Parole d'hommes et Parole divine, la Parabole du Fils prodigue
Ci-dessous l'homélie prononcée dimanche dernier (18 mars 2007). J'ai réalisé un lien entre désobéissance (voir texte précédent), magistère et Parole du Dieu-Père pardonnant
Je ne peux commencer l'homélie de ce jour sans évoquer l'exhortation Apostolique post-synodale sur l'eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l'église que le pape Benoît XVI vient de publier. Les recommandations de ce texte, qui ont valeur d'obligation, reprennent pour l'essentiel les propositions d'un synode des évêques du monde entier réunis en octobre 2005. Ce deuxième document majeur, comparé au premier (portant sur l'amour et la charité) est très disciplinaire.
Nous pourrions nous réunir pour en discuter ; j'attends vos propositions. Il déçoit beaucoup de chrétiens tant du côté de ceux qui veulent une ouverture que de ceux qui souhaitent revenir à une tradition tridentine (Concile de Trente) ou baroquisante des XVII et XVIIIe siècle).
Avec les chrétiens je me pose la question : Quelle est l'obéissance due par les catholiques au magistère de l'Eglise
Le magistère de l'Eglise n'est pas au-dessus de la Parole de Dieu ; il n'a pour but que de l'expliciter et a donc une autorité moindre. Par "magistère", il faut entendre ce service original du pape et des évêques qui consiste à "interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise", sans prétendre se substituer à elle (Vatican II, Dei Verbum, N° 8).
Ecoutons la Parole de Dieu.
Dans les premiers versets du texte que je viens de proclamer, deux types de personnes sont en présence.
En premier des pécheurs, des publicains qui sont en marge de la communauté. Ils ne peuvent prétendre à la plénitude de la vie de la communauté parce que leur situation professionnelle, familiale, ethnique (ou autre) est incompatible avec la loi religieuse en vigueur.
Or Jésus est avec eux. Il leur parle, mange avec eux, prend du temps pour rester auprès d'eux. En effet, ces exclus de la religion « venaient tous à Jésus pour l'écouter ». Ils ne cherchent pas une couverture morale. Ils veulent s'abreuver de vérité. Et nous savons que Jésus « est venu pour les pécheurs et les malades ».
Cela choque ceux qui sont dans la juste ligne de la morale :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »
Ce sont des Pharisiens et des scribes, des gens honnêtes, qui, à chaque instant et dans les moindres détails de la vie quotidienne, s'efforcent de plaire à Dieu. Ils ont une haute idée de la sainteté de Dieu et pensent que seule la personne rituellement sanctifiée peut se recommander de Dieu. Si donc Jésus est de Dieu, il ne peut côtoyer les pécheurs.
Jésus connaît et comprend leur enfermement. Il ne peut les affronter de face. Ce serait peine perdue. Alors, il utilise le biais de la parabole. Ici, la parabole de l?enfant prodigue qu'il serait plus juste d'appeler la parabole du Père aimant.
Prodigue est un adjectif qui qualifie les personnes qui dépensent exagérément. Il s'emploie également au figuré dans le sens de « qui donne abondamment ». Par exemple, l'héritier prodigue a dilapidé la fortune de ses parents. Tel est le cas du jeune de ce récit qui pour faire la fête dépense toute la part d'héritage qui lui revient. Ayant faim et se retrouvant dans la misère, il repense à son père. C'est vraiment ingrat et pas moral du tout.
9 versets sont consacrés à cet épisode du fils.
12 versets concernent la joie du père d'avoir retrouvé son fils.
Il n'est pas nécessaire de commenter le récit de la parabole car elle est simple à saisir ; elle appartient à notre comportement banalement humain. Le fils aîné qui n'a rien à se reprocher ressemble bien à nos jalousies quand on dit, par exemple à son frère ou à sa soeur : « ce n'est pas juste, il a reçu plus que moi alors qu'il a moins mérité que moi ; c'est quand même moi qui ait fait tout le travail ! ».
Tout l'objet de la parabole porte sur la miséricorde du Père. Et j'emploie ici un P majuscule pour bien signifier que la Père en question est l'image de Dieu. Il est ce Père qui aime ses fils sans aucun calcul. Il dit à chacun « tout ce qui est à moi est à toi ». Il ne sollicite pas du fautif une quelconque confession. En effet, il n'a pas besoin d'explication car il comprend très bien que le seul fait d'être présent est pour son fils perdu le regret d'avoir ainsi agi.
Sans tarder faisons la fête « car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ».
Avec ce Père, Dieu il n'est question que d'amour gratuit... Nous pourrions ici reprendre la première exhortation de Benoit XVI sur l'Amour : Dieu est Amour. Amour miséricorde, Amour qui engage l'aimé à modifier sa vie dans le sens de la perfection. Tout cela, le fondement de l'Evangile, est bien plus important que d'apprendre le latin au séminaire, non pour étudier de Saint Augustin, mais pour prononcer la liturgie eucharistique :
De façon plus générale, je (Benoit XVI) demande que les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu'à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien; on ne négligera pas la possibilité d'éduquer les fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin, ainsi qu'au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie.
Méditons plutôt ceci : c?est la reconnaissance de nos faiblesses, le regret de nos fautes qui nous conduisent vers Dieu-Père et nous engage à mettre nos pas dans ceux du Christ.
« Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils ».
Tel est notre prière pour ce temps de carême. Nous en reparlerons lors de la liturgie de la réconciliation.
Livre de Josué : 5. 10 à 12 : "Ils mangèrent les produits de la terre."?
Psaume 33 : "Un pauvre crie, le Seigneur entend."?
2ème lettre de saint Paul aux Corinthiens : 5. 17 à 21 : "Il nous a donné de travailler à cette réconciliation."?
Evangile selon saint Luc : 15. 1 à 32 :"Quand ton fils que voilà est arrivé... ton frère qui était mort ..."

Psaume 33 : "Un pauvre crie, le Seigneur entend."?
2ème lettre de saint Paul aux Corinthiens : 5. 17 à 21 : "Il nous a donné de travailler à cette réconciliation."?
Evangile selon saint Luc : 15. 1 à 32 :"Quand ton fils que voilà est arrivé... ton frère qui était mort ..."
Je ne peux commencer l'homélie de ce jour sans évoquer l'exhortation Apostolique post-synodale sur l'eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l'église que le pape Benoît XVI vient de publier. Les recommandations de ce texte, qui ont valeur d'obligation, reprennent pour l'essentiel les propositions d'un synode des évêques du monde entier réunis en octobre 2005. Ce deuxième document majeur, comparé au premier (portant sur l'amour et la charité) est très disciplinaire.
Nous pourrions nous réunir pour en discuter ; j'attends vos propositions. Il déçoit beaucoup de chrétiens tant du côté de ceux qui veulent une ouverture que de ceux qui souhaitent revenir à une tradition tridentine (Concile de Trente) ou baroquisante des XVII et XVIIIe siècle).
Avec les chrétiens je me pose la question : Quelle est l'obéissance due par les catholiques au magistère de l'Eglise
Le magistère de l'Eglise n'est pas au-dessus de la Parole de Dieu ; il n'a pour but que de l'expliciter et a donc une autorité moindre. Par "magistère", il faut entendre ce service original du pape et des évêques qui consiste à "interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise", sans prétendre se substituer à elle (Vatican II, Dei Verbum, N° 8).
Ecoutons la Parole de Dieu.
Dans les premiers versets du texte que je viens de proclamer, deux types de personnes sont en présence.
En premier des pécheurs, des publicains qui sont en marge de la communauté. Ils ne peuvent prétendre à la plénitude de la vie de la communauté parce que leur situation professionnelle, familiale, ethnique (ou autre) est incompatible avec la loi religieuse en vigueur.
Or Jésus est avec eux. Il leur parle, mange avec eux, prend du temps pour rester auprès d'eux. En effet, ces exclus de la religion « venaient tous à Jésus pour l'écouter ». Ils ne cherchent pas une couverture morale. Ils veulent s'abreuver de vérité. Et nous savons que Jésus « est venu pour les pécheurs et les malades ».
Cela choque ceux qui sont dans la juste ligne de la morale :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »
Ce sont des Pharisiens et des scribes, des gens honnêtes, qui, à chaque instant et dans les moindres détails de la vie quotidienne, s'efforcent de plaire à Dieu. Ils ont une haute idée de la sainteté de Dieu et pensent que seule la personne rituellement sanctifiée peut se recommander de Dieu. Si donc Jésus est de Dieu, il ne peut côtoyer les pécheurs.
Jésus connaît et comprend leur enfermement. Il ne peut les affronter de face. Ce serait peine perdue. Alors, il utilise le biais de la parabole. Ici, la parabole de l?enfant prodigue qu'il serait plus juste d'appeler la parabole du Père aimant.
Prodigue est un adjectif qui qualifie les personnes qui dépensent exagérément. Il s'emploie également au figuré dans le sens de « qui donne abondamment ». Par exemple, l'héritier prodigue a dilapidé la fortune de ses parents. Tel est le cas du jeune de ce récit qui pour faire la fête dépense toute la part d'héritage qui lui revient. Ayant faim et se retrouvant dans la misère, il repense à son père. C'est vraiment ingrat et pas moral du tout.
9 versets sont consacrés à cet épisode du fils.
12 versets concernent la joie du père d'avoir retrouvé son fils.
Il n'est pas nécessaire de commenter le récit de la parabole car elle est simple à saisir ; elle appartient à notre comportement banalement humain. Le fils aîné qui n'a rien à se reprocher ressemble bien à nos jalousies quand on dit, par exemple à son frère ou à sa soeur : « ce n'est pas juste, il a reçu plus que moi alors qu'il a moins mérité que moi ; c'est quand même moi qui ait fait tout le travail ! ».
Tout l'objet de la parabole porte sur la miséricorde du Père. Et j'emploie ici un P majuscule pour bien signifier que la Père en question est l'image de Dieu. Il est ce Père qui aime ses fils sans aucun calcul. Il dit à chacun « tout ce qui est à moi est à toi ». Il ne sollicite pas du fautif une quelconque confession. En effet, il n'a pas besoin d'explication car il comprend très bien que le seul fait d'être présent est pour son fils perdu le regret d'avoir ainsi agi.
Sans tarder faisons la fête « car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ».
Avec ce Père, Dieu il n'est question que d'amour gratuit... Nous pourrions ici reprendre la première exhortation de Benoit XVI sur l'Amour : Dieu est Amour. Amour miséricorde, Amour qui engage l'aimé à modifier sa vie dans le sens de la perfection. Tout cela, le fondement de l'Evangile, est bien plus important que d'apprendre le latin au séminaire, non pour étudier de Saint Augustin, mais pour prononcer la liturgie eucharistique :
De façon plus générale, je (Benoit XVI) demande que les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu'à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien; on ne négligera pas la possibilité d'éduquer les fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin, ainsi qu'au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie.
Méditons plutôt ceci : c?est la reconnaissance de nos faiblesses, le regret de nos fautes qui nous conduisent vers Dieu-Père et nous engage à mettre nos pas dans ceux du Christ.
« Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils ».
Tel est notre prière pour ce temps de carême. Nous en reparlerons lors de la liturgie de la réconciliation.