Ce drame met en évidence la nécessité d'autoriser l'installation de campements sur des terrains équipés de sanitaires et dont l'évacuation des déchets serait assurée

Publié le par Michel Durand

La Croix : À Lyon, un incendie mortel relance le débat sur l'accueil des Roms

Au moins trois personnes sont décédées hier dans l'incendie d'un immeuble occupé par des Roms, à Lyon, selon un bilan encore provisoire.

 

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J’ai attendu aujourd’hui pour dire ma pensée, mes soupçons devant le projet d’expulsion du squat dont j’ai parlé dimanche dans mon homélie. Comment un incendie est-il possible alors que la presse écrite avait annoncé l’évacuation éminente ?

Personne ne peut être stupide au point de laisser une bougie allumée sur un tas de bois sec ou de papier tout en dormant à côté. Ce que j’ai lu ne va pas dans le sens de mes soupçons. Personne n’aurait anticipé les raisons d’une évacuation nécessaire. «Sûrement à cause d'une bougie ou d'un brasero mal éteint, suppose Gilberte Renard, militante associative. Voilà une dizaine de jours qu'on leur avait coupé l'électricité.»

N’empêche que cet incendie facilite l’expulsion.

 

14/5/13, La Croix :

La voix de Vandana tremble encore. Mais elle ravale ses sanglots. Derrière la barrière s'élève l'immeuble où a été découvert hier matin le corps de Maria, l'une de ses cousines, morte avec son fils de 12 ans et une autre femme dans l'incendie, survenu peu après minuit, d'un bâtiment désaffecté de deux étages du 8e arrondissement de Lyon. « Sûrement à cause d'une bougie ou d'un brasero mal éteint, suppose Gilberte Renard, militante associative. Voilà une dizaine de jours qu'on leur avait coupé l'électricité. »

 

Ici vivent depuis l'été dernier entre 200 et 250 personnes appelées à évacuer les lieux d'ici à mercredi, en vertu d'un arrêté d'expulsion pris il y a six mois. Le ministre de l'intérieur Manuel Valls, venu saluer la mémoire des disparus en compagnie de Christiane Taubira, a rappelé l'engagement de l'État à « poursuivre le travail de démantèlement et d'évacuation » des camps de fortune, une quarantaine à Lyon accueillant entre 1 200 et 1 500 Roms.

 

Pour l'heure, les sinistrés ont été hébergés dans un gymnase, à quelques centaines de mètres de là. Et la préfecture « examine » leur relogement. « Ils devraient être mieux accompagnés, comme je le suis », s'emporte Vandana, qui a intégré le dispositif Andatu (« pour toi » en romani) mis en place par la préfecture du Rhône en début d'année dernière avec l'association Forum Réfugiés (lire La Croix du 31 octobre 2012). Depuis, le programme a été élargi à 250 personnes. Et 70 autres Roms doivent les rejoindre d'ici à la fin du mois. Signe que ce dispositif d'insertion par la langue, le logement et le travail est évalué positivement. « Ces efforts d'intégration se poursuivront », assure la préfecture.

 

Le Grand Lyon préfère financer des infrastructures (assainissement, adduction d'eau, etc.), à Tinca, en Roumanie. Un plan d'investissement voulu par Gérard Collomb, président (PS) de l'agglomération, hostile à l'installation de camps dans sa ville. « Il n'y a pas de bon squat », a estimé hier l'élu, qui a renouvelé son souhait de voir les camps de l'agglomération lyonnaise évacués.

 

Un non-sens, estime le P. Matthieu Thouvenot. Pour le curé de Gerland, qui a hébergé en sa paroisse une cinquantaine de Roms avant que la préfecture ne soit contrainte au printemps de les reloger, « ce drame met en évidence la nécessité d'autoriser l'installation de campements sur des terrains équipés de sanitaires et dont l'évacuation des déchets serait assurée. » Une solution à ses yeux préférable aux propositions « inadéquates » retenues pour héberger les Roms qu'il avait accueillis (La Croix du 15 avril). Une partie d'entre eux est repartie en Roumanie, rapporte le prêtre. L'autre a rejoint les squats de l'agglomération. »

 

« La question ne peut être réglée ni par Lyon, ni même par la France, mais par le Fonds social européen, a estimé hier pour sa part l'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, au micro de France Inter. Tant que l'on ne regardera pas la réalité en face, nous continuerons à aller de squat en expulsion, d'incendies en autres horreurs. »

 

 

TOSSERI Bénévent

Publié dans Politique

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