deux siècles) que l'esprit de concurrence est vu comme foncièrement aliénant. Les canuts, n'étant pas arrivés à ce qu'un juste prix de leur travail soit respecté, ne purent que se révolter.
C'est donc par réalisme que l'on affirme qu'il faut bien se contenter de cet unique système économique puisqu'il n'en existe pas d'autre. Moralisons le capitalisme alors qu'il conviendrait de sortit du capitalisme.
Cécile Renouard* dit « que nous devons procéder à une refonte profonde et radicale du capitalisme » (La Croix du 29/05/09). Elle propose « une forme d'économie sociale du marché ». N'est-ce pas insuffisant ?
Les informations que l'on reçoit pour nous inciter à voter des députés au Parlement européen ne sont guère encourageantes. En effet, les partis susceptibles de siéger sont plutôt favorables aux décisions technocratiques des commissions économistes qu'à un réel respect des besoins humains. Voter anticapitaliste ce serait laissé toute la place aux hyper libéraux économistes, monétaristes. Mais, les sociaux libéraux qui parlent du « vote utile » ont-ils vraiment le souci des pauvres de l'Est, du Sud en pensant à un authentique partage. Il est faux de dire que nous devons travailler à la fabrication d'un gâteau plus grand, car plus il sera gros mieux on pourra le partager. L'homme, attaché à son enrichissement égoïste ne connaît pas le partage.
Une révolution est nécessaire. Il est plus moderne de dire que nous devons changer de paradigme. Cela passe par de nouveaux modes de vie, un nouvel art de vivre qui sache, quotidiennement, résister à une consommation abusive. Je vois cette nouveauté prendre ses racines dans une vie simple selon l'Évangile. Les premiers chrétiens refusaient jusqu'au martyr de sacrifier à l'empereur divinisé. Le pouvoir romain en fut foncièrement ébranlé. Pourquoi ne refuserions-nous pas de sacrifier au dieu argent, à la course sans fin du productivisme, au progrès, l'idole de ce siècle ? (Vous reconnaissez, je pense l'influence de Jacques Ellul).
Plutôt que d'accuser mes propos d'utopiques niais, je pense que l'on pourrait se tourner vers les experts des commissions consultées par les cadres de l'Église pour
les inviter à lire, tout ce qui s'écrit actuellement sur la fin du capitalisme.
Voir le point de vue de Eric
Besson